Article de M. Olivier Provost lu le 24 mars 2008 sur le site de La Tribune http://www.latribune.fr/info/20080321U7CWSWR Le gouvernement a dû se faire violence mais il a fini par céder. Oui, la croissance française sera moins forte qu'il ne le prévoyait. Elle risque de ne pas être supérieure à celle de l'an dernier, voire d'être inférieure. Ce n'est pas vraiment surprenant. 2007 avait connu un bon premier semestre avant un net ralentissement en fin d'année. Il est vrai qu'à l'été s'est invitée la crise du subprime. La question qui se pose, depuis, est simple : cette tempête boursière et financière va-t-elle s'étendre à l'économie réelle, notamment en France ? En revoyant à la baisse ses prévisions de croissance, Bercy apporte une réponse malheureusement positive à la question. Qui en doutait ? Les actionnaires voient ces derniers mois plonger la valeur de leur portefeuille boursier. Les Français supportent presque tous les jours l'envolée des prix à la pompe. Les petites entreprises commencent à se plaindre d'avoir de la peine à trouver des crédits. À chaque record de l'euro face au dollar, les grands exportateurs subissent l'érosion de la compétitivité de leurs produits. Et les sociétés encaissent de plein fouet la hausse du prix des matières premières... Le fait que les États-Unis, leur économie, leurs entreprises, leurs consommateurs, soient beaucoup plus touchés que le Vieux Continent ne constitue pas vraiment une consolation. D'autant que, si le pays de l'Oncle Sam peut connaître des coups de frein brutaux, il est aussi capable de redécoller rapidement. En Europe et plus particulièrement en France, le phénomène " édredon " se traduit certes par une réelle capacité d'absorption des chocs mais il voit aussi notre économie restée plus longtemps encalminée. Le gouvernement assure pourtant qu'il prépare des mesures afin de redonner du dynamisme à l'entreprise France. Il veut plus de concurrence, moins de carcans, davantage de compétitivité et d'attractivité. Il maintient son ambition de lutter contre la hausse des prix et d'améliorer le pouvoir d'achat. Les Français constatent pourtant que l'amélioration tarde à venir. Et ils se doutent que, avec une croissance moins forte que prévu, ces objectifs, qui visent à améliorer leur situation économique, risquent eux aussi de devoir être revus à la baisse.