copie d'un courrier de M. François Bellanger, Président de la Confédération Française des Retraités (CFR)
Le 26 mars 2010
Monsieur Henri Gibier
Directeur de la rédaction
Journal LES ECHOS
16 rue du 4 Septembre
Paris Cedex 02
Monsieur le Directeur de la rédaction
La chronique d’Éric le Boucher dans le numéro des Échos daté du vendredi 26/samedi 27 est indigne d’un journal que je considère comme sérieux.
Elle dénote une profonde méconnaissance du dossier des retraites et l’auteur fait preuve d’un invraisemblable mépris des retraités qu’il qualifie de « baby-boomers retraités » occupés à faire « de douces croisières aux Caraïbes »
Se préoccuper de la compétitivité de la France est tout à fait légitime, mais le débat ne progresse pas si l’on écrit des contre vérités appuyées sur des informations erronées. Monsieur Le Boucher attribue au niveau des retraites en France, le manque de compétitivité de notre pays par rapport à l’Allemagne, et propose de les baisser.
A l’appui de sa démonstration il cite des chiffres grossièrement inexacts, comme par exemple celui qu’il attribue à la Suède pour le service de ses retraites. Non, la Suède que l’auteur qualifie de pays très social ne consacre pas 7,7% de son PIB aux retraites mais 11,8 % (Eurostat) soit 4,1 points de plus !
Et l’auteur se garde bien de citer le chiffre de l’Allemagne (12,4 % du PIB) que pourtant il prend pour cible : « la guerre des coûts est déclarée » dit l’auteur entre la France et l’Allemagne.
Si tel est le cas encore faut-il ne pas se tromper d’objectif : la retraite moyenne en France est de 1300€ par mois. Est-ce ce montant que Monsieur Le Boucher entend faire baisser ?
Sait-il seulement que 1,3 million de retraités vivent en dessous du seuil de pauvreté ? Et que 600 000 d’entre eux sont au minimum vieillesse (709 € par mois à compter du 1-04-2010 !)
Il faut certes se préoccuper de la compétitivité de la France, Monsieur Le Boucher mais ne prenez pas les retraités pour des boucs émissaires.
Vous étiez je crois membre de la Commission pour la libération de la croissance française, avez-vous oublié le contenu de son rapport plus connu sous le nom de « Rapport Attali » ? Il situait bien ailleurs que dans les retraites, les problèmes de compétitivité de la France.
Et pourtant le règlement du problème des retraites est urgent contrairement à ce que vous affirmez. Savez-vous pourquoi ? Parce que la génération qui suit les actuels retraités est inquiète au sujet des retraites: les actifs du secteur privé aujourd’hui, sont inquiets parce qu’ils ne savent pas quel sera le niveau de leur retraite et à quel âge ils pourront en bénéficier.
Ils ont le droit d’être rassurés Monsieur Le Boucher et en tenant un autre langage que le vôtre.
Si, comme le préconise le rapport Attali, il faut une mobilisation de tous les acteurs pour sortir la France du fossé, ça n’est certainement pas en entretenant l’inquiétude qui est source de démotivation et de stress que l’on y parviendra.
Monsieur Le Boucher a un énorme avantage sur moi : le libre accès aux colonnes du journal Les Échos. Je compte sur vous, Monsieur le Directeur de la rédaction, pour rétablir l’équilibre en publiant ma réponse.
Je vous en remercie par avance et me tiens à l’entière disposition de Monsieur Le Boucher pour le rencontrer et l’informer de ce qu’est vraiment le monde de la retraite.
Je vous prie d’agréer Monsieur le Directeur l’expression de mes salutations distinguées
François Bellanger
Président de la Confédération Française des Retraités
La Confédération Française des Retraités est constituée des 4 principales organisations de retraités : Aînés Ruraux Fédération Nationale – Confédération Nationale des Retraités – Fédération Nationale des Associations de Retraités – Union Française des Retraités
83-87 avenue d’Italie - 75013 PARIS – Tél : 01 40 58 15 00 Fax 01 40 58 15 15 – courriel : conf.retraites@wanadoo.fr