Article de Mme Mireille Weinberg lu le 27 novembre 2008 sur le site des Echos (cliquer ici pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/patrimoine/banque/300311226.htm?xtor=EPR-1003
Le taux de rémunération du Livret A pourrait tomber à 3%, voire à 2,75%, le 1er février prochain. D'ici là, il culmine encore à 4% net, un record. Avec la crise financière, le Livret A, sécuritaire, bat tous les records de collecte.
Le taux du Livret A n'est plus fixé par le gouvernement. Sa rémunération nette est actuellement et depuis le 1er août, fixée à 4%, un record. Elle varie deux fois par an, les 1er février et 1er août, en fonction de l'évolution des taux d'intérêt des marchés monétaires et de l'inflation. Fin octobre, "la Tribune" évoquait une baisse à 3,5%, voire à 3%. Mais les conditions de marché ont changé et aujourd'hui certains économistes évoquent une baisse encore plus forte.
Un taux ramené à 3%, voire à 2,75% net
"D'ici Février, la BCE devrait continuer de baisser agressivement ses taux d'intérêt, les taux des marchés monétaires devraient poursuivre leur détente et l'inflation devrait passer sous les 2,5% sans forcer (vu le recul massif du prix de l'or noir). Dès lors, le taux d'intérêt du livret A pourrait être abaissé vers 3% voire 2,75% début février, expliquait vendredi Cyril Blesson, directeur de la recherche économique et institutionnelle chez Seeds Finances SA. Toutefois, le gouvernement pourrait trouver délicat, dans un contexte prévu de forte hausse du chômage et de probable grogne sociale, de toucher à la rémunération du sacro saint Livret A".
Le 29 octobre déjà, interrogé sur ce thème, le directeur général de la Caisse des Dépôts, Augustin de Romanet, affirmait que la baisse du taux était "probable". Le gouvernement, gardien du pouvoir d'achat des Français avait aussitôt réagi, par la voix de Luc Chatel, "la rémunération du livret A est liée aux circonstances du marché. Nous sommes aujourd'hui le 29 octobre. Compte tenu de la conjoncture économique actuelle, personne ne sait ce que sera à la fois l'inflation et le taux du crédit interbancaire au mois de février prochain", avait-t-il nuancé.
Les réseaux "non historiques" ont mis en place des offres promotionnelles
Avec une rémunération de 4% nette depuis le 1er août 2008, la plus élevée depuis plus de 10 ans, le Livret A s'est taillé la part du lion sur le marché des produits d'épargne. Avec l'aggravation de la crise financière, les épargnants ne s'y sont pas trompés : il est totalement défiscalisé, les sommes épargnées sont disponibles à tout moment, il a en plus le mérite _ non négligeable par gros temps _, d'être d'une sécurité absolue. Dans ces conditions, les opérateurs historiques ont fait le plein, avec des niveaux de collecte qualifiés partout "d'historiques". Les "autres" banques, celles qui auront le droit de commercialiser des Livrets A à compter du 1er janvier 2009, ont voulu attirer tout de suite le chaland. La plupart d'entre elles ont mis en place des offres promotionnelles, avec ou sans pré-réservation.
Livret A : les chiffres à fin septembre
Selon les statistiques mensuelles de la Banque de France publiées jeudi soir, rien qu'au mois de septembre, l'encours de livret A a encore augmenté d'1 milliard d'euros, pour s'établir à 130,9 milliards d'euros. Depuis le début de l'année les sommes en dépôts sur le livret A ont progressé de +10,5 milliards d'euros. Les sommes en dépôts sur le livret A ont augmenté de 12,3% sur un an. Le livret Bleu, produit identique, mais réservé aux réseaux du Crédit Mutuel, voit son encours bondir de 21,3% sur un an. En septembre, la progression des deux produits s'est accélérée, en raison de la crise financière qui a poussé les épargnants vers des produits d'épargne liquide et sans risque.
Une bonne nouvelle pour les assureurs
L'annonce d'une probable diminution du taux de rémunération du Livret A n'est une bonne nouvelle pour personne, sauf peut-être pour les organismes de financement du logement social, qui pourraient profiter d'une baisse des conditions de prêts qui leur sont accordés, soit une "économie de financement évaluée à 900 millions d'euros", selon La Tribune du 29 octobre. Les autres grands gagnants pourraient bien être les assureurs, qui voient depuis le début de l'année les épargnants se détourner de leurs contrats d'assurance-vie. Il est vrai qu'à 4% net, le Livret A est souvent plus rémunérateur que l'assurance-vie.
Mais c'est certainement pour les futurs distributeurs du Livret A que la pilule sera la plus difficile à avaler. Bien sûr, le taux va baisser pour tout le monde, mais eux, n'auront effectivement qu'un mois pour en profiter, du 1er janvier au 1er février 2009, quand dans le même temps les réseaux historiques battent tous les records de collecte depuis le 1er août 2008, date du relèvement à 4% du taux de rendement net. Rappelons qu'un même individu ne peut posséder qu'un seul Livret A. S'il vaut actuellement profiter d'une rémunération sans risque de 4% net, il ne peut actuellement le faire qu'auprès de La Poste, des Caisses d'Epargne ou du Crédit Mutuel (Livret Bleu).