Madame, Monsieur,
Veuillez trouver ci-joint la lettre envoyée par les Présidents de la FNAR et de l'UFR le 5 décembre 2008 pour protester contre les articles du "Monde" du 30 novembre/1er décembre 2008. Vous pourrez également vous reporter utilement à l'exemplaire du "Monde" du 5-6 décembre 2008 qui consacre une page aux réactions de ses lecteurs aux articles précités. "Le Monde" cite en particulier une lettre de Christian Bourreau, rédacteur en chef du "Courrier des Retraités".
Bonne réception.
FNAR
fnar.asso@wanadoo.fr
Paris, le 5 décembre 2008
Monsieur le Directeur de la Rédaction
Le Monde
80 boulevard Auguste Blanqui
75013 PARIS
Monsieur le Directeur,
En tant que Présidents de deux Fédérations d’Associations de Retraités, nous tenons à vous faire part de l’émotion et de l’indignation suscitées parmi nos adhérents par la lecture des articles contenus dans votre numéro daté du 30 novembre / 1er décembre 2008 et qui traitaient de leur supposée situation.
Tous les éléments utilisés dans ces articles prétendent démontrer qu’il s’agit d’une population d’individus riches et heureux dotés d’un patrimoine important et qui bénéficient de privilèges sociaux et fiscaux. Ils sont au paroxysme du bien-être et profitent avec insouciance de pensions généreuses qui pèsent lourdement sur les jeunes générations.
Est-il scandaleux qu’après leur vie de travail les retraités puissent avoir un niveau de vie proche de celui de la moyenne de la population, ce qui, si les mots ont un sens, n’en fait pas des privilégiés, à moins bien sûr que l’on ne veuille revenir à une situation où la plupart d’entre eux connaissaient la misère et les privations ? Par ailleurs il est évident que le patrimoine se construit au long de la vie et que, logiquement, celui de la personne en fin de vie est plus élevé que celui des jeunes générations. Pourquoi enfin mélanger la population des quinquagénaires dont les revenus sont élevés puisqu’ils sont au sommet de leur carrière avec l’ensemble des retraités si ce n’est pour fabriquer un argument supplémentaire à l’appui de cette malveillante thèse ?
Vous auriez dû faire remarquer que la fameuse courbe du bien-être que vous publiez avec complaisance et qu’illustre avec talent votre dessinateur s’effondre dès l’atteinte de ce qui est présenté comme l’âge d’or ? Comme si l’illusion entretenue avant la retraite se dissipait dès qu’il devenait possible d’en connaître la réalité.
Notre pays connaît, depuis des années déjà, de réelles difficultés économiques et financières et il ne parvient toujours pas à stabiliser ses comptes sociaux. Nos Fédérations en sont conscientes et savent que la solution prendra du temps et nécessitera des efforts auxquels tous, retraités inclus, devront contribuer. Mais nous savons aussi que ce n’est pas en dressant une partie de la population, ou une génération contre l’autre, que l’on pourra maintenir les liens de solidarité nécessaire à la cohésion du pays.
Votre journal est très lu par les retraités. Ils en apprécient le plus souvent les analyses. Ils sont aujourd’hui indignés d’être désignés comme bouc émissaire et veulent croire que vous saurez, dans des articles ultérieurs, décrire de manière plus objective leur situation réelle.
Sylvain DENIS François BELLANGER
Président de la FNAR Président de l’UFR