La France a détruit 115.000 emplois l'année dernière
http://www.lesechos.fr/info/france/4831465.htm?xtor=EPR-1000
Après un premier trimestre 2008 positif, les destructions d'emploi se sont fortement accélérées au cours des trois trimestres suivants. Le secteur du travail temporaire a détruit, à lui seul, près de 140.000 postes sur l'année.
Les records se suivent mais ne se ressemblent pas. Il y a deux ans, la France avait créé quelque 358.000 emplois, un niveau jamais égalé depuis 2000. L'année dernière s'est soldée, elle, par la perte de 115.300 postes, soit une baisse des effectifs salariés de 0,7 % sur un an, selon les statistiques provisoires publiées vendredi par le ministère de l'Emploi. Il faut remonter quatorze ans en arrière pour trouver une performance plus mauvaise.
Le retournement du marché du travail, qui devrait inciter le gouvernement à proposer de nouvelles mesures pour l'emploi mercredi, lors du sommet social (lire ci-dessous), a eu lieu au deuxième trimestre. Sur les trois premiers mois, l'économie a encore créé 70.700 emplois. La dégradation n'a cessé de s'accélérer depuis, pour aboutir à un effectif de 15.904.200 emplois salariés fin 2008. Le nombre de postes perdus s'est multiplié quasiment par deux tous les trimestres. Après une diminution de 27.500 postes entre avril et juin 2008, puis de 47.000 entre juillet et septembre, 89.000 emplois ont encore disparu au dernier trimestre, représentant à eux seuls 80 % de la baisse annuelle.
C'est la conséquence du violent coup d'arrêt subi par la croissance sur cette période, où le PIB a chuté de 1,2 %. Sans surprise, l'industrie a largement contribué à la mauvaise performance de l'emploi salarié en 2008, ses effectifs chutant de plus de 80.000, soit 2,2 % sur un an, dont près de la moitié sur le seul quatrième trimestre. Le soutien de l'Etat au développement du chômage partiel n'a, ainsi, pas permis de contenir l'hémorragie de l'emploi dans ce secteur.
Le tertiaire dans le rouge
Mais c'est l'intérim qui a connu la plus forte chute l'an dernier. Subissant un décrochage historique, il a entraîné avec lui l'ensemble du secteur tertiaire, dans lequel il est comptabilisé, y compris pour sa part industrielle. C'est ce qui explique pourquoi le secteur tertiaire se situe dans le rouge (-0,5 %), pour la première fois de son histoire. Le secteur du travail temporaire a détruit pas moins de 139.100 postes sur l'année (-21,2 %), dont 76.700 sur le seul dernier trimestre (-12,9 %).
L'année 2009 promet d'être encore plus sévère. Dans ses dernières prévisions, publiées jeudi, l'Unedic table sur la disparition de 203.000 emplois cette année. L'Insee prévoit 214.000 destructions d'emplois, selon un périmètre un peu différent, celui des secteurs principalement marchands.