Article de Mme Véronique Le Billon publié le 19 mars 2009 sur le site des Echos (cliquer ici pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/info/france/300337777.htm?xtor=EPR-1000
L'activité se repliera de 1,5 % au premier trimestre 2009, puis de 0,6 % au deuxième, prévoit l'Insee dans sa note de conjoncture. A fin juin, l'acquis de croissance atteindrait -2,9 %. La consommation résisterait, mais les destructions d'emplois s'envoleraient.
"Ce projet de loi de Finances rectificative est construit, vous le savez, sur l'hypothèse d'une diminution de 1,5 % du PIB en 2009", a rappelé Christine Lagarde, mercredi, en ouverture du débat sur le collectif budgétaire à l'Assemblée nationale. "Certains commencent déjà à s'agiter pour dire que ce chiffre est largement sous-estimé, et qu'il atteindra plus vraisemblablement 2 %. Malheureusement, tous les prévisionnistes, de droite comme de gauche, s'accordent sur un point : à plus de deux trimestres, la prévision est totalement incertaine".
L'Insee, qui limite justement sa prévision à deux trimestres, est pourtant beaucoup plus pessimiste : le produit intérieur brut reculerait de 1,5 % au premier trimestre cette année, puis de 0,6 % au deuxième, indique-t-il ce matin dans une note de conjoncture qui va à nouveau jeter un froid.
Ampleur sans précédent
La récession s'amplifie : en décembre, l'institut tablait sur un recul de 0,4 % puis de 0,1 %. L'acquis de croissance pour 2009 à fin juin (la croissance moyenne sur l'année si l'activité se stabilise au second semestre) s'établit à -2,9 %. Si la récession à l'oeuvre en France depuis l'an dernier devrait être plus limitée qu'ailleurs (lire ci-contre), son ampleur est sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Le recul de l'activité sera bien supérieur à celui observé en 1993 (-0,9 %) et en 1975 (-1 %). Pour atteindre la prévision gouvernementale, il faudrait, si la prévision de l'Insee se vérifie, un rebond de près de 2 % sur chacun des deux derniers trimestres : autant dire impossible. La probabilité est beaucoup plus forte que la baisse du PIB se situe autour de 3 %.
Différence majeure entre le gouvernement et l'Insee : la prévision de l'institut statistique intègre l'impact de l'effondrement de la production industrielle observé en janvier, qui va lourdement peser sur l'activité du premier trimestre et traduit la chute de la demande mondiale et qui s'illustre aussi par le repli des exportations (-5,8 % prévu au premier trimestre). A 76 %, " le taux d'utilisation des capacités de production est maintenant très faible ", note Benoît Heitz, chef de la division Synthèse conjoncturelle : 3,5 points en dessous de son niveau de 1993 et 8 points inférieur à celui de longue période. Avec un nouveau déstockage prévu au premier semestre, l'investissement va poursuivre son repli, parie l'Insee.
Horizon lointain pour la reprise
Les destructions d'emplois devraient donc s'accélérer à un rythme historique (lire ci-dessous) : 387.000 dans le secteur marchand au premier semestre, davantage que la prévision du gouvernement sur l'ensemble de l'année (350.000). Le pouvoir d'achat des ménages, toutefois, serait maintenu en territoire positif au premier semestre grâce à la désinflation (avec une baisse des prix de 0,6 % sur un an en juin) et aux prestations sociales, ce qui permettrait une résistance de la consommation des ménages.
Avec 2 à 3 dixièmes de point de PIB à court terme, le plan de relance mis en oeuvre en France devrait " modérer la récession dès le 2e trimestre ", anticipe l'Insee, mais sans permettre, encore, de renouer avec une évolution positive du PIB. Mercredi, Christine Lagarde a explicitement renvoyé la reprise à un horizon relativement lointain : " Au 1er semestre 2010 selon certains, plus vraisemblablement au second d'après moi ".