http://www.senat.fr/questions/base/2019/qSEQ190208840.html
Question écrite n° 08840 de M. Yves Détraigne (sénateur de la Marne)
Yves Détraigne appelle l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la couverture vaccinale contre les infections liées au papillomavirus humain (HPV).
À l'occasion de la journée mondiale contre le cancer le 4 février 2019, les autorités sanitaires ont toutes réaffirmé que la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) était ″sûre et indispensable″ pour éliminer le cancer du col de l'utérus et ont dénoncé les ″rumeurs″ sur une prétendue nocivité des vaccins.
L'organisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi rappelé qu'aucune étude scientifique ne donne raison à la méfiance envers la vaccination contre les papillomavirus humains. Outre la vaccination des filles âgées de 9 à 14 ans que préconise l'OMS, une vingtaine de pays dans le monde recommande que les garçons soient également vaccinés pour réduire la circulation des virus.
Considérant que le cancer de l'utérus est le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme et que 570 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2018, il convient de faire de la prévention un axe majeur dans la lutte contre le cancer. En conséquence, il lui demande si elle entend étendre la recommandation de vaccination aux garçons.
Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée dans le JO Sénat du 21/02/2019 p.1032
La vaccination est une des mesures de prévention les plus efficaces pour protéger de certaines maladies infectieuses. Une information claire et transparente est indispensable pour les citoyens. Depuis mars 2017, un site internet grand public sur la vaccination (vaccination-info-service.fr) permet à tous les citoyens d'être informés sur les infections et les vaccins qui les préviennent. Ce site s'est enrichi en 2018, d'une partie réservée aux professionnels de santé.
Concernant la vaccination contre les Human Papilloma Virus (HPV), des actions ciblées visant à mieux informer sur cette vaccination sont menées régulièrement par l'Institut national du cancer. Ces campagnes d'information sont destinées, pour certaines, aux professionnels de santé et, pour d'autres, au grand public. La vaccination contre les HPV est recommandée pour les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans. Un nouveau schéma vaccinal à deux doses et un abaissement de l'âge de la vaccination sont préconisés depuis 2015. Il existe un rattrapage vaccinal pour les jeunes filles et jeunes femmes entre 15 et 19 ans révolus avec un schéma vaccinal à trois doses.
Concernant, la vaccination des garçons contre les infections à HPV, de nouvelles recommandations de vaccination contre les HPV pour les hommes âgés de moins de 26 ans ayant des relations sexuelles avec des hommes existent depuis 2017 en France. Plusieurs pays ayant étendu la vaccination à tous les garçons, la Haute autorité de santé a été saisie de la question de la vaccination de l'ensemble des garçons en février 2018. Ses conclusions sont attendues en 2019. Elles sont indispensables avant d'envisager une éventuelle obligation de cette vaccination.
Les premières estimations de couvertures vaccinales, depuis la mise en place de l'extension des obligations vaccinales, indiquent une légère progression. En ce qui concerne celle du vaccin HPV, en 2017, la couverture vaccinale à 16 ans pour trois doses était à 21,4 % (+2 % en un an) et la couverture vaccinale à 15 ans pour une dose à 26,2 % (+3% en un an). Cette couverture reste cependant trop faible. Des actions spécifiques en faveur de cette vaccination vont être mises en œuvre en 2019.
Dans le cadre du plan cancer 2014-2019, un appel à projets de recherche, en cours de sélection, devrait permettre de mieux comprendre les réticences et d'agir sur les freins à la vaccination contre les HPV. Plusieurs études de recherche interventionnelle seront menées auprès des parents, des adolescents et des professionnels de santé afin d'identifier des leviers pouvant favoriser cette vaccination.
Enfin, la loi n° 2018-1203 du 22 décembre 2018 de financement de la sécurité sociale pour 2019 prévoit un article visant à expérimenter des actions de promotion de cette vaccination auprès des professionnels de santé, pour in fine les inciter à vacciner plus souvent. Les expérimentations seront lancées en 2019 dans deux régions pilotes, dont une région ultra-marine. L'évaluation de ces expérimentations permettra d'identifier de nouvelles pistes d'action pour améliorer la couverture vaccinale du vaccin contre les HPV