http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/33/2019_33_1.html
Surveillance nationale des intoxications alimentaires par des champignons : bilan des cas rapportés au réseau des centres antipoison de 2010 à 2017 en France métropolitaine
(Sandra Sinno-Tellier1 (sandra.sinno-tellier@anses.fr), Chloé Bruneau2, Jamel Daoudi3, Chloé Greillet1, Agnès Verrier3, Juliette Bloch1
1 Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, Maisons-Alfort, France
2 Centre antipoison et de toxicovigilance, Centre hospitalier et universitaire, Angers, France
3 Santé publique France, Saint-Maurice, France)
Mots-clés : Champignons | Toxicovigilance | Intoxications | Centres antipoison.
Résumé
Introduction
En 2010, des signalements d’intoxications par des amanites phalloïdes ont conduit les autorités sanitaires en charge de la toxicovigilance à mettre en place une surveillance saisonnière des intoxications par des champignons à des fins d’alerte et de prévention.
Méthodes
Étude rétrospective des cas d’intoxication accidentelle par ingestion de champignons enregistrés par les centres antipoison (CAP) de 2010 à 2017 en France métropolitaine. Les cas graves ont été revus et validés par un toxicologue du réseau des CAP.
Résultats
Au total, 10 625 cas ont été inclus de 2010 à 2017, collectifs pour la moitié d’entre eux. La saisonnalité était marquée en octobre, malgré un pic mensuel de cas dès août pour deux années. Les intoxications prédominaient à l’ouest, au sud et à l’est de la France. L’âge variait de 9 mois à 96 ans (moyenne à 45,3 ans) ; 3,3% des cas étaient âgés de moins de 5 ans. Plus de 90% des personnes intoxiquées présentaient un ou plusieurs signes digestifs, suivis de signes généraux et/ou neurologiques. Sans qu’il soit possible de confirmer l’espèce réellement consommée, les champignons le plus souvent incriminés correspondaient à des bolets (26,3% des cas), puis à des agarics (7,7%) ; dans environ 30% des cas, l’espèce n’était pas précisée. De 11 à 44 cas graves et 0 à 5 décès ont été identifiés chaque année (médianes : 30,5 cas graves et 3 décès par an). Les décès étaient dus à des syndromes phalloïdiens (68,2%) ou sudoriens (31,8%).
Conclusion
Si la surveillance est nécessaire pour diffuser des recommandations nationales de cueillette et consommation des champignons au moment du pic d’intoxication, des relais locaux (associations de mycologues, pharmaciens…) restent indispensables pour aider à identifier la cueillette et ainsi limiter le nombre d’intoxications.