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se désintoxiquer des écrans ? (09 06 2008)

Quand les enfants se désintoxiquent des écrans Article de Mme Martine Laronche lu le 1er juin 2008 sur le site du Monde (cliquer ici pour ouvrir l’article original sur le site du Monde) http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/05/29/quand-les-enfants-se-desintoxiquent-des-ecrans_1051343_3224.html

Mardi 20 mai, les 254 élèves de l'école primaire du Ziegelwasser se sont lancé un défi périlleux : se passer d'écrans de télévision, ordinateurs et autres consoles de jeux pendant dix jours. Les journalistes se sont bousculés à la porte de l'école, classée en ZEP, dans le quartier populaire du Neuhof, à la périphérie de Strasbourg. La secrétaire d'Etat à la famille, Nadine Morano, a même fait le déplacement. Une semaine plus tard, les enfants sont sur le point de gagner le match. Le taux de réussite dépasse les 90 % là où il faut 70 % pour l'emporter.

"Au début, on ne savait pas à quoi s'attendre", se remémore Lucette Tisserand, mère d'un petit Samuel de sept ans et demi. Habituellement, son fils regarde les dessins animés à la télé le matin, ainsi que les informations régionales et "Omar et Fred" sur Canal+, le soir avec sa maman. Les jours sans école, il joue à la Nintendo-DS. "Il a vraiment pris le défi au sérieux. Un jour, j'ai voulu, exceptionnellement, regarder un reportage télé sur cette expérience, il est allé s'enfermer dans sa chambre", se souvient sa mère. Vélo, piscine, musée, petit marché aux puces dans la cour de l'école... Samuel a eu un week-end bien rempli. "Grâce à cette expérience, l'atmosphère est paisible à la maison, ajoute Lucette. Je crois qu'il y a des choses que je vais conserver : ne plus regarder la télé en mangeant, jouer aux jeux de société, lire une histoire à mon fils le soir."

Les parents, soutenus par l'association strasbourgeoise ECO-conseil, à l'origine de l'opération avec la chambre de consommation d'Alsace, ont animé des activités coordonnées par le directeur de l'école. Ce mardi 27 mai, deux mères découpent des patrons pour l'atelier couture du lendemain. "On fait beaucoup de choses pour les gamins qu'on n'aurait pas faites avant, explique Sabrina Klem, mère de Lyse, 7 ans, et de Laura, 8 ans. Du coup, avant, je n'avais aucun contact avec les autres parents. Maintenant, on se dit bonjour, on sympathise."

Même constat pour Karine Vanhouck, mère de quatre enfants, dont un scolarisé à Ziegelwasser. "Mon fils veut continuer parce qu'il a le goût des défis, mais aussi parce que nous sommes plus disponibles pour lui." Une partie des enfants a eu des petites défaillances sans pour autant abandonner. Ainsi Yasin, 10 ans, et Matine, 11 ans, ont regardé la finale de foot de la Ligue des champions, vendredi, et "Les Trente histoires les plus spectaculaires", samedi. Nasrine, 10 ans, a tchaté, une fois, sur MSN, avec sa cousine et regardé une émission sur le code de la route. Dylan a craqué deux fois pour la télé, mais aussi pour sa console de jeux. Ces petites entorses ont entraîné à chaque fois le retrait d'un point sur leur grille d'évaluation mais, au total, les scores de ces quatre compères de CM2 sont plus qu'honorables.

Sur la table du directeur de l'école, trônent une quarantaine de lettres d'encouragement. "Tout ce courrier montre qu'on a mis le doigt sur un phénomène de société qui touche tous les milieux, analyse Xavier Rémy. On vit dix jours un peu magiques. L'opération a créé du lien social, et il en restera forcément quelque chose." En se mêlant de ce qui, a priori, ne la concernait pas mais touchait à l'intimité des familles, l'école du Ziegelwasser a joué un rôle fédérateur au niveau du quartier, entraînant les familles dans une aventure inédite en Europe.  

"Nous nous sommes inspirés de l'expérience québécoise de Jacques Brauder, un professeur de gymnastique à la retraite qui milite pour la paix", explique Serge Hygen, chargé de mission à ECO-conseil. Selon le bilan effectué dans dix écoles canadiennes, les bénéfices de l'opération sont nombreux : amélioration du bien-être et de l'humeur des enfants, plus de temps passé en famille, moins de disputes... La plupart des écoles qui avaient lancé le défi ont souhaité renouveler l'opération.

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