Biodiversité, une crise silencieuse
Article lu le 2 juin 2008 sur le site du Monde (cliquer ici pour accéder à l’article original) http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/06/02/une-crise-silencieuse_1052598_3232.html#ens_id=1047095
Bonn n'est pas Bali. La conférence des Nations unies sur la biodiversité qui s'est tenue dans l'ancienne capitale allemande du 19 au 30 mai n'a pas bénéficié de la même attention que le sommet mondial sur le climat organisé en Indonésie en décembre 2007. C'est regrettable.
Pendant deux semaines, plus de 5 000 experts et délégués, venus de 191 pays, se sont penchés sur ce que les scientifiques considèrent comme une crise tout aussi importante pour l'avenir de l'humanité que le changement climatique. Si des données précises et globales sont difficiles à établir, un consensus existe pour affirmer que les espèces animales et végétales disparaissent à une cadence beaucoup plus rapide que ne le voudrait le rythme naturel. Il n'en va pas seulement de la survie de quelques espèces emblématiques, dont la médiatisation a trop souvent pour effet de minimiser l'enjeu qui se dessine derrière le déséquilibre grandissant des écosystèmes.
Dans les sociétés industrialisées, les liens avec une nature que l'on croyait avoir domestiquée se sont distendus. Même si ce n'est pas facile à admettre, l'effondrement de notre "capital naturel" pourrait saper demain les fondements de nos économies.
La crise alimentaire mondiale et les tensions sur les matières premières sont un avant-goût de ce qu'il faut redouter si rien n'est fait pour mieux gérer les ressources planétaires. Jusqu'à présent, la préservation de la diversité biologique a surtout été l'affaire des écologistes. La principale réponse a consisté à créer des aires protégées. S'il reste indispensable, cet instrument n'est pas à l'échelle de la crise actuelle. Au mieux, 10 % des superficies mondiales pourraient être sanctuarisées.
Avec une planète à 9 milliards d'habitants en 2050, les besoins de terres ne vont cesser de croître. Principalement dans les pays en développement, où se trouvent les grands réservoirs de la biodiversité. On peut demander à ces pays de ne pas couper leurs forêts, mais ils ne peuvent être les seuls à faire un effort.
En France, la Caisse des dépôts a créé un fonds pour inciter les entreprises à compenser les dommages causés à l'environnement et se mettre en conformité avec la loi sur la protection de la nature, qui date de... 1976. Ces initiatives mériteraient d'être développées au niveau mondial.