Nous vous proposons aujourd’hui la 2e partie de cette note publiée le 31 juillet 2025 sur le site Vie-publique (cliquer ici pour accéder au site Vie-publique)
Le surtourisme : quel impact sur les villes et sur l'environnement ?
Dernière modification : 31 juillet 2025
Le tourisme international a connu ces dernières années une croissance exponentielle et la reprise, après la crise sanitaire, est forte. Si le tourisme de masse a un impact positif sur le développement économique des territoires, il a aussi des effets néfastes sur l'environnement et les populations locales.
Sommaire
Le tourisme, un levier de développement économique
Les effets du surtourisme sur les villes
Des conséquences néfastes pour l’environnement
Des conséquences néfastes pour l’environnement
Au-delà des répercussions négatives sur la population locale, le surtourisme exerce inévitablement des pressions sur l’environnement.
Surconsommation des ressources naturelles
L’activité touristique augmente les besoins en énergie, en nourriture et en eau (par exemple pour le remplissage des piscines dans les hôtels, dans des pays où la ressource est déjà limitée comme en Afrique ou en Inde).
Production croissante de déchets qui polluent la nature
La Méditerranée est l'une des mers les plus polluées au monde. Le plastique constitue 95% des déchets présents sur ses plages et en surface. L'activité touristique dans la région (plus de 200 millions de touristes par an) aggrave le niveau de pollution marine de 40% chaque été.
Pollution de l’eau et des sols qui nuit à la biodiversité (substances chimiques comme celles contenues dans les crèmes solaires, rejet des eaux usées).
En 2018, les Philippines ferment 6 mois l’île de Boracay aux touristes car polluée par les eaux usées que les hôtels déversent directement dans la mer. Le gouvernement a dû améliorer ses équipements d’assainissement.
Destruction des écosystèmes (bétonisation des côtes, déforestation).
En Thaïlande, la plus célèbre plage du pays, Maya Bay, est fermée par les autorités de 2018 à 2022 pour permettre aux récifs coralliens de se reformer et empêcher l’érosion de la baie. L’écosystème fragile des lieux a été endommagé pendant des années par les bateaux à moteur qui faisaient visiter la plage aux touristes. Depuis 2022, l'accès à la plage est interdit pendant la mousson (du 1er août et 30 septembre) pour que la nature puisse se régénérer.
Disparition de la biodiversité (perturbation espèces, destruction végétation).
Des lieux préservés, encore inconnus il y a quelques années, ont été popularisés par les réseaux sociaux, des films ou des séries télévisées. l’Islande est passée de 500 000 touristes en 2010 à 2,2 millions en 2019 et 1,7 million en 2022. Le pays devrait mettre en place une taxe touristique réinvestie dans les infrastructures publiques et la protection des ressources naturelles.
En France, les calanques de Marseille sont menacées depuis plusieurs années par l'érosion, fragilisées par le piétinement de milliers de visiteurs quotidiens. Depuis 2022, un système de réservation gratuite limite l'accès aux criques de Sugiton à 400 visiteurs par jour, au lieu de 2 500 auparavant en haute saison.
À Étretat, des associations plaident pour une limitation des visiteurs. Chaque année, plus d'un million de touristes se pressent au sommet des falaises, accentuant l'érosion des côtes. De plus en plus de sites naturels en France, victimes de surtourisme, sont soumis à des quotas, telles les îles de Porquerolles, de Port-Cros et du Levant ou encore l'île de Bréhat.
Pollution de l’air contribuant au réchauffement climatique.
En 2019, le tourisme est à l’origine de 8,8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), avec une croissance annuelle de 3,5% de 2009 à 2019, d'après le site Agenda 2030. L'empreinte carbone du tourisme se compose des émissions directes (52% proviennent de l'aviation et 18% du transport routier), des émissions indirectes (surtout liées aux services et à la production pétrolière) et de celles que génèrent les véhicules privés. Les émissions touristiques des États-Unis, de la Chine et de l'Inde représentent 40% du total mondial.
Des mesures en faveur du climat
L'une des solutions envisagées pour réduire l’impact des voyages sur le climat est la compensation carbone. De plus en plus de compagnies aériennes proposent à leurs passagers de payer une taxe sur le prix du billet afin de compenser leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) en finançant des projets dans le domaine des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique ou de la reforestation.
Après la conférence de Paris sur le climat (COP 21), les États membres de l’Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), dont la France, ont signé en 2016 un accord visant à stabiliser les émissions de CO2 dans le transport aérien international à partir de 2020 et à réduire de moitié les émissions du secteur d’ici 2050. Dans le cadre du programme Corsia, les compagnies aériennes doivent compenser leurs émissions de carbone depuis 2021 (achat de crédits carbone, utilisation partielle de carburants verts pour remplacer la consommation de kérosène...). En phase pilote jusqu'en 2023, le programme est entré dans sa première phase (2024-2026), dite de "participation volontaire à la compensation".
Pour financer les transports alternatifs, en particulier le ferroviaire, le gouvernement augmente en 2020 la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA), dite "taxe Chirac", créée en 2005. Elle connaît une nouvelle hausse au 1er mars 2025, passant par exemple de 2,63 euros à 7,40 euros pour un billet en classe économique vers la France ou l'Europe.
L’UE envisage, quant à elle, de taxer le kérosène pour diminuer les émissions de CO2. Cependant, les États membres ne parviennent pas à trouver un accord sur le sujet. Depuis 1944, le carburant des avions est exonéré de taxes en vertu de la convention de Chicago, afin d’encourager le développement des liaisons internationales. Plusieurs associations de défense de l’environnement réclament la taxation du carburant pour limiter l’impact du trafic aérien sur le climat.