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Surtourisme : impacts (11 08 2025) (1ère partie)

Nous vous proposons aujourd’hui la 1ère partie de cette note publiée le 31 juillet 2025 sur le site Vie-publique (cliquer ici pour accéder au site Vie-publique)

https://www.vie-publique.fr/eclairage/24088-le-surtourisme-quel-impact-sur-les-villes-et-sur-lenvironnement?eml-publisher=NL_VP&eml_name=NL_VP-674-250805

Le surtourisme : quel impact sur les villes et sur l'environnement ?

Dernière modification : 31 juillet 2025

Le tourisme international a connu ces dernières années une croissance exponentielle et la reprise, après la crise sanitaire, est forte. Si le tourisme de masse a un impact positif sur le développement économique des territoires, il a aussi des effets néfastes sur l'environnement et les populations locales.

 

Sommaire

 

Le tourisme, un levier de développement économique

Les effets du surtourisme sur les villes

Des conséquences néfastes pour l’environnement

 

Le tourisme, un levier de développement économique

Apparu en Europe au XIX siècle, le tourisme est passé d’une pratique culturelle réservée à une élite à un phénomène de masse. Depuis les années 1950, ce secteur n'a cessé de se développer partout dans le monde, jouant un rôle majeur dans l’économie mondiale.

Un moteur de l'économie mondiale

La crise du Covid-19 a mis en évidence "le rôle déterminant du tourisme pour l’économie, à l’échelon mondial, national et local", selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Avant la pandémie, le tourisme international enregistrait une hausse de 3% à 4% par an. En 2019, 1,5 milliard de touristes internationaux ont voyagé, d'après les données de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). C'est 60 fois plus que dans les années 1950 (25 millions de touristes). Troisième secteur économique mondial après la chimie et les carburants, le tourisme contribuait à hauteur de 10% du produit intérieur brut (PIB) mondial.

La crise sanitaire du Covid-19 en 2020 a provisoirement changé la donne. Après six décennies de croissance régulière, le secteur a été quasiment à l’arrêt pendant deux ans à cause des restrictions de circulation et des fermetures de frontières. En 2020, le tourisme mondial est revenu à son niveau de 1990 avec une diminution de plus de 70% des arrivées de touristes.

Cela a eu des conséquences économiques majeures : la pandémie a causé une perte de plus de 2 000 milliards $ pour le PIB mondial rien que sur l'année 2020. En 2021, la contribution économique du tourisme est estimée à 1 900 milliards $, bien loin des chiffres d'avant la pandémie (3 500 milliards). S'ajoutent à cela des pertes d’emplois substantielles dans le secteur, qui emploie actuellement plus de 270 millions de personnes à travers le monde (chiffres de l'Organisation internationale du travail OIT), contre 330 millions en 2019. 

Néanmoins, le tourisme a connu un regain en 2022 avec plus de 960 millions de touristes internationaux, soit les 2/3 du volume d'avant la pandémie. La reprise a été plus importante que prévu sous l'effet du rattrapage de la demande et de l'assouplissement des restrictions dans de nombreux pays. L'OMT (aussi appelée "ONU Tourisme" depuis 2024) confirme cette progression avec un bilan de 1,3 milliard de touristes internationaux en 2023 et 1,4 milliard en 2024, année où le tourisme international retrouve ses niveaux d'avant-crise. 

Depuis la reprise post-Covid, la plupart des destinations ont enregistré une hausse considérable des recettes du tourisme international. Ces recettes ont franchi le cap des 1 600 milliards $ en 2024, soit environ 4% de plus qu'en 2019. Elles augmentent fortement pour plusieurs pays (Koweït, Salvador, Arabie saoudite, Albanie, Serbie...). Parmi les 5 premières destinations mondiales en recettes touristiques, le Royaume-Uni (+40%), l'Espagne (+36%), la France (+27%) et l'Italie (+23%) connaissent une forte hausse par rapport à 2019.

Le secteur représente donc un potentiel important de croissance économique pour les pays, notamment en termes d’emplois. Au fil des années, de nouvelles destinations se sont ouvertes au tourisme, créant une source de revenus pour bon nombre de pays en développement.

Un atout économique pour la France

Le tourisme est un secteur économique stratégique pour la France. Le pays reste le plus visité dans le monde, devant l’Espagne et les États-Unis, avec plus de 100 millions de visiteurs internationaux en 2024. Une année record puisque le nombre de visiteurs dépasse les 90 millions enregistrés en 2019.

En Île-de-France, 48,7 millions de touristes ont été accueillis, soit 2,5% de plus qu'en 2023, indique le Comité régional du tourisme. Le nombre de visiteurs augmente, notamment grâce à l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques en 2024 et à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris également en 2024. 

La fréquentation des hébergements touristiques en France (hôtels, campings, auberges) passe de 454 millions nuitées en 2023 (une année record) à 451 millions nuitées en 2024, selon l’INSEE. Les capacités d'accueil et taux d'occupation ne cessent de croître dans les établissements les mieux classés.

Concernant les recettes liées au tourisme, les visiteurs étrangers ont rapporté 71 milliards € à la France en 2024, soit un niveau supérieur à ceux de 2019 et 2023 (+12% en un an). La Belgique, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Suisse et les États-Unis sont les principaux pourvoyeurs de recettes pour la France (+5% à +15% par rapport à 2023).

Le 24 juillet 2025, lors d'un comité interministériel du tourisme, le Premier ministre, François Bayrou, a appelé à valoriser ce secteur en tant que levier de croissance. Le comité a fixé comme objectif d'atteindre 100 milliards d'euros de recettes touristiques internationales d'ici 2030.

Les effets du surtourisme sur les villes

 

Si la croissance des flux touristiques en France et dans le monde a un impact positif sur l’économie, elle a aussi des effets néfastes sur les territoires. 

Pour certaines destinations très prisées des voyageurs, il n’est plus question de développer le tourisme, mais plutôt de le limiter. Le terme “surtourisme” (ou "hypertourisme”) est apparu ces dernières années pour désigner le phénomène de saturation des sites touristiques par un nombre grandissant de visiteurs.

Selon l’OMT, 95% des touristes mondiaux visiteraient moins de 5% des terres émergées. En France, 80% de l’activité touristique affecte 20% du territoire.

En 2023, le gouvernement lance un plan national pour réguler les flux touristiques. Il prévoit notamment de promouvoir un tourisme des "quatre saisons" mieux réparti sur le territoire, et des sites moins connus. Il envisage également la création d'un observatoire national des sites touristiques majeurs afin de mesurer les flux touristiques et leurs impacts.

Dans le cadre du plan, Atout France lance en juin 2023 un appel à manifestation d'intérêt visant à sélectionner des sites touristiques très attractifs qui souhaitent mieux gérer leurs pics d'affluence ; les 25 projets retenus en 2024 bénéficient d'un appui technique et financier pendant 18 mois. La Direction générale des entreprises (DGE) publie en août 2024 un "Vade-mecum sur la gestion des flux touristiques" destiné aux professionnels du secteur. France Tourisme observation œuvre à la création d'un observatoire des sites d'ampleur.

Face à la pression touristique, les autorités locales adoptent des mesures plus restrictives pour protéger les villes et leurs populations : instauration de quotas de visiteurs, création de taxes, fermeture complète de l'accès aux sites ou pratique du "démarketing" (diffusion d'images de plages bondées afin de dissuader les visiteurs, par exemple).

Une menace pour le patrimoine culturel

Certains lieux ne sont pas adaptés pour recevoir un trop grand nombre de voyageurs et manquent d’infrastructures.

À Venise, près de 30 millions de personnes visitent chaque année la ville, qui compte moins de 50 000 résidents, soit une proportion de 600 touristes par habitant. Malgré l'inquiétude de l'UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture), le Comité du patrimoine mondial décide en 2023 de ne pas inscrire Venise sur la Liste du patrimoine mondial en péril car la ville s'engage à mettre en place en 2024 un système de gestion des flux de voyageurs. Depuis 2019, les bateaux de croisière sont interdits dans le centre-ville, les remous qu'ils provoquent fragilisant les fondations de la cité. Du 25 avril au 14 juillet 2024 est expérimentée une taxe d’entrée de 5 € pour les touristes de plus de 14 ans souhaitant visiter le centre historique, qui réduit légèrement la fréquentation et permet de collecter 2,4 millions €. Entre le 18 avril et le 27 juillet 2025, la ville impose à nouveau aux visiteurs d'un jour ce droit d'entrée, majoré à 10 € s'ils réservent moins de 4 jours à l'avance.

Depuis 2024, les voyageurs en partance pour l'île de Bali, en Indonésie, doivent régler une taxe touristique de 150 000 roupies (environ 9 €) par personne. De même, depuis le 1er juillet 2025 et durant trois mois, les passagers de navires de croisière débarquant à Santorin ou Mykonos, en Grèce, doivent s'acquitter d'une taxe de 20 €, et Santorin maintient un plafond de 8 000 visiteurs par jour.

La municipalité de la cité fortifiée de Dubrovnik (Croatie) a installé un compteur à l’entrée de la ville et limité l’accès à 4 000 visiteurs / jour pour préserver l’authenticité de la citadelle. Des sites touristiques menacés par le surtourisme instaurent des quotas de visiteurs pour protéger leur patrimoine culturel, par exemple le parc Güell à Barcelone et la cité Inca du Machu Picchu au Pérou.

Un tourisme qui nuit à la qualité de vie locale

Barcelone, Rome, Amsterdam… Victimes de leur succès, ces villes voient leur population se multiplier avec la venue des touristes, créant d’importants déséquilibres au niveau local : rues et transports surchargés, nuisances sonores, plages bondées… Les commerces de proximité cèdent la place à des bars et des boutiques de souvenirs. La prolifération d’hôtels et d’hébergements touristiques engendre une pénurie de logements pour les habitants et une hausse des prix de l’immobilier.

L’OMT s’inquiète d'une “tourismophobie” croissante. Ce rejet du tourisme s'observe depuis quelques années dans plusieurs grandes villes européennes. 

Un déséquilibre du marché locatif

Pour lutter contre la pression immobilière liée au tourisme, des villes comme Amsterdam et Barcelone interdisent désormais la construction d’hôtels, d’auberges de jeunesse et d’appartements locatifs dans le centre.

Mais l’essor des plateformes de location de logements entre particuliers reste plus difficile à contrôler pour les municipalités. De plus en plus de logements en location classique deviennent des meublés touristiques. À Paris, le site Airbnb a publié 68 000 annonces de ce type en 2017, 98 046 en juillet 2024 (lors des Jeux olympiques) et 90 299 fin 2024. En 2020, 22 villes européennes, dont Paris, portent auprès de la Commission européenne une demande de régulation des meublés touristiques via des plateformes. Le Parlement européen adopte en 2024 un règlement destiné à harmoniser les règles de la location à court terme, qui représente 25% de l’hébergement touristique de l’Union européenne (UE).

Les villes touristiques multiplient les initiatives pour réguler ces locations. La mise sur le marché de meublés touristiques est plus encadrée en zone tendue :

- la loi pour une République numérique (2016) prévoit que les annonces en ligne comportent un n° d’enregistrement pour vérifier que les résidences principales ne sont pas louées plus de 120 nuitées par an. L’enregistrement est obligatoire dans les communes de plus de 200 000 hab. (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux...) ;

- la loi portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique ("loi ELAN") de 2018 prévoit des sanctions de 5 à 10 000 € pour les propriétaires  ne déclarant pas leur location touristique ou la louant plus de 120 j par an ;

- la loi du 19 novembre 2024 visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l'échelle locale abaisse l'abattement fiscal appliqué à leurs revenus locatifs, les soumet à un diagnostic de performance énergétique (DPE), élargit les pouvoirs du maire et introduit de nouvelles règles dans les copropriétés. La Ville de Paris durcit dès janvier 2025 les règles de cette location : louer sa résidence principale en meublé touristique est limité à 90 jours (au lieu de 120) et les boîtes à clés sont interdites dans l'espace public.

À Saint-Malo et à Annecy, les municipalités ont instauré des quotas par zones. Au Pays basque, 24 communes ont instauré en 2022 un principe de "compensation" (création d'un logement à l'année d'une surface au moins égale à celui qui fait l'objet d'une location saisonnière). Il était déjà en vigueur dans des villes comme Paris ou Bordeaux. 

.... suite de cette note, demain ....

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