La Sécurité sociale va connaître des déséquilibres historiques en 2009 et 2010
Article signé V.C. paru le 5 mars 2009 sur le site des Echos (cliquer ici pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/info/france/4838583-la-securite-sociale-va-connaitre-des-desequilibres-historiques-en-2009-et-2010.htm?xtor=EPR-1001
Pour la première fois depuis 1993, la masse salariale va stagner cette année. Le gouvernement anticipe un déficit de 17 à 18 milliards d'euros en 2009, et davantage en 2010.
Initialement prévu (en septembre) à 8,5 milliards d'euros, le déficit 2009 de la Sécurité sociale n'échappe pas à la dégradation générale de la conjoncture, loin de là. Selon Bercy, il serait finalement compris, pour le régime général des salariés du privé, entre 17 et 18 milliards. Le précédent record de 2004 (11,9 milliards) est pulvérisé.
Contrairement au déficit de l'Etat, ce gouffre ne s'explique pas par des dépenses supplémentaires. Les 450 millions d'euros destinés à financer la prime de 150 euros aux familles modestes, par exemple, seront finalement pris en charge par l'Etat et non par la Caisse nationale d'allocations familiales.
La dégradation s'explique par un manque à gagner considérable du côté des recettes.
Au-delà de 20 milliards d'euros
Les rentrées de cotisations, qui représentent les deux tiers des recettes, devraient stagner en 2009. Pour la première fois depuis 1993 en effet, le gouvernement prévoit que la masse salariale du secteur privé ne progressera pas du tout, car la progression des salaires (+ 2 % prévus) sera totalement annulée par les destructions d'emplois. Chaque point de pourcentage de progression de la masse salariale représente 1,9 milliard d'euros de recettes pour le régime général.
En passant d'une prévision de progression de 2,75 % (en novembre) à zéro aujourd'hui, les ressources sont donc diminuées de plus de 5 milliards. Le gouvernement anticipe aussi un « ralentissement marqué des recettes assises sur le patrimoine ». Et en 2010, la progression de la masse salariale resterait exceptionnellement faible (+ 1,4 %), selon Bercy, pour qui « cela ne permettra pas aux déficits sociaux de s'améliorer ». En clair : sans mesures de redressement massives, le déficit se creusera bien au-delà de 20 milliards d'euros.
La Sécurité sociale n'est pas la seule concernée : les régimes de retraite complémentaires (Arrco-Agirc), longtemps largement excédentaires, voient leurs comptes se dégrader à grande vitesse. Même chose pour l'Unedic, qui vise désormais au mieux un équilibre en 2009, après un excédent de près de 5 milliards l'an dernier.