De l’emploi à la représentativité politique...
Etude de Mme Solveig Vanovermeir, division Études sociales, Insee (lue le 6 mars 2009 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’Insee)
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1226
Résumé
Les femmes sont plus diplômées que les hommes, mais restent cependant moins présentes sur le marché du travail. Alors que 62 % des hommes de 15 ans ou plus travaillent ou cherchent à travailler, seules 51 % des femmes sont dans la même situation. Leur taux de chômage demeure plus élevé que celui des hommes (8,5 % contre 7,4 %) et elles travaillent plus souvent à temps partiel. Plus les femmes ont d’enfants, ou plus ils sont jeunes, et plus elles réduisent leur activité professionnelle (en ne participant que partiellement voire en se retirant du marché du travail). Les écarts de salaire horaire entre hommes et femmes ne s’expliquent qu’en partie par les caractéristiques des salariés (diplômes, ancienneté...) ou de leurs emplois (secteur d’activité...). Néanmoins, depuis les années 1980, les situations des hommes et des femmes sur le marché du travail tendent à se rapprocher (développement de l’activité féminine et baisse plus importante du chômage féminin). Dans la sphère politique, la parité hommes-femmes progresse mais les progrès sont surtout sensibles pour les scrutins où la loi est contraignante (élections municipales dans les communes de plus de 3 500 habitants, élections européennes...).
Sommaire
· Les femmes plus diplômées
· Les femmes sont moins présentes sur le marché du travail mais l’écart avec les hommes se réduit
· Des inactives très occupées
· Des conditions d’emploi différentes
· Les associations : plus d’hommes aux postes à responsabilité
· De plus en plus de femmes élues ... surtout lorsque la loi contraint les scrutins
Les femmes vivent toujours plus longtemps que les hommes
Au 1er janvier 2009, 33,2 millions de femmes et 31,1 millions d’hommes vivent en France métropolitaine ou dans les départements d’outre-mer. Avant 25 ans, les hommes sont plus nombreux que les femmes. À l’inverse, 63 % des personnes âgées de 75 ans ou plus sont des femmes, leur espérance de vie (définitions) étant encore supérieure à celle des hommes (84,3 ans contre 77,5 ans) bien que l’écart se réduise.
Les femmes plus diplômées
Être diplômé est plus fréquent aujourd’hui que dans les années 1980, surtout chez les femmes. En effet, à cette époque, 23 % des hommes et des femmes âgés de 25 à 49 ans et habitant en France métropolitaine étaient au moins titulaires du baccalauréat ; en 2007, c’est le cas de 46 % des femmes et de 41 % des hommes.
Dans l’enseignement supérieur, étudiantes et étudiants ne suivent pas les mêmes filières : 26 % des élèves en école d’ingénieurs, 27 % des étudiants en sciences fondamentales à l’université et 38 % des étudiants en IUT sont des femmes tandis qu’elles représentent 75 % des étudiants en langues. Or, selon la spécialité suivie, l’insertion sur le marché du travail est plus ou moins aisée.
Les femmes sont moins présentes sur le marché du travail mais l’écart avec les hommes se réduit
En 2007, 51 % des femmes de 15 ans et plus sont présentes sur le marché du travail − elles ont un emploi ou sont au chômage − contre 62 % des hommes (tableau 1). Cet écart s’est cependant nettement réduit depuis vingt ans (graphique 1).
Le taux d’activité est le plus élevé entre 25 et 49 ans : 94,9 % des hommes et 82,9 % des femmes sont actifs. C’est également à cette période de la vie, pendant laquelle on élève ses enfants, que l’écart entre les comportements d’activité masculins et féminins est le plus grand.
Le chômage touche plus les femmes que les hommes : en 2007, dans la population active de 15 ans et plus, 8,5 % des femmes et 7,4 % des hommes sont au chômage. Là aussi, la différence est moindre qu’au début des années 1990 où le taux de chômage masculin était inférieur de 4 points au taux de chômage féminin (graphique 2). Enfin, il y a relativement plus de chômage de longue durée chez les hommes que chez les femmes.
Des inactives très occupées
Activité professionnelle et situation familiale sont très liées. Environ 2 % des inactifs déclarent souhaiter travailler mais ne sont pas disponibles pour le faire dans les deux semaines. Parmi les femmes dans cette situation, 41 % déclarent ne pas être disponibles à cause de leurs enfants ou de responsabilités personnelles et familiales ; cette proportion est ramenée à 9 % chez les hommes.
En effet, alors que l’activité des hommes est relativement peu sensible au nombre et à l’âge des enfants présents dans le ménage, ce n’est pas le cas des femmes (tableau 2). Entre 25 et 49 ans, 83 % des mères d’un enfant de moins de 3 ans ont un emploi ou en cherchent un ; ce taux tombe à 63 % lorsqu’elles ont deux enfants (dont le plus jeune a moins de 3 ans) et à 38 % si elles en ont au moins trois (dont le plus jeune a moins de 3 ans). L’activité des mères d’enfant(s) de 3 ans ou plus, âge auquel la quasi-totalité des enfants sont scolarisés, est plus importante mais décroît également avec le nombre d’enfants : 88 % des femmes de 25 à 49 ans ayant un ou deux enfants de plus de 3 ans sont actives contre 71 % de celles qui en ont trois.
Par ailleurs, le recours au temps partiel augmente, surtout pour les femmes, avec le nombre d’enfants : 16 % des femmes de 25 à 49 ans, sans enfant et qui travaillent, sont à temps partiel, 26 % si elles ont un enfant, 38 % si elles en ont deux et 48 % lorsqu’elles en ont trois ou plus.
Dans l’ensemble, en 2007, 82 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes et 30 % des actives ayant un emploi travaillent à temps partiel (contre 6 % des actifs ayant un emploi).
Les femmes se trouvent plus souvent que les hommes en situation de sous-emploi et souhaiteraient donc travailler davantage : 10 % des actives occupées sont dans cette situation contre 2 % des actifs occupés. Les femmes sont également plus souvent en CDD.
Des conditions d’emploi différentes
Sur 100 femmes qui travaillent, 49 sont employées, 8 sont ouvrières et 13 sont cadres ; chez les hommes, ces proportions sont de 13 %, 35 % et 18 %.
Le secteur tertiaire (74 % du total des emplois) concentre 86,8 % de l’emploi féminin contre seulement 60 % de l’emploi masculin (tableau 3). Les femmes sont surtout recrutées dans le secteur des services aux particuliers et moins souvent dans celui des services aux entreprises, pourtant plus rémunérateur. L’industrie, l’agriculture et surtout la construction sont encore des secteurs très peu féminisés.
D’après une étude récente, en 2006, dans les entreprises de 10 salariés ou plus du secteur concurrentiel, la rémunération brute totale moyenne des femmes est inférieure de 27 % à celle des hommes ; en termes de salaire horaire brut, l’écart est moindre puisqu’il est inférieur à 16 %.
Plus d’un tiers de l’écart de salaire horaire brut s’explique par les caractéristiques observables des salariés mais aussi des emplois : niveau de diplôme, ancienneté dans l’entreprise, expérience professionnelle hors de l’entreprise, type de contrat de travail, temps partiel, catégorie socioprofessionnelle, exercice de fonction d’encadrement, secteur d’activité, taille de l’entreprise et de l’établissement.
Les deux tiers restants correspondent en partie à des effets individuels mal pris en compte dans la modélisation (métier, niveau de responsabilité...) ou non observés (interruptions de carrière, spécialité du diplôme, situation familiale...) mais peuvent aussi refléter d’éventuelles pratiques ou processus discriminatoires et inégalitaires qui jouent en défaveur des femmes à divers moments de leur carrière, voire en amont de la vie professionnelle.
Les associations : plus d’hommes aux postes à responsabilité
En 2006, la vie associative attire plus les hommes (38 %) que les femmes (30 %). Près d’un homme sur cinq est adhérent d’une association sportive (contre 9 % des femmes). En revanche, les femmes adhèrent davantage à des associations de parents d’élèves (6 % des femmes ayant des enfants en âge d’être scolarisés contre 3 % des hommes), reflétant la répartition sexuée des tâches qui perdure. Elles adhèrent également davantage aux clubs de 3e âge (15 % des femmes de 60 ans ou plus contre 9 % des hommes). La participation aux activités des associations se répartit équitablement entre les sexes, mais pas les fonctions de responsabilité : 84 % des femmes et 85 % des hommes adhérents d'une association participent au moins de temps en temps aux activités de celle-ci, mais 26 % des hommes ont une responsabilité au sein de leur association contre 19 % des femmes.
De plus en plus de femmes élues ... surtout lorsque la loi contraint les scrutins
Dans la sphère politique, depuis 2000, la parité a fait l’objet d’importantes réformes qui commencent à porter leurs fruits sans pour autant assurer l’équilibre. Aux élections municipales, la loi impose aux communes de plus de 3 500 habitants que les listes soient composées alternativement de candidats de chaque sexe. De ce fait, près de 48,8 % des conseillers municipaux de ces communes sont des femmes (tableau 4). En revanche, dans les communes plus petites, non concernées par les lois sur la parité, seuls 32,2 % des conseillers municipaux sont des femmes. Elles sont encore loin de la parité même si cela constitue un net progrès : aux élections de 1995, 21 % des conseillers municipaux de communes comptant moins de 3 500 habitants étaient des femmes. En 2008, toutes communes confondues, 35 % des conseillers municipaux sont des femmes contre 25 % aux élections de 1995. Malgré ces avancées, 86 % des maires sont des hommes.
Les élections régionales sont des scrutins de liste également concernés par la loi sur la parité. En conséquence, 47,6 % des élus régionaux sont des femmes. La loi a eu, sur ces élections également, un impact fort, puisque avant 2004, seuls 27,5 % des élus régionaux étaient des femmes. Quant aux conseils généraux, ils restent, de loin, les assemblées locales les moins féminisées : seulement 13,1 % de femmes parmi les conseillers généraux. Contrairement aux scrutins de listes, ce scrutin est uninominal et n’est donc que peu concerné par les dispositions légales sur la parité.
Au niveau national, les élections législatives et sénatoriales, également uninominales, laissent, elles aussi, peu de place aux femmes. Aux dernières élections, 18,5 % des députés et 21,9 % des sénateurs sont des femmes ; cela constitue un progrès certain par rapport aux derniers scrutins de ce type, tout en restant éloigné de la stricte parité. Au sein du Parlement européen, 30,3 % des députés européens (représentant les 25 pays membres de l’Union européenne pour la législature 2004-2009) sont des femmes. Pour les élections des députés européens français, les listes présentées doivent respecter une stricte alternance des hommes et des femmes ; en conséquence, avec 43,6 % de femmes parmi les députés européens la représentant, la France fait partie des bons élèves européens dans le domaine. Elle est devancée par la Suède et les Pays-Bas.