Médecins : stagnation des effectifs mais baisse de la densité médicale
La Drees a publié, le 26 mars 2021 un dossier sur la démographie récente et à venir des professions médicales et pharmaceutiques. Selon cette étude, le nombre de médecins généralistes va stagner jusqu'en 2030 avec, en parallèle, une diminution de la densité médicale du fait des besoins de soins d'une population française vieillissante.
Connaître le nombre de médecins ou de pharmaciens est nécessaire pour organiser l'offre de soins. Le nombre, l'âge, le mode d'exercice des professionnels et la durée des études sont des facteurs déterminants pour comprendre la situation actuelle et faire des projections.
La conférence nationale de santé doit déterminer les besoins en formations des professions médicales sur cinq ans. Dans ce contexte, le dossier sur la démographie récente et à venir pour les professions médicales et pharmaceutiques de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) dresse un état des lieux de quatre professions :
- médecins ;
- chirurgiens-dentistes ;
- sages-femmes ;
- pharmaciens.
Médecins, dentistes, sages-femmes et pharmaciens : quelles évolutions ?
Depuis 2012 les effectifs des médecins en activité de moins de 70 ans sont stables (environ 215 000). La profession s'est féminisée, le nombre de généralistes baisse mais celui des spécialistes augmente. L'exercice libéral se raréfie au profit d'un exercice mixte (activités libérales et salariées).
Sous l'hypothèse de législation et de comportements constants, la Drees prévoit une stagnation des effectifs jusqu'à l'horizon 2030, avant une hausse assez importante jusqu'en 2050. Toutefois, compte tenu de l'augmentation de la population et de son vieillissement, le modèle montre une diminution de la densité médicale.
La France compte 42 000 chirurgiens-dentistes de moins de 70 ans en activité au 1er janvier 2021. Les effectifs sont en croissance depuis 2012, avec une proportion toujours plus grande de femmes. L'exercice libéral reste majoritaire, malgré une légère baisse entre 2012 et 2021.
Les projections de la Drees font état d'une croissance soutenue des effectifs jusqu'en 2050 (+46% par rapport à 2021).
Le nombre de sages-femmes a connu une très forte augmentation entre 2012 et 2017, pour se stabiliser à environ 23 400 en 2021. C'est une profession essentiellement féminine (à 97%) et jeune (41 ans de moyenne d'âge). Beaucoup exercent à l'hôpital, mais une part croissante choisit un exercice libéral ou mixte.
Le modèle de projection des effectifs de sages-femmes montre une croissance modérée jusqu'en 2040, avant un léger recul. Les effectifs progresseraient de 24% jusqu'en 2050.
Enfin, près de 72 200 pharmaciens de moins de 70 ans sont en activité au 1er janvier 2021. Les effectifs ont augmenté entre 2012 et 2016, puis connu une baisse jusqu'en 2021. Les deux tiers de la profession sont des femmes, la moyenne d'âge est de 46 ans.
Selon les projections de la Drees, les effectifs devraient baisser jusqu'en 2027 puis augmenter de nouveau, soit une hausse des effectifs de 12% entre 2021 et 2050.
Durée des études et diplômes obtenus à l'étranger
La Drees souligne la nécessité d'agir sur les capacités de formation sur le long terme, en tenant compte d'un délai équivalent à la durée des études permettant d'accéder à chaque profession. Il faut ainsi compter dix ans dans le cas des médecins afin qu'une politique de formation produise ses effets ; cinq ans dans le cas des sages-femmes.
La réforme portée par la loi relative à la transformation et à l'organisation du système de santé permet de proposer des flux d'entrée aux études de santé de façon plus flexible que le numerus clausus (tout en répondant aux besoins de santé des territoires). Une variation de 20% du nombre annuel d'entrants en formation pourrait ainsi combler le creux démographique des médecins avec une avance de trois ans.
Pour contourner le numerus clausus, des professionnels de santé en activité ont obtenu un diplôme à l'étranger ou vont en obtenir un. La projection de croissance des effectifs de chirurgiens-dentistes (+39% entre 2021 et 2050) ne serait que de 5% en l'absence des praticiens diplômés à l'étranger.