Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Economie : point de conjoncture (25 05 2023)

Nous vous proposons aujourd’hui (sans les tableaux ni graphiques) cette note publiée le 5 mai 2023 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)

https://www.insee.fr/fr/statistiques/7616986.html

Point de conjoncture du 5 mai 2023 (Paru le : 05/05/2023)

 

À l’horizon de la mi-2023, le glissement annuel des prix à la consommation en France pourrait légèrement refluer (+5,4 % prévu en juin) à la faveur des effets de base sur les produits pétroliers. Les prix des produits alimentaires conserveraient une évolution soutenue, un ralentissement pouvant ensuite se manifester avec les renégociations commerciales annoncées pour la fin du printemps. La contribution des prix des services à l’inflation d’ensemble augmenterait légèrement.

La consommation des ménages resterait bridée, au 2e trimestre 2023, par ce contexte de forte inflation tandis que la remontée des taux d’intérêt pèserait de plus en plus sur l’investissement. L’activité économique progresserait dans les services mais fléchirait dans l’industrie manufacturière et poursuivrait son recul dans la construction. Au total, la croissance prévue en France au deuxième trimestre resterait modérée (+0,2 %, comme au premier trimestre). L’acquis de croissance pour 2023 s’élèverait à +0,5 % à mi-année.

 

Sommaire

 

L’inflation se situe depuis près d’un an sur un plateau autour de 6 %, mais sa composition continue d’évoluer

Des signes avant-coureurs d’une détente de certains prix se confirment, mais d’autres aux effets inverses pourraient prendre le relais pour soutenir l’inflation

La consommation des ménages reste bridée par l’inflation, tandis que l’investissement s’infléchit sur fond de resserrement monétaire

La situation conjoncturelle resterait donc globalement hésitante, les difficultés de demande prenant peu à peu le relais des difficultés d’approvisionnement

Encadré - Résultats complémentaires des enquêtes de conjoncture

 

L’inflation se situe depuis près d’un an sur un plateau autour de 6 %, mais sa composition continue d’évoluer

 

Le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation s’élève en avril 2023 à 5,9 %, après 5,7 % en mars. L’inflation se situe ainsi pour le 11e mois consécutif sur un plateau autour de 6 %. Depuis janvier 2021, l’indice des prix a progressé globalement de 12 %, avec des évolutions contrastées selon les différents postes de consommation : les prix de l’énergie ont progressé de 41 % entre janvier 2021 et avril 2023, ceux de l’alimentation de 20 %, ceux des produits manufacturés de 8 % et enfin ceux des services de 7 %. C’est au départ l’énergie qui a tiré l’inflation dès 2021, avant que l’alimentation prenne progressivement le relais au cours de l’année 2022. En avril 2023, l’alimentation contribue ainsi à hauteur de 40 % à l’inflation, alors qu’elle ne représente « que » 16 % du panier moyen de consommation.

 

Les évolutions au mois le mois du glissement annuel des prix reflètent tout à la fois les variations mensuelles des prix mais aussi leur situation un an plus tôt ("effet de base"). S’agissant des produits pétroliers par exemple, la baisse des prix sur un an est moins marquée en avril 2023 qu’en mars : en effet, un an plus tôt, en avril 2022, était instaurée la remise à la pompe en réponse à la forte hausse des prix des carburants après le déclenchement de la guerre en Ukraine. S’agissant de l’alimentation, les prix des produits frais, assez volatils, décélèrent sur un an en avril mais ceux des autres produits alimentaires augmentent sur un an à un rythme proche de 16 %, comme en mars. Enfin, les prix des services accélèrent un peu en avril, augmentant leur contribution à l’inflation d’ensemble.

 

Ces légères inflexions en avril ne doivent pas être sur-interprétées mais résument tout de même certaines questions déterminantes pour l’évolution de l’inflation au cours des prochains mois, s’agissant notamment de l’alimentation, des produits manufacturés et des services : à quel moment les prix de l’alimentation et des produits manufacturés pourraient-ils commencer à ralentir, dans le sillage de certains cours mondiaux de matières premières ? Dans quelle mesure l’inflation pourrait-elle se diffuser davantage aux services ?

 

Des signes avant-coureurs d’une détente de certains prix se confirment, mais d’autres aux effets inverses pourraient prendre le relais pour soutenir l’inflation

 

Si l’ampleur des évolutions actuelles présente peu de points de comparaison récents et rend donc la prévision incertaine, quelques indicateurs suggèrent, sinon une baisse, du moins un ralentissement des prix de certains produits manufacturés au cours des prochains mois. Cette inflexion s’observe par exemple depuis quelques mois pour les prix de production (prix en "sortie d’usine" ou "sortie de ferme") de certains secteurs industriels et de l’agriculture. Elle est confirmée par les soldes d’opinion recueillis dans les enquêtes de conjoncture auprès des industriels sur l’évolution probable des prix de vente à l’horizon de 3 mois. En revanche, elle n’apparaît pas à ce stade dans l’enquête sur les services.

 

S’agissant par exemple des produits alimentaires (hors produits frais), les prix agricoles à la production diminuent depuis plusieurs mois, même s’ils restent nettement au-dessus de leur niveau d’avant la crise sanitaire. Les prix à la production des industries agro-alimentaires ne présentent en revanche pas encore d’inflexion à ce stade. À l’horizon de la prévision (juin 2023), les prix à la consommation des produits alimentaires conserveraient un rythme de progression soutenu (entre 15 et 16 % sur un an). Cela n’exclut pas un éventuel ralentissement ultérieur, après les renégociations commerciales annoncées pour la fin du printemps.

 

Le glissement annuel des prix des biens manufacturés resterait quant à lui un peu au-dessous de 5 % sur un an d’ici la mi-2023. Les prix des services pourraient quant à eux légèrement accélérer, avec un glissement annuel prévu à +3,5 % en juin, sur fond de nouvelle revalorisation du Smic au 1er mai. À l’inverse, et sous l’hypothèse d’un baril de Brent à 75 euros, l’énergie contribuerait, par "effet de base", à tasser le glissement annuel de l’indice d’ensemble, prévu à +5,7 % en mai puis +5,4 % en juin. L’hypothèse retenue pour le prix du Brent est proche des cours observés fin avril, mais supérieure à ceux de début mai où leur volatilité a été importante.

 

Le léger tassement de l’inflation d’ensemble prévu pour la mi-2023 ne présume pas de son évolution au cours de la 2e moitié de l’année. En effet, des incertitudes fortes subsistent sur, en particulier, les évolutions à venir des prix dans l’alimentation et sur une éventuelle diffusion plus marquée qu’actuellement de l’inflation au secteur des services.

 

La consommation des ménages reste bridée par l’inflation, tandis que l’investissement s’infléchit sur fond de resserrement monétaire

 

Le contexte de forte inflation pèse depuis plusieurs trimestres sur la consommation des ménages. Au 1er trimestre 2023, celle-ci s’établit ainsi, comme au trimestre précédent, tout juste à son niveau d’avant la crise sanitaire (soit le dernier trimestre 2019), qu’elle avait pourtant dépassé entre la mi-2021 et la mi-2022. En particulier, la consommation alimentaire a nettement reculé en volume (de l’ordre de -9 % sur un an en mars). Ce recul peut traduire une baisse effective de la quantité consommée, mais aussi des changements de gammes de produits achetés. Les grèves qui ont émaillé le 1er trimestre ne semblent pas avoir eu d’effet notable sur la consommation, sauf sans doute sur celle de transport ferroviaire. La confiance des ménages dans la situation économique reste dégradée en avril, malgré un léger regain. Au 2e trimestre 2023, la consommation continuerait donc de marquer le pas : la consommation de biens, dont notamment la consommation alimentaire, continuerait de se replier, tandis que celle de services progresserait de nouveau légèrement et que les dépenses en énergie poursuivraient leur rebond.

 

L’investissement n’apporterait pas non plus d’impulsion à la croissance : l’investissement des entreprises pourrait continuer à ralentir au printemps, sur fond de montée des taux d’intérêt. Celui des ménages diminuerait de nouveau, en lien avec la baisse de la construction de logements neufs et des transactions immobilières. Le commerce extérieur pourrait quant à lui soutenir légèrement la croissance au printemps, comme au premier trimestre.

 

La situation conjoncturelle resterait donc globalement hésitante, les difficultés de demande prenant peu à peu le relais des difficultés d’approvisionnement

 

Les climats des affaires, calculés à partir des réponses des entreprises aux enquêtes, reflètent une situation conjoncturelle qui reste hésitante. De fait, depuis l’été 2022, la croissance trimestrielle du PIB est relativement modeste, de l’ordre de +0,1 % en moyenne. Elle témoigne d’une certaine résistance face à la hausse massive des prix, mais reste en-deçà de ce que l’on aurait pu attendre en l’absence de choc inflationniste.

 

Dans l’industrie manufacturière, les difficultés d’approvisionnement continuent de refluer, même si elles demeurent plus élevées qu’avant la crise. À l’inverse, ce sont les inquiétudes liées à la demande qui tendent à augmenter. Les stocks de produits finis sont d’ailleurs jugés plus importants en avril qu’en mars. La production manufacturière pourrait fléchir au 2e trimestre, malgré une relative bonne tenue de la fabrication de matériels de transport. L’activité industrielle dans son ensemble pourrait néanmoins progresser, à la faveur de la poursuite du rebond de la production d’électricité.

 

Dans la construction, l’activité économique poursuivrait son recul au printemps, comme le suggère par exemple l’enquête de conjoncture menée auprès des promoteurs immobiliers, ou encore le léger repli au premier trimestre de l’emploi salarié dans ce secteur. L’activité serait atone dans le commerce tandis qu’elle progresserait légèrement dans les services, soutenue, entre autres, par un rebond dans les services de transport.

 

Au total la croissance du PIB au 2e trimestre 2023 s’établirait à +0,2 %, comme au trimestre précédent. Cette prévision est inchangée par rapport à la dernière Note de conjoncture. L’acquis de croissance pour 2023 s’élèverait quant à lui à +0,5 % à l’issue du 2e trimestre.

 

Résultats complémentaires des enquêtes de conjoncture

 

Depuis fin 2022, l’Insee a adapté le questionnement des enquêtes de conjoncture pour mieux connaître les évolutions des comportements des ménages et des entreprises dans le contexte de hausse des prix. Les résultats les plus récents ont été collectés en mars 2023.

 

S’agissant des entreprises, le questionnement porte sur les réactions face à la hausse des prix de l’énergie. Les entreprises industrielles déclarent réagir principalement via des hausses de leurs prix de vente, mais elles sont moins nombreuses à déclarer avoir l’intention de les augmenter au cours des trois prochains mois qu’au cours des trois derniers mois.

 

Les ménages sont quant à eux un peu plus nombreux en mars 2023 (72 %) qu’en décembre dernier (68 %) à déclarer avoir changé leurs habitudes de consommation du fait de l’inflation. Concernant l’alimentation, ces changements traduisent davantage qu’en décembre des modifications de gammes de produits consommés, et moins souvent des baisses effectives de consommation

Les commentaires sont fermés.