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Agriculture : la haie, un atout de planification écologique ?

Publié le 4 mai 2023

Depuis 1950, 70% des haies ont disparu des bocages, soit environ 1,4 million de kilomètres. Ces réserves de biodiversité, remparts contre l'érosion des sols, sont pourtant aussi utiles aux rendements agricoles. C'est ce que souligne en particulier un rapport d'avril 2023 sur le rôle des haies comme levier de planification écologique.

En dépit de dispositifs de protection et de soutien, le déclin des haies se poursuit au rythme de 1,5% par an, selon un rapport du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), dépendant du ministère de l'agriculture.

Remis le 26 avril 2023, le rapport du CGAAER sur les haies recommande l’établissement d’une charte pour accompagner les actions de création, de protection, de gestion durable et de valorisation économique des haies, considérées comme un "levier de la planification écologique".

Les haies : des rôles multiples en agriculture

Outils d'aménagement et de production, les haies façonnent les zones rurales et l'agriculture.

Les haies sont bénéfiques pour les cultures, l'élevage, la biodiversité, la protection des cours d'eau, l'intégration paysagère et la diversification des productions.

Rétention des sols et lutte contre l'érosion, effet brise-vent, pollinisation, stockage de carbone, régulation de l’eau, fourniture de biomasse… les haies offrent aussi de nombreux services écologiques.

Entre enjeux agronomiques, écologiques et économiques, la haie champêtre peut toutefois être à la fois objet d'attention mais aussi de rejet.

Face à un recul continu, quelles solutions ?

Les causes de la disparition de la haie sont connues : les campagnes françaises se sont métamorphosées après 1945 sous l'effet du regroupement des terres agricoles (remembrement agricole) et de la mécanisation de l'agriculture.

Malgré de nombreux bienfaits, la disparition des haies continue

Un rythme de disparition de 10 400 kilomètres par an entre 2006 et 2014, puis de 23 500 kilomètres par an entre 2017 et 2021, soit un total de 205 254 kilomètres, l’équivalent de cinq fois la circonférence de la Terre en l’espace de 15 ans : tel est le constat dressé par une mission du CGAAER. En face, les programmes de plantations ont permis de créer environ 3 000 kilomètres de haies par an.

"Si l'accent est souvent mis sur la création de nouvelles haies, il convient avant tout de mieux protéger le linéaire existant", conclut le rapport.

Les recommandations issues du rapport présentent quatre pistes d’amélioration :

• l’importance de la connaissance de la haie (recherche appliquée et diffusion des savoirs, meilleure connaissance des linéaires de haies dans les territoires, formation des techniciens mais aussi des agriculteurs qui entretiennent les haies) ;
• la nécessité de projets de filières, s’appuyant sur des initiatives locales, de haies gérées durablement et valorisées économiquement, comme levier de développement et de plantation de haies ;
• la réaffirmation de la haie comme objet agroécologique (réglementations qui s’appliquent sur la haie et notamment la protègent, mais également promotion et reconnaissance d’une gestion durable de celle-ci) ;
• l’accompagnement en particulier par l’État du déploiement et de la gestion durable de haies dans les territoires.