Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Grippe point épidémiologique 2022-2023 (26 05 2023)

Nous vous proposons aujourd’hui cette note publiée le 11 mai 2023 sur le site du ministère de la Santé (cliquer ici pour accéder au site du ministère de la Santé)

https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/bulletin-national/bulletin-epidemiologique-grippe-semaine-18.-bilan-preliminaire.-saison-2022-2023.html

Bulletin épidémiologique grippe, semaine 18. Bilan préliminaire. Saison 2022-2023.  (Publié le 11 mai 2023)

Points clés en métropole

  • Epidémie exceptionnellement précoce et longue
  • 2 vagues successives, dues aux virus de type A(H3N2) puis B/Victoria
  • Intensité très élevée atteinte au pic en médecine de ville et à l’hôpital
  • Sévérité marquée de l’épidémie, particulièrement chez les 15-64 ans
  • Couverture vaccinale légèrement inférieure à celle de 2021-22

Chiffres clés en métropole

 

Durant la période épidémique, de fin novembre 2022 à fin mars 2023 (soit 19 semaines) :

− 2,1 millions de consultations pour syndrome grippal (réseau Sentinelles)

− Part des syndromes grippaux parmi les consultations de SOS Médecins de 6% à 25% au pic épidémique

− Plus de 110 000 passages aux urgences pour grippe/syndrome grippal, dont 44% de 15-64 ans

− Plus de 15 000 hospitalisations après passage aux urgences, dont 23% de 15-64 ans

Circulation successive des virus de type A(H3N2), majoritaire jusqu’en janvier (S03), avant une prédominance des virus B/Victoria

Couverture vaccinale de 51,5% chez les personnes à risque ciblées par la vaccination

 

BILAN PRELIMINAIRE DE l’EPIDEMIE EN METROPOLE

Une épidémie exceptionnellement longue

A l’échelle métropolitaine, l’épidémie de grippe 2022-23 a démarré fin novembre pour atteindre son pic fin décembre et s’est achevée début avril soit une durée de 19 semaines.

La Bretagne et la Normandie ont été les premières régions à passer en phase épidémique en S47-2022, suivies par les autres régions. En S49-2022, l’ensemble des régions était en épidémie. Début janvier (S03), 3 régions étaient sorties de la phase épidémique : les Hauts-de-France, la Normandie et la Bretagne qui elle, de façon exceptionnelle, est repassée en phase épidémique 2 semaines après (S05). Les 11 régions sont restées en épidémie jusqu’à mi-mars (S10) puis sont passées progressivement en phase post-épidémique. Toutes les régions étaient revenues en phase inter-épidémique fin avril (S17).

Deux vagues épidémiques successives à l’impact contrasté en médecine de ville

D’après les données du réseau Sentinelles, l’ampleur de l’épidémie a été modérée en médecine de ville, avec une estimation de 2 073 000 consultations pour syndrome grippal et un taux de consultations estimé à 374/100 000 habitants (IC95% : 350-398) au pic d’activité fin décembre (S51). Le taux d’incidence le plus élevé a été observé chez les 5-14 ans lors du pic fin décembre.

 D’après les données du réseau SOS Médecins, en comparaison des données observées durant les saisons 2015-2016 à 2021-2022, l’activité pour grippe/syndrome grippal a atteint un niveau d’intensité très élevé en S50 pour atteindre son pic en S51 (25,4%) puis est revenu à un niveau d’intensité modéré en S52. Ce niveau d’intensité très élevé a été atteint chez les 15-64 ans durant ces 2 semaines. Dans les autres classes d’âge, l’activité pour grippe n’a pas dépassé le niveau élevé.

Un impact très élevé à l’hôpital lors de la première vague épidémique

Durant l’épidémie, le réseau Oscour® a enregistré 110 956 passages aux urgences pour syndrome grippal, dont 15 857 ont conduit à une hospitalisation, avec un pic d’activité en S51 pour les passages (avec 56,4/1000 passages) et en S52 pour les hospitalisations (avec 44,4/1 000 hospitalisations). La part d’hospitalisations pour grippe/syndrome grippal au pic de l’activité a atteint un niveau exceptionnellement élevé et les proportions d’hospitalisations par classes d’âge étaient comparables à celles habituellement observées.

En comparaison des données observées durant les saisons 2015-2016 à 2021-2022, l’activité pour grippe/ syndrome grippal parmi les hospitalisations après passage aux urgences a atteint un niveau d’intensité très élevé en S51, demeurant à ce niveau d’intensité durant 2 semaines consécutives, puis est revenue à un niveau modéré en S01.

La proportion d’hospitalisation après passage aux urgences pour grippe était de 14% sur l’ensemble de la période épidémique, indiquant une part importante de formes sévères de grippe. La part d’activité cumulée tous âges des hospitalisations pour grippe/syndrome grippal parmi toutes les hospitalisations depuis la première semaine épidémique était de 9,7/1 000, valeur la plus haute jamais enregistrée lors des épidémies précédentes. Cette sévérité importante par rapport aux épidémies de grippe précédentes était observée dans toutes les classes d’âge et particulièrement marquée chez les 15-64 ans

Entre S40-2022 et S17-2023, 977 cas graves de grippe ont été signalés par les services de réanimation participant à la surveillance. Parmi eux, 7% avaient entre 0 et 4 ans, 4% entre 5 et 14 ans, 50% entre 15 et 64 ans, 38% avaient 65 ans ou plus et pour 1% d’entre eux l’âge n’était pas renseigné. Cent-vingt-et-un décès ont été rapportés (données non consolidées) : 62 chez les 65 ans ou plus, 54 chez les 15-64 ans, 4 chez les moins de 15 ans et 1 dont l’âge n’était pas renseigné. Au total, la majorité des cas était due à un virus de type A (77%). Cependant, la part des cas dus à un virus de type B, en augmentation depuis mi-janvier, est devenue majoritaire à partir de mi-février (S07).

Un nombre modéré de signalements dans les établissements médico-sociaux, dont les collectivités de personnes âgées

Depuis la semaine 40, pour environ 25 500 établissements médico-sociaux recensés en France (dont 10 000 collectivités de personnes âgées), 717 épisodes de cas groupés d’infection respiratoire aiguë (IRA) ont été signalés à Santé publique France, dont 311 ont été attribués à la grippe. La couverture vaccinale contre la grippe était de 89% chez les résidents et de 30% chez le personnel.

Deux vagues successives dominées par des virus grippaux différents

En médecine de ville (réseau Sentinelles), de S40-2022 à S17-2023, 1 402 virus grippaux ont été détectés sur les 4 390 prélèvements réalisés. Parmi ces 1 402 virus, 851 étaient de type A, 174 de sous-type A(H1N1), 11 non sous-typés) et 551 étaient de type B dont 359 de sous-lignage Victoria. 102 cas de co-infection grippe/autre virus respiratoire ont été identifiés dont 22 cas de grippe/VRS, 26 cas de grippe/SARS-CoV-2, 1 cas de grippe A/grippe B, 1 cas de grippe/SARS-CoV-2/rhinovirus et 1 cas de grippe/SARS-CoV-2/VRS.

En milieu hospitalier (réseau RENAL) : de S40-2022 à S17-2023, 36 589 virus grippaux on été détectés sur les 487 793 résultats virologiques transmis au CNR. Parmi ces 36 589 virus, 27 100 étaient des virus de type A et 9 489 étaient de type B .

Une première vague, principalement portée par le virus A(H3N2) a été observée jusqu’à mi-janvier (S03-2023), suivie d’un rebond épidémique principalement dû au virus B/Victoria.

Un impact modéré à élevé sur la mortalité

Au cours de la saison 2022-23,, parmi les 144 504 décès déclarés en métropole par certificat électronique de décès, 1 505 (1,0%) l’ont été avec une mention de grippe comme affection morbide ayant directement provoqué ou contribué au décès. Parmi ces 1 505 décès, 14 étaient âgés de moins de 15 ans, 167 avaient entre 15 et 64 ans et 1 324 étaient âgés de 65 ans ou plus.

L’augmentation de la part des décès liés à la grippe a débuté mi-décembre pour atteindre très rapidement son pic (4,5%) lors de la 1e vague de l’épidémie en S52. Ce pic est supérieur à ceux habituellement observés lors des épidémies de grippe, excepté celui de 2018-2019 et comparable à celui de la saison 2016-17; ces 2 saisons ayant été dominées par la circulation des virus A(H3N2) et un fort impact sur la mortalité.  Les régions ayant rapporté les parts de décès liés à la grippe les plus élevées durant la saison 2022-2023 sont la Normandie (1,5%), l’Ile-de-France (1,3%), la Corse (1,3%) et les Hauts-de-France (1,2%).

Une couverture vaccinale légèrement inférieure à celle de 2021-2022

Les estimations de la couverture vaccinale (CV) chez les personnes à risque ciblées par la vaccination contre la grippe indiquaient une CV à 51,5%, avec 56,2% chez les 65 ans et plus et 31,6% chez les moins de 65 ans à risque de grippe sévère au 28/02/2022. Ces données indiquent une couverture vaccinale légèrement inférieure à celle de la saison 2021/22 (52,6%, avec 56,8% chez les 65 ans et plus et 34,3% chez les moins de 65 ans avec affection de longue durée) et toujours insuffisante au regard de l’objectif fixé par l’OMS à 75% chez les personnes à risque.

CONCLUSION

L’épidémie de la saison 2022-23 a été marquée par la survenue d’une épidémie exceptionnellement précoce et longue, composée de 2 vagues successives. Au niveau national, l’épidémie en métropole a débuté fin novembre et s’est terminée début avril, soit une durée de 19 semaines (versus 11 semaines en moyenne depuis la saison 2011-12). Le pic a été atteint fin décembre, en semaine 51. La 1e vague a été majoritairement due au virus de type A(H3N2), suivie à partir de la S04-2023 d’un rebond épidémique principalement dû au virus B/Victoria. Les virus circulants étaient majoritairement apparentés aux souches vaccinales présentes dans le vaccin de l’hémisphère nord 2022-23 respectivement A/Darwin/9/2021 et B/Austria/1359417/2021.

Au pic de l’épidémie en S51-2022, l’impact de la grippe en médecine de ville a été modéré selon les données du réseau Sentinelles et très élevé selon les données SOS Médecins, avec un niveau d’activité particulièrement élevé chez les 5-14 ans. Durant cette période de congés, il est probable que le recours aux soins en médecine générale pour syndrome grippal était en diminution contrairement au recours à SOS Médecins, pouvant expliquer cette différence de niveaux d’intensité au pic de l’épidémie observée entre ces deux réseaux de surveillance.

A l’hôpital, les données de passages aux urgences et d’hospitalisations après passage pour grippe/syndrome grippal indiquaient un impact très élevé au pic de l’épidémie. La proportion d’hospitalisations après passage aux urgences pour grippe observée était supérieure à la moyenne des épidémies 2014-2022, et la part d’activité cumulée des hospitalisations pour grippe/syndrome grippal parmi toutes les hospitalisations au cours de l’épidémie, tous âges confondus, a été exceptionnellement élevée. Cet impact marqué à l’hôpital a été observé dans toutes les classes d’âge, mais a été particulièrement important chez les 15-64 ans, pourtant habituellement moins concernés par les formes sévères de grippe que les jeunes enfants et les personnes âgées.

Si le nombre de signalements de cas graves de grippe admis en réanimation et d’épisodes d’infections respiratoires aigües réalisés par les établissements médico-sociaux cette saison sont plus élevés que lors de l’épidémie de grippe 2021-22, ceux-ci sont toutefois restés inférieurs aux valeurs habituellement observées lors des épidémies de grippe sévères. Il est très probable que la participation à ces dispositifs de surveillance ait été plus faible que jusqu’en 2019-20, du fait de la pandémie de COVID-19.

Enfin, les données issues de la certification électronique des décès indiquent un impact marqué de l’épidémie de grippe 2022-23 en terme de mortalité. La part de la grippe parmi les décès toutes causes a atteint fin décembre un niveau supérieur à la moyenne des épidémies de grippe précédentes, comparable à celle atteinte au pic de l’épidémie 2016-17 et légèrement inférieure à celle du pic de l’épidémie de 2018-19 ; deux épidémies marquées par une circulation majoritaire de virus A(H3N2) et un fort impact sur la mortalité.

Une épidémiologie atypique de la grippe a également été observée dans les DROM, excepté en Guyane. A Mayotte, deux vagues épidémiques sont survenues, une de novembre à janvier 2022, à une période de l’année où il est rare d’observer une recrudescence épidémique de grippe, et l’autre de plus courte durée de mi-mars à mi-avril. A la Réunion, l’épidémie a été de longue durée avec une survenue de septembre à début janvier, période de l’année où l’on n’observe habituellement pas de circulation active de virus grippaux. En Guadeloupe, l’épidémie est survenue de décembre à avril avec un impact important en ville et à l’hôpital, et en Martinique, elle a débuté plus précocement. En revanche, l’épidémie de grippe est survenue à une période habituelle en Guyane, de décembre à fin février.

L’épidémie de grippe 2022-23 s’est avérée particulièrement sévère lors de la première vague épidémique due au virus A(H3N2) tandis que l’impact de la seconde vague épidémique due au virus B/Victoria est resté faible en ville et à l’hôpital, illustrant les différences importantes qui existent entre les différents virus grippaux en terme de morbidité et de mortalité. La succession de 2 vagues distinctes explique la durée exceptionnellement longue de cette épidémie au niveau national, survenue dans un contexte de co-circulation épidémique d’autres virus respiratoires, notamment le virus respiratoire syncytial responsable de la bronchiolite du nourrisson puis le SARS-CoV-2. Cette co-circulation de 3 virus respiratoires s’est traduite par une triple épidémie de grande ampleur au cours de l’hiver 2022-23, occasionnant une forte tension de l’offre de soins. Dans le contexte de couverture vaccinale contre la grippe toujours insuffisante, il convient de rappeler que la vaccination et les gestes barrières sont les outils les plus efficaces pour se protéger de ces infections et de leurs complications.

Les commentaires sont fermés.