Nous vous proposons aujourd’hui cette note mise à jour le 23 août 2023 sur le site de la Banque de France (cliquer ici pour accéder au site de la Banque de France)
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Enquête mensuelle de conjoncture (Début sept 2023)
Selon les chefs d’entreprise participant à notre enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 29 août et le 5 septembre), l’activité a progressé en août dans les services et le bâtiment et s’est repliée dans l’industrie, sous l’effet notamment de fermetures estivales prolongées dans certains secteurs. Pour septembre, les chefs d’entreprise anticipent une progression de l’activité dans les trois grands secteurs, avec néanmoins un ralentissement dans les services. Dans l’industrie, la reprise de septembre serait alimentée par le report de productions non réalisées en août dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique notamment. Au-delà, les carnets de commandes se dégradent à des niveaux en deçà de leurs moyennes de long terme.
Les difficultés d’approvisionnement continuent de diminuer dans le bâtiment (10 % des entreprises les mentionnent en août, après 13 % en juillet) et dans l’industrie (17 %, après 21 %). Pour le cinquième mois consécutif, les industriels jugent que les prix sont en nette baisse pour les matières premières et que ceux des produits finis se stabilisent.
Dans les trois grands secteurs, la proportion d’entreprises ayant augmenté leurs prix le mois précédent continue de reculer et de se rapprocher de ses niveaux pré-Covid.
Les difficultés de recrutement reculent quelque peu mais concernent encore la moitié des entreprises (50 %, après 52 %).
Notre indicateur d’incertitude recule dans le bâtiment et demeure stable dans l’industrie et les services marchands. La situation de trésorerie reste jugée dégradée dans l’industrie et dans les services.
Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que le PIB continuerait de progresser au troisième trimestre 2023, mais sur un rythme sensiblement plus modéré (compris entre + 0,1 % et + 0,2 % en variation trimestrielle, après + 0,5 % au trimestre précédent).
1. En août, l’activité progresse dans les services et le bâtiment, mais se replie dans l’industrie
En août, l’activité se replie dans l’industrie. Ce recul est plus particulièrement prononcé dans certains secteurs, mais pour diverses raisons. Dans l’aéronautique, l’activité se replie fortement ; le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) diminue de deux points par rapport à juillet (de 76 % à 74 %), pour cause de reports de production sur septembre, décidés sous l’effet de difficultés cumulées d’approvisionnement et de recrutement. Dans l’industrie automobile, une demande finale quelque peu morose pénalise l’activité de l’ensemble de la filière, notamment dans le caoutchouc-plastique. Enfin, dans le bois-papier-imprimerie, l’activité est mal orientée du fait d’un recul de la demande en papier en provenance de la grande distribution et de la demande en bois pour la construction.
À l’inverse, la pharmacie connaît un regain d’activité, résultant de la constitution de stocks de précaution et d’une meilleure visibilité sur l’évolution du carnet de commandes.
Les produits informatiques, électroniques et optiques témoignent d’un dynamisme important de l’activité, stimulée par la demande en composants électroniques et par le marché militaire.
Les stocks de produits finis progressent légèrement en août, avec des mouvements contrastés entre secteurs. Dans la pharmacie, les produits informatiques, électroniques et optiques se renforcent. À l’inverse, les stocks diminuent dans la chimie, la plasturgie, l’aéronautique et l’automobile.
Dans les services marchands, l’activité continue de progresser. Parmi les services aux entreprises, les activités juridiques et comptables, le conseil en gestion et les services informatiques sont les plus dynamiques, alors que les services d’information sont défavorablement orientés. Pour les services aux particuliers, les activités de loisirs et les services à la personne enregistrent de fortes progressions, alors que la location et la réparation automobile, ainsi que l’hébergement et la restauration se replient.
L’activité progresse légèrement dans le bâtiment, dans le gros œuvre comme dans le second œuvre.
Les soldes d’opinion sur la situation de trésorerie restent à peu près inchangés dans l’industrie et les services, en demeurant à des niveaux inférieurs à leur moyenne de long terme.
- En septembre, selon les anticipations des entreprises, l’activité progresserait dans les trois grands secteurs, avec néanmoins un ralentissement dans les services
Pour le mois de septembre, dans l’industrie, les chefs d’entreprise anticipent un rebond de l’activité. Celui-ci serait particulièrement important dans l’automobile et l’aéronautique, et dans une moindre mesure dans les machines et équipements, sous l’effet des reports de production non réalisées en août. Dans la pharmacie et les produits informatiques, électroniques et optiques, le dynamisme constaté en août se poursuivrait en septembre.
Dans les services, l’activité continuerait de progresser, mais à un rythme moins soutenu. Certains secteurs seraient en net repli, notamment les activités de loisirs et de services à la personne, tandis que les secteurs de l’édition, des services informatiques, des activités juridiques et comptables ou de conseil en gestion enregistreraient un ralentissement de l’activité. À l’inverse, l’activité rebondirait dans la réparation automobile et l’hôtellerie-restauration.
Enfin, dans le bâtiment, les chefs d’entreprise anticipent une progression de l’activité, dans le gros œuvre comme dans le second œuvre.
Notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées se replie pour le deuxième mois consécutif dans le bâtiment. Il demeure stable dans l’industrie et les services marchands.
L’opinion sur la situation des carnets de commande dans l’industrie se dégrade en août. Ceux-ci sont particulièrement bas dans le bois-papier-imprimerie, l’industrie chimique, le caoutchouc-plastique et l’industrie agro-alimentaire.
Dans le bâtiment, les carnets de commande se stabilisent. Depuis mi-2022, le tassement des carnets dans le bâtiment est essentiellement imputable au gros œuvre, qui pâtit du net recul dans la construction neuve ; les carnets du second œuvre sont en revanche stables depuis l’automne dernier, à un niveau qui demeure supérieur à la moyenne de long terme.
3. Les difficultés d’approvisionnement se raréfient ; le rythme de hausse des prix de vente se rapproche de son niveau pré‑Covid
En août, les difficultés d’approvisionnement diminuent à nouveau dans l’industrie (17 %, après 21 % en juillet) et dans le bâtiment (10 %, après 13 %).
Dans l’industrie, le solde d’opinion sur les prix des matières premières indique une poursuite de la baisse, pour le cinquième mois consécutif, mais à un rythme qui ralentit progressivement. Le solde d’opinion sur le prix des produits finis se stabilise.
De façon plus détaillée, 4 % des industriels déclarent avoir augmenté leurs prix de vente ce mois-ci, à comparer à 9 % le mois dernier et à 21 % en août 2022. Par ailleurs, 6 % des
industriels déclarent avoir baissé leurs prix de vente en août, en lien avec la détente des prix des matières premières ; en comparaison, cette proportion avoisinait 3 % durant la période pré-Covid (2017-2019), et était tombée à près de 1 % il y a un an. Les baisses de prix de produits finis sont les plus répandues dans le bois-papier-imprimerie et la chimie.
Dans le bâtiment, 7 % des entreprises ont augmenté leurs prix ce mois-ci (à comparer à 9 % le mois dernier et à 30 % en août 2022), tandis que 2 % des entreprises indiquent appliquer des baisses de prix, à comparer à moins de 1 % en moyenne entre mi-2021 et fin 2022.
Dans les services, la proportion d’entreprises indiquant une hausse de leur prix s’établit à 8 %, à comparer à 11 % le mois dernier et à 15 % il y a un an.
Les proportions de chefs d’entreprise prévoyant de relever leurs prix en septembre sont orientées très légèrement à la hausse dans l’industrie (8 %), les services marchands (12 %), et le bâtiment (9 %), ce résultat pourrait en partie résulter de pratiques saisonnières de révision des prix à la rentrée. Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement. Celles-ci diminuent en août et concernent 50 % des entreprises interrogées dans l’ensemble des secteurs, contre 52 % en juillet ; elles demeurent particulièrement élevées dans l’aéronautique.
4. Nos estimations suggèrent une croissance modérée de l’activité au troisième trimestre
Sur l’ensemble du troisième trimestre 2023, nous estimons que le volume du PIB serait en légère hausse, de 0,1 % à 0,2 % par rapport au trimestre précédent. Après une hausse du PIB nettement plus élevée que prévu au deuxième trimestre, tirée notamment par des phénomènes de rattrapage en matière de production d’énergie, l’activité économique ralentirait durant l’été, mais continuerait de croître, portée par les secteurs de l’industrie manufacturière, de l’énergie et des services marchands.
L’industrie manufacturière est notamment soutenue par le secteur des matériels de transport bénéficiant d’un effet de rattrapage lié à la fin des perturbations des chaînes de valeur. Le secteur de l’énergie continuerait de bénéficier de l’effet positif associé à la réouverture des centrales, même si celui-ci devrait s’estomper progressivement. Enfin les services affichent une bonne résilience sur le trimestre.
Les informations de l’enquête à un niveau de désagrégation fin, ainsi que d’autres données disponibles (Insee et données à haute fréquence) indiquent une activité allante en juillet, légèrement en recul dans l’industrie en août (en raison du recul ponctuel de l’activité dans les matériels de transports), mais qui se redresserait en septembre. La valeur ajoutée dans les services marchands resterait en hausse, y compris au mois d’août, notamment portée par les services aux ménages (activités de loisirs et services à la personne) et par les services aux entreprises. Toutefois, les données à haute fréquence que nous suivons à titre de complément de l’enquête suggèrent que les services de transports ainsi que le commerce seraient en baisse.