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La désinflation en bonne voie (09 01 2024)

Nous vous proposons aujourd’hui un extrait d’une note de conjoncture publiée le 14 décembre 2023 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)

https://www.insee.fr/fr/statistiques/7735143.html

cliquer ici pour accéder au texte complet (pdf) de cette note :

file:///C:/Users/Utilisateur/Downloads/ndc-dec-2023%20(1).pdf

 

La désinflation en bonne voie

Fin 2023, la croissance européenne au creux de la vague

En 2023, les principales économies mondiales ont évolué en ordre dispersé. L’Europe – en particulier l’Allemagne – a davantage été exposée au choc de prix énergétique, tandis que l’économie américaine a bénéficié, entre autres, d’un fort soutien budgétaire. Le rebond chinois a quant à lui été inférieur aux attentes, les moteurs traditionnels de la croissance (immobilier, investissement) paraissant essoufflés.

 

En Europe, le choc énergétique tend maintenant à s’estomper et l’inflation a commencé à baisser graduellement, redonnant un peu d’air à la consommation des ménages. Dans le même temps, le niveau des taux d’intérêt pèse sur l’investissement et la dépense à crédit. Fin 2023, la croissance de la zone euro pourrait se trouver au creux de la vague : l’activité resterait atone au quatrième trimestre 2023, mais le récent redressement des enquêtes de conjoncture dans l’industrie allemande suggère qu’un rebond est possible au premier semestre 2024, sur fond de reprise modérée du commerce mondial. Les écarts de croissance pourraient ainsi se resserrer entre les principales économies de la zone euro.

 

Reflux des tensions inflationnistes .

 

L’épisode inflationniste a pris plutôt la forme d’une « bosse » en France et d’un « pic », plus intense, chez ses principaux partenaires. Ces différences s’expliquent en partie par le calendrier et les modalités des mesures de limitation des hausses de prix, comme le bouclier tarifaire en France. Au total, et relativement à ses principaux partenaires, le cumul de la hausse des prix depuis 2019 apparaît à ce stade un peu inférieur en France (près de +16 % en octobre 2023 par rapport à 2019, s’agissant de l’indice des prix à la consommation harmonisé, contre près de +19 % pour la zone euro dans son ensemble, près de +20 % aux États-Unis et plus de +22 % au Royaume-Uni).

 

Si la poussée inflationniste a été plus élevée et moins éphémère que ce qui était généralement envisagé il y a deux ans, les derniers chiffres disponibles indiquent que nous ne sommes pour autant pas entrés dans une dynamique autoentretenue, du type de celle des années 70 : en particulier, l’inflation dans les services, la plus susceptible de générer une spirale prix-salaires car déterminée avant tout par le coût du travail, a été moins élevée qu’attendu jusqu’en novembre. Elle resterait un peu soutenue au cours des prochains mois mais sans pour autant accélérer.

 

Les indicateurs avancés (prix à la production, soldes d’opinion des enquêtes de conjoncture auprès des entreprises) suggèrent que le reflux de l’inflation se poursuivrait au cours des prochains mois en France, même s’il ne serait pas forcément continu. Le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation s’établirait ainsi aux alentours de 2,5 % à partir du printemps 2024 (et un peu moins pour l’inflation sous-jacente). Après l’énergie, l’inflation baisserait ainsi nettement pour l’alimentation et les produits manufacturés – sans forcément que le niveau des prix, lui, diminue.

 

Vers un rebond du pouvoir d’achat

 

Après avoir ralenti au troisième trimestre 2023, le salaire moyen par tête (SMPT) dans les branches marchandes accélérerait en fin d’année, à la faveur notamment de versements importants de primes de partage de la valeur. Son glissement annuel redeviendrait alors supérieur à celui de l’indice des prix à la consommation et il le resterait à l’horizon de la prévision (mi-2024), même si le SMPT décélérerait au printemps en lien avec le ralentissement des prix. La revalorisation automatique du Smic début 2024 serait de l’ordre de +1,1 %.

Le pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages rebondirait au quatrième trimestre 2023, tiré par les revenus d’activité, puis resterait dynamique début 2024 sous l’effet des prestations sociales et notamment de l’indexation sur l’inflation des retraites de base. Au total en 2023, les gains de pouvoir d’achat seraient en ligne avec la croissance (+0,8 %, soit +0,3 % par unité de consommation – U. C.), avec une contribution non négligeable des revenus du patrimoine, du fait notamment des hausses de taux qui soutiennent la rémunération des épargnants. Le pouvoir d’achat des ménages devrait être plus dynamique en 2024 (+1,2 % d’acquis à la mi-2024, soit +0,8 % par U. C.).

 

Du côté des entreprises, la hausse du coût réel du travail pèserait sur l’évolution du taux de marge fin 2023. Celui-ci rebondirait néanmoins au premier semestre 2024 sous l’effet de la baisse du taux de cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises et d’une légère hausse de la productivité. Il s’établirait à 32,8 % au printemps 2024, un peu au-dessus donc de son niveau d’avant la crise sanitaire.

 

La croissance française serait hésitante fin 2023, puis un peu plus allante au 1er semestre 2024

 

En novembre, les enquêtes de conjoncture collectées par l’Insee auprès des entreprises montrent un nouvel effritement du climat des affaires comme du climat de l’emploi. En parallèle, les premiers indicateurs « en dur » relatifs au mois d’octobre (consommation des ménages en biens, production industrielle) suggèrent une croissance atone au quatrième trimestre 2023. Après son rebond cet été, la consommation des ménages ne progresserait pas cet automne, en partie sous l’effet de températures clémentes qui ont entraîné de moindres dépenses d’énergie. La production industrielle serait également quasi stable, tandis que l’investissement fléchirait. À l’inverse, les exportations bénéficieraient ce trimestre d’importantes livraisons aéronautiques et navales. Au total sur le trimestre, la croissance serait nulle (0,0 % après -0,1 % au troisième trimestre). La croissance annuelle en 2023 s’élèverait alors à +0,8 %.

 

L’activité pourrait ensuite accélérer quelque peu au premier semestre 2024 (+0,2 % prévu par trimestre), à la faveur de la désinflation et d’une reprise modérée du commerce mondial, même si les effets du resserrement monétaire passé continueraient de se faire sentir sur l’investissement et notamment de pénaliser le secteur de la construction. La consommation tout comme la production industrielle repartiraient ainsi à la hausse et l’investissement des entreprises se maintiendrait tout juste. L’acquis de croissance à mi-année pour 2024 serait relativement modeste, de l’ordre de +0,5 %.

 

Le taux de chômage augmenterait légèrement

 

Depuis début 2023, l’emploi a continué de progresser mais a tout de même ralenti dans le sillage de l’activité économique. En prévision, l’emploi en alternance, qui avait nettement contribué à la hausse globale entre 2020 et 2022, resterait stable, de même que l’emploi salarié hors alternance, malgré une légère accélération au deuxième trimestre 2024, en lien avec celle de l’activité. À la mi-2024, la hausse du nombre d’emplois créés sur un an atteindrait ainsi 0,3 %, contre 1,1 % entre mi-2022 et mi-2023.

 

Sous l’hypothèse d’une hausse modérée de la population active, du fait notamment de l’effet de la réforme des retraites sur l’activité des séniors, le taux de chômage augmenterait de 0,1 point au quatrième trimestre 2023 et au premier trimestre 2024, jusqu’à 7,6 % de la population active, puis se stabiliserait au printemps.

 

Les aléas susceptibles d’affecter ce scénario central restent nombreux

 

Si le scénario présenté dans cette Note se veut central, d’autres trajectoires sont évidemment possibles autour de celui-ci, s’agissant de la croissance économique comme de l’inflation. Les fluctuations des cours du pétrole et plus globalement les évolutions géopolitiques peuvent bien sûr affecter, à la hausse mais aussi à la baisse, les prévisions d’inflation. L’impact du resserrement monétaire sur les économies européennes reste difficile à prévoir de manière précise. Enfin, l’arbitrage consommation/épargne des ménages est également susceptible de faire bouger les lignes.

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