Article de M. Yves Mamou lu sur le site du Monde du 12 janvier 2008
La fédération des syndicats pharmaceutiques français (FSPF) a dénoncé, mercredi 9 janvier, la hausse des prix au 1er janvier d'un certain nombre de médicaments qui avaient été sortis courant 2007 des produits remboursables par la Sécurité sociale. La liste des principaux médicaments établie par la FSPF (prix HT) concerne principalement des veinotoniques, lesquels représentent 90 millions de boîtes vendues par an pour un chiffre d'affaires global de 400 millions d'euros.
Il s'agit du Daflon (Servier), qui passe de 3,94 à 5,23 euros (+ 33 %), de l'Endotelon (Sanofi-Aventis), de 2,80 à 2,98 euros (+ 6 %), du sirop Pneumorel (un antitussif de Servier) qui augmente de 294 % à 3,47 euros, ou encore du Pneumorel en comprimé, qui a été porté à 5,78 euros (+ 64 %). Sont aussi concernés : l'Esberiven (Abbott), qui a été amené à 4,02 euros (+ 16 %), le Difrarel (Leurquin Mediolan), qui grimpe à 3,60 euros (+ 70 %), le Praxinor (Merck), qui augmente de 7 % à 1,63 euro, ou encore l'Hirucreme (Bayer), qui passe de 2,48 à 4,67 euros (+ 88 %).
Lehning, qui écoule chaque année 900 000 boîtes du veinotonique Climaxol, a modifié le conditionnement du médicament et propose maintenant le flacon de 60 ml (30 ml auparavant) à 3,47 euros, contre 0,85 euro hors taxe. "C'est un produit qu'on gardait pour faire plaisir aux clients, note Antoine Giovannangeli, directeur commercial de Lehning. Le déremboursement va faire chuter les ventes de 80 % : il est donc naturel d'augmenter les prix."
Un raisonnement que tous les laboratoires ne suivent pas : certains, comme Sanofi-Aventis, qui anticipent une chute des ventes, ont juste reporté sur le client la hausse des coûts de production ; d'autres, comme GTF ou Pierre Fabre, ne veulent pas brimer le patient. Ainsi, le prix de Ginkor (GTF) est resté inchangé à 4,41 euros, tandis que celui du Cyclo 3 (Pierre Fabre) baisse de 13 % (3,63 euros, contre 4,16) pour que la hausse de la TVA consécutive au déremboursement ne soit pas infligée au patient en sus d'une hausse des prix.La vraie surprise vient de la FSPF. Philippe Gaertner, son président, aurait pu se réjouir que la marge des pharmaciens augmente mécaniquement au prorata des hausses de prix. Mais la Fédération qui représente l'"artisan pharmacien", propriétaire de son officine, estime que ces hausses excessives travaillent contre elle.
En effet, la FSPF sait que le gouvernement souhaite restructurer la distribution des médicaments. Elle craint fortement les pressions de Bruxelles concernant l'ouverture du capital des officines et la constitution d'authentiques réseaux de pharmacies. Dans cette perspective, le laboratoire qui multiplie ses prix par cinq consentira des remises importantes aux centrales d'achat des réseaux, et à elles seulement. Le risque étant ensuite que le client aille là où l'automédication est la moins chère.