Des médecins appellent à un usage prudent des portables
Quand saura-t-on avec certitude si les centaines de millions de personnes qui utilisent intensivement des téléphones portables sont ou non exposées à un risque sanitaire ? Depuis l'apparition de ce nouveau mode de communication, la controverse est récurrente.
Elle est aujourd'hui relancée par un appel solennel à la prudence lancé dans les colonnes du Journal du dimanche, dimanche 15 juin, par vingt personnalités françaises et étrangères du monde scientifique et de la cancérologie, dont les professeurs Henri Pujol, ancien président de la Ligue nationale contre le cancer, et Lucien Israël.
Inquiets des possibles conséquences cancéreuses d'un usage intensif de ces appareils sur le tissu cérébral des utilisateurs, les signataires de cet appel dressent une liste de mesures de précaution simples qui doivent, selon eux, être prises dans l'attente d'une évaluation épidémiologique rigoureuse et objective des risques.
Il conviendrait ainsi de ne pas autoriser, sauf en cas d'urgence, les enfants de moins de 12 ans à utiliser ce type de téléphone. Il est aussi recommandé de maintenir le téléphone à plus d'un mètre du corps lors des communications, en ayant recours au mode haut-parleur, à un kit mains libres ou encore à une oreillette.
Les signataires estiment également indispensable d'éviter, autant que faire se peut, de porter un téléphone mobile sur soi. Ils suggèrent enfin de communiquer plutôt par SMS et de ne pas utiliser l'appareil lorsque la force du signal est faible et lors de déplacements en voiture ou en train.
Ces recommandations sont formulées au nom du principe de précaution et se fondent sur quelques publications scientifiques récentes et controversées. Elles reprennent en partie celles formulées par les autorités sanitaires françaises, pour lesquelles aucun argument objectif ne permet toutefois, aujourd'hui, d'affirmer que les téléphones portables exposent leurs utilisateurs à un risque sanitaire notable.
L'IMPACT DES FAIBLES DOSES
"Je suis pour l'essentiel en accord avec l'analyse des signataires de cet appel à la prudence, déclare le professeur Elisabeth Cardis, du Centre pour la recherche en épidémiologie environnementale (Barcelone), qui coordonne l'étude épidémiologique internationale Interphone. Il faut toutefois savoir que les résultats de certaines études sur les effets biologiques sont actuellement remis en question. Mais en l'absence de résultats définitifs et compte tenu d'un certain nombre d'études qui, bien que limitées, suggèrent un effet possible des radiofréquences, j'estime que des précautions s'imposent et qu'il faut restreindre l'utilisation des portables chez les plus jeunes."
On attend depuis plus de quatre ans les conclusions de l'étude Interphone, menée dans treize pays sous l'égide du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Cette étude a été lancée en 2000, mais les chercheurs sont confrontés à de nombreuses difficultés techniques inhérentes à l'évaluation de l'impact des faibles doses. En pratique, ils ont identifié de manière rétrospective plusieurs milliers de cas de cancers (tumeurs cérébrales, du nerf acoustique et de la glande parotide) avant de chercher à évaluer l'existence d'un risque