Article de M. Thibaut Madelin publié le 7 janvier 2009 sur le site des Echos (cliquer ici pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/info/energie/4815811.htm?xtor=EPR-1000
La vague de froid a contraint hier Réseau de Transport d'Electricité (RTE) à employer les grands moyens, demandant aux habitants de Bretagne et Provence-Alpes-Côte d'Azur de « baisser impérativement leur consommation ». Une première pour la filiale d'EDF depuis la mise en place du système il y a deux ans.
Alerte rouge en Bretagne et en Provence-Alpes-Côte d'Azur ! La vague de froid a contraint hier Réseau de Transport d'Electricité (RTE) à employer les grands moyens, demandant aux habitants de ces régions de « baisser impérativement leur consommation ». C'est la première fois que la filiale d'EDF lance ce niveau d'alerte depuis la mise en place du système il y a deux ans. Sur l'ensemble du pays, la baisse soudaine des températures a entraîné hier soir une pointe de consommation de 91.500 mégawatts (MW), un record historique. Au début des années 2000, la pointe française s'établissait encore à 75.000 MW. « On a à faire à des conditions météorologiques exceptionnelles, avec des températures de 7 degrés en dessous des normales saisonnières, explique Dominique Maillard, le président de RTE. Mais on constate également que la croissance de la consommation d'électricité est encore plus forte en période de pointe. »
La raison de cet emballement ? Les habitudes de consommation. En rentrant chez eux après le travail, les Français allument leur plaque de cuisson, leur télévision et surtout, augmentent le thermostat de leurs radiateurs. Or la France, championne du nucléaire, a depuis des années favorisé le développement du chauffage électrique.
Autre facteur de consommation accrue, la flambée des combustibles a incité les Français à se tourner vers d'autres types de chauffage que le fioul. Par ailleurs, ceux qui ont opté pour la pompe à chaleur atmosphérique doivent utiliser des radiateurs électriques lorsque la météo devient défavorable.
In fine, quand la température baisse de 1 degré, la consommation française augmente de 2.100 MW, contre 1.800 MW il y a deux ans et 1.500 MW au début des années 2000. Face à cette évolution, EDF a investi dans des moyens de production dits de pointe : des centrales tournant au charbon, au gaz ou encore au fioul. Le groupe a ainsi mis ou remis en service plus de 3.100 MW depuis 2005.
Malgré cet effort, l'électricien est obligé de recourir à d'autres solutions. La première repose sur les importations. Hier soir, la France devait être importatrice nette de courant pendant la pointe, une rareté. Qui représente un coût : entre le 31 décembre et le 5 janvier, le cours du mégawatt pour livraison le lendemain est passé sur Powernext de 38 à 96,50 euros...
Autre réponse, EDF a demandé à une partie des industriels de moins consommer, en vertu d'un contrat prévoyant cet « effacement ». Reste le recours des recours : le délestage, autrement dit la coupure de courant. C'est pour éviter cette mesure d'urgence que RTE a procédé à des alertes rouges. Il faut dire que les régions concernées sont extrêmement fragiles. On les appelle d'ailleurs des péninsules électriques. La Bretagne ne produit que 7 % de l'électricité qu'elle consomme. De son côté, le réseau de Paca est faible. Un projet de ligne à très haute tension dans les gorges de Verdon a été annulé par le Conseil d'Etat en 2006. Il y a un mois, l'Etat a décidé de lancer un nouveau projet, en enterrant cette fois la ligne. « Le réseau a ses limites », admet Dominique Maillard. Mais il insiste : l'équilibre entre l'offre et la demande n'est pas un problème en termes de capacités pour l'ensemble du pays, qui produit beaucoup. La preuve ? La France restait exportatrice nette durant la pointe de lundi soir. La fragilité se concentre, selon lui, sur les deux péninsules électriques.