Article de Mme Laurence Caramel, publié le 7 janvier 2009 sur le site du Monde (cliquer ici pour accéder au site du Monde)
http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/01/07/la-mefiance-s-installe-entre-le-gouvernement-et-les-ecologistes_1138752_3244.html#xtor=EPR-32280154
L'heure n'est plus aux sourires complices sur les perrons ministériels pour célébrer la "révolution écologique" engagée par la France en octobre 2007. Alors que le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, présente, mercredi 7 janvier, en conseil des ministres la deuxième partie du projet de loi Grenelle qui décline concrètement et conformément aux promesses les engagements environnementaux du gouvernement, l'Alliance pour la planète met en ligne sur son site la carte de France des projets, selon elle, "Grenello-incompatibles".
Circuit de Formule 1 dans les Yvelines sur des terres destinées à l'agriculture biologique, nouvel aéroport de Nantes, autoroute Pau-Langon, extension du port méthanier du Havre-Antifer, futur stade de l’Olympique de Marseille sans solution de transport en commun….
La coalition qui regroupe les Amis de la Terre, Greenpeace, Max Havelaar, le Fonds mondial pour la nature (WWF) et plusieurs dizaines d'autres organisations recense au total une vingtaine de projets sur une carte appelée à s'enrichir. Le site est conçu comme un outil de veille interactif sur lequel les associations locales pourront alerter sur toutes les initiatives jugées préjudiciables. "De trop nombreux projets s'inscrivent, au coeur de nos territoires, en contradiction totale avec l'esprit du Grenelle", explique Gael Roustan de l'Alliance pour justifier la méfiance qui s'est installée entre le gouvernement et les associations écologistes.
Le plan de relance annoncé par Nicolas Sarkozy qui consacre la construction de trois tronçons d'autoroutes a largement contribué à cette dégradation. Le compromis européen sur le paquet "climat-énergie", le discours des voeux où la priorité environnementale n'a été évoquée à aucun moment par le président de la République, n'ont rien arrangé.
" La relance économique qu'on nous a concoctée est basé sur ce qui a fonctionné au XXe siècle (...) avec force vente de voitures et kilomètres d'autoroutes, une pincée d'immobilier en banlieue étalée, et en nommant même un ministre (Patrick Devedjian) pour faire le contraire de ce que devrait normalement faire M. Borloo", enrage Jean-Marc Jancovici, membre du conseil scientifique de la fondation Nicolas Hulot.
"VERDIR" LES CRÉDITS
La secrétaire d'Etat à l'écologie, Nathalie Kosciusco-Morizet corrige cette présentation : "35 % des dépenses du plan de relance sont des investissements verts et vont nous permettre de financer de façon anticipée de nombreuses mesures du Grenelle". Comme la rénovation thermique des bâtiments administratifs ou les études préparatoires à la réalisation de la ligne ferroviaire à grande vitesse Strasbourg-Paris.
Elle ne désespère pas d'aller au-delà en "verdissant les crédits d'investissements accordés aux autres ministères et en veillant à ce que la simplification des procédures qui peuvent entraver l'activité économique ne se fasse pas au détriment de l'environnement". Interpellé lors de sa rencontre avec les ONG le 19 décembre, le chef de l'Etat a donné son accord de principe.
"Le projet de loi Grenelle 2 doit constituer un des principaux piliers du plan de lutte contre la crise. Pour cela, il est important mais pas suffisant qu'il soit globalement conforme aux engagements du Grenelle. Il faut aller au delà pour construire une relance vraiment verte", défend Arnaud Gossement, le porte-parole de France Nature Environnement (FNE). Le texte devrait être examiné par le Parlement à partir de mars. D'ici là, les associations tenteront de convaincre les élus de porter leurs amendements.