22 février 2010
Réchauffement : les climato-sceptiques
Réchauffement : ce que disent vraiment les climato-sceptiques
Un aréopage non négligeable de scientifiques et d'observateurs avertis affirme que la toute jeune climatologie peine encore à déchiffrer le système infiniment complexe qui régit le climat de notre planète. Ils contestent aussi la méthodologie utilisée pour reconstituer l'évolution des températures sur longue période et établir le réchauffement actuel. Enquête sur un débat polémique.
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« Le climat est un système extrêmement complexe. Notre ignorance sur le sujet est abyssale et les scientifiques, de même que les hommes politiques, doivent avoir l'humilité de le reconnaître », estime de son côté John Christy, professeur de sciences atmosphériques à l'université de l'Alabama et directeur du Earth System Science Center. Collaborateur au troisième rapport du Giec, publié en 2001, il déplore que « les médias et les politiques [aient] largement contribué à polariser le débat entre deux camps entre lesquels le débat est impossible : les " anti-carbone " et les " sceptiques " ».…/…
Au coeur du problème gît l'insuffisance des données. Les premières stations météorologiques sont apparues en 1849. Or ces données n'ont pas été recueillies ni archivées avec la rigueur scientifique qui s'impose, dans la mesure où la science du climat n'a pas émergé avant les années 1970. Il a encore fallu attendre 1979 pour que les analyses satellites fournissent une source fiable d'informations. Les climatologues se sont lancés alors dans une exploration effrénée de ce nouveau champ scientifique, sans toujours appliquer avec suffisamment de constance le critère de reproductibilité qui permet de confirmer toute nouvelle découverte.
…/… Face à l'insuffisance des éléments nécessaires pour établir l'ampleur du réchauffement actuel, les climatologues ont recours à des informations indirectes, ou « proxies », pour reconstruire l'historique du climat (paléoclimatologie). L'analyse des cernes d'arbres, de forage ou de carottes glaciaires sont les méthodes les plus employées. …/… Or, les paléoclimatologues s'étaient aperçus que les « proxies » indiquaient une baisse des températures sur cette période, alors que les instruments modernes montraient un réchauffement.
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Simultanément, les sceptiques considèrent les modèles climatiques prévisionnels avec circonspection. « Ils exagèrent la réalité actuelle et les scénarios pour le futur », estime John Christy. Il souligne que trop de facteurs restent insuffisamment compris pour écrire le futur avec certitude. Par exemple, l'impact des nuages commence à peine à être étudié sérieusement. Les oscillations climatiques décennales des océans et les cycles d'activité solaire sont encore ignorés des modèles climatiques. « Il est urgent que les gouvernements investissent afin d'accélérer la recherche, insiste John Christy. Il est dangereux d'établir des politiques à long terme quand on ignore encore tant de choses. »