http://www.senat.fr/questions/base/2018/qSEQ180706346.html
Question écrite n° 06346 de Mme Marie-Françoise Perol-Dumont (sénatrice de Haute-Vienne)
Mme Marie-Françoise Perol-Dumont attire l'attention de M. le secrétaire d'État, auprès du Premier ministre, chargé du numérique sur les dangers de l'illectronisme, c'est-à-dire de l'illettrisme numérique, dans un contexte où le Gouvernement a pour objectif la dématérialisation totale des services publics en 2022. Si l'on peut se féliciter d'une telle initiative qui vise à améliorer la qualité des services publics pour les usagers, à offrir un environnement de travail modernisé aux agents publics et à accompagner la baisse des dépenses publiques pour les contribuables, une telle reforme va rendre incontournable l'utilisation des outils numériques.
Or, on peut s'interroger sur le fait que chacun de nos concitoyens sera à même de maîtriser ces outils dans quatre ans alors que l'illectronisme affecte 15 % de la population française. En effet, et contrairement aux idées reçues, cette problématique ne concerne pas que les personnes d'un certain âge mais bien une frange de la population assez large : de nombreux jeunes en situation de précarité sont par exemple tout à fait capables d'utiliser Facebook sur leur smartphone sans, dans le même temps, être capables de réaliser une démarche en ligne. Au-delà des seules démarches administratives, il va devenir de plus en plus compliqué d'exercer un travail, ou d'en rechercher un, sans savoir se servir d'un ordinateur.
Elle lui demande donc ce qu'il entend mettre en place pour que chacun puisse être à même d'appréhender sereinement en 2022 la dématérialisation promise par le Gouvernement.
Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé du numérique publiée dans le JO Sénat du 11/10/2018 p. 5185
En décembre 2017, le secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé du numérique, M. Mounir Mahjoubi, a lancé l'élaboration d'une stratégie nationale pour un numérique inclusif dont l'objectif est d'accompagner les 13 millions de Français qui sont en difficulté face au développement toujours plus rapide des technologies et usages numériques. Dans ce cadre, le Gouvernement, les associations d'élus partenaires, les collectivités et les acteurs locaux, publics ou privés, se sont engagés à élaborer conjointement une feuille de route dont l'objectif est clair : favoriser ou permettre l'acquisition de compétences numériques de base pour tous.
Un rapport a été remis le 28 mai dernier à M. Mounir Mahjoubi, qui explicite les recommandations de l'ensemble des parties prenantes pour la mise en place de stratégies d'inclusion numérique (disponible à l'adresse suivante : https://rapport-inclusion.societenumerique.gouv.fr/). Ce travail a permis la création par la mission société numérique de deux plateformes en ligne, pour aider au déploiement dans les territoires de dispositifs inclusifs.
Une première plateforme qui outille les aidants numériques (ceux qui sont en contact direct avec ces publics en difficulté sans être des professionnels de l'accompagnement numérique) est disponible ici : https://kit-inclusion.societenumerique.gouv.fr/.
Une deuxième plateforme accompagne les collectivités territoriales dans la mise en œuvre de leur stratégie locale d'inclusion numérique en fournissant ressources, outils et bonnes pratiques : https://inclusion.societenumerique.gouv.fr/. Des dizaines de collectivités territoriales portent aujourd'hui des initiatives en matière d'inclusion numérique. Ce second site a pour objet de les recenser et de les valoriser afin qu'elles puissent être reprises par d'autres. Aujourd'hui, la dynamique collective se poursuit et plusieurs axes de travail sont en cours. Un travail est engagé autour de la généralisation du pass numérique, comme annoncé par le président de la République à Sarliac, le 19 juillet 2018.
Ce dispositif permet à la population d'accéder gratuitement à un accompagnement au numérique, sous forme d'ateliers, dans des lieux labellisés et de qualité. L'État financera l'amorçage du dispositif à hauteur de 10 millions d'euros. Les collectivités locales et les opérateurs sociaux seront partenaires de son financement et de sa distribution ; un travail est également mené pour accompagner la mobilisation des acteurs dans les territoires pour structurer l'offre de la médiation numérique et donner des capacités supplémentaires aux acteurs en présence. La Banque des territoires a lancé un appel à projet de cinq millions d'euros ayant pour objectif de faire émerger des centres de ressources, « hubs territoriaux », en capacité d'animer et de faire monter en compétences les réseaux de la médiation numérique ; En complément de l'engagement des collectivités et des opérateurs sociaux, des entreprises privées se mobilisent pour apporter un soutien financier et humain au dispositif, ou en mobilisant leur écosystème associatif partenaire ;
Afin de coordonner les actions et de créer des outils communs, une instance nationale partenariale a été créée, regroupant l'État, les collectivités locales, les acteurs de l'inclusion et les grands partenaires privés ; enfin, pour accompagner les populations trop éloignées qui ne pourront être formées, un travail est mené pour former les aidants et médiateurs numériques à un accompagnement personnalisé. Services civiques et travailleurs sociaux sont les premiers concernés. En parallèle, il convient d'assurer à tous un accès à une connexion de qualité en fixe ou en mobile et cela passe par le déploiement des infrastructures pour soutenir le plan THD et le plan mobile qui fait l'objet d'une attention toute particulière de la part du Gouvernement, aux côtés des collectivités et acteurs locaux.