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Depuis 20 ans, la consommation de viande baisse régulièrement. Si cette baisse devait se poursuivre dans les années à venir, la production agricole, et particulièrement la filière animale, devrait s’adapter aux nouveaux modes de consommation.
Par La Rédaction Publié le 21 février 2020
Le recul des productions animales entraînera une réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais l’augmentation des intrants (engrais, produits phytosanitaires) pour la production végétale comblera cette diminution. © Cagkan - stock.adobe.com
La transformation des modes de vie, la diminution des temps de cuisine et de repas, l’intérêt porté aux relations entre l’alimentation et la santé, la prise en considération du bien-être animal, la prise de conscience de l’impact de l’élevage sur l’environnement et le climat... Tous ces facteurs concourent à la réduction de la consommation de viande qui devrait se poursuivre encore dans les années futures.
Afin d'en mesurer l’impact sur la filière viande et plus généralement sur l’ensemble de la production agricole, le Centre d’études et de prospective du ministère de l’agriculture et de l’alimentation a réalisé des simulations à partir des préconisations du programme national nutrition santé (PNNS4, 2019-2023).
Des impacts multiples
Les simulations montrent que, dans tous les cas, une baisse significative de la consommation de viande aurait un impact sur la filière animale et nécessiterait une adaptation de tout le secteur agricole.
Une baisse de la consommation entraînerait une baisse des prix et, par conséquent, une baisse de l'excédent brut d'exploitation des élevages. Les fermes seraient contraintes de réorienter leurs surfaces agricoles. Les surfaces de production végétales progresseraient mais sans compenser les pertes des ateliers de production animale. En amont de la filière agricole, les producteurs d'aliments industriels pour animaux seraient touchés. À l'inverse, les besoins en engrais, en produits phytosanitaires et en produits pétroliers progresseraient. L’emploi perdu dans le secteur animal devrait être redéployé dans le secteur végétal.
Par ailleurs, le recul des productions animales entraînerait une réduction des émissions de gaz à effet de serre mais l’augmentation des intrants pour la production végétale viendrait combler cette diminution.
En dix ans la consommation de viande a baissé de 12%
La baisse de la consommation carnée a été confirmée par les résultats de l'enquête sur les comportements et consommations alimentaires en France conduite par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc).
La viande de boucherie est particulièrement touchée passant d’une consommation de 58 grammes par personne et par jour en 2007 à 46 g par jour en 2016, la charcuterie de 35g/j à 29g/j. La fréquence de la consommation carnée a également baissé puisque les Français mangeaient à peu près trois fois par semaine de la viande en 2007 et deux fois par semaine en 2016.
La consommation de viande n’est plus un symbole de richesse. Au contraire, ce sont les catégories sociales supérieures qui consomment le moins de viande passant de 140g/j à 113g/j soit une baisse de 19% entre 2007 et 2016.
Les 18-24 ans sont les plus gros consommateurs, en quantité et en fréquence, privilégiant les produits transformés qui incluent des produits carnés comme pour les sandwichs, les pizzas, les burgers (37g/j) mais aussi la viande de boucherie (46g/j).
Plus les Français vieillissent et moins ils mangent de viande tant en quantité qu'en fréquence (au-delà de 65 ans en dessous de 130g/j et moins de dix fois par semaine).