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Population seniors en perte d’autonomie (2050) (08 12 2025)

Nous vous proposons aujourd’hui cette note publiée le 22 octobre 2025 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder u site de l’INSEE)

https://www.insee.fr/fr/statistiques/8653672

700 000 seniors en perte d’autonomie supplémentaires d’ici 2050

Insee Première     no 2078       Paru le : 22/10/2025

Julie Dufeutrelle, Olivier Pucher (Insee), Alexis Louvel (Drees)

En 2021, parmi les 18 millions de personnes de 60 ans ou plus vivant en France, plus de 2 millions sont en perte d’autonomie, dont un tiers en perte d’autonomie sévère. Dans une trajectoire démographique et sanitaire médiane, le nombre de seniors en perte d’autonomie augmenterait jusqu’aux années 2050 pour approcher 2,8 millions. C’est la conséquence directe du vieillissement de la population – les seniors devenant à la fois plus nombreux et en moyenne plus âgés – atténuée par l’amélioration de l’état de santé à âge donné. Deux périodes se succéderaient jusqu’aux années 2050, avec une hausse du nombre de seniors en perte d’autonomie d’abord forte jusqu’au début des années 2030, et ralentie ensuite. Au-delà, la population des seniors en perte d’autonomie se stabiliserait et entamerait une légère décroissance à l’horizon des années 2070.

Entre 2021 et les années 2050, l’augmentation serait plus marquée dans l’ouest de l’Hexagone, en Île‑de‑France hors Paris et dans les départements d’outre-mer. Ces territoires, moins âgés en 2021 que ceux du centre ou du nord‑est, cumuleraient vieillissement de la population et arrivée de seniors depuis les métropoles et le nord‑est de la France.

Sommaire

  1. Plus de deux millions de personnes âgées en perte d’autonomie en 2021
  2. 700 000 seniors supplémentaires d’ici les années 2050
  3. Une augmentation des effectifs de seniors en perte d’autonomie due au vieillissement, atténuée par un meilleur état de santé
  4. Une trajectoire de la perte d’autonomie liée au vieillissement des générations du baby-boom
  5. En 2021, les territoires ruraux sont plus touchés par la perte d’autonomie
  6. Une hausse du nombre de seniors en perte d’autonomie plus soutenue sur le littoral atlantique et dans les DOM
  7. À politique de maintien à domicile inchangée, un besoin de 56 % de places supplémentaires en établissement
  8. Encadré – Différentes hypothèses d'évolution de l'autonomie

 

Plus de deux millions de personnes âgées en perte d’autonomie en 2021

En 2021 en France, 2 031 000 personnes âgées sont en perte d’autonomie, soit 11,2 % des 18 millions de personnes de 60 ans ou plus (ou seniors). Parmi elles, 670 000 sont considérées en perte d’autonomie sévère, soit 3,7 % des seniors.

La perte d’autonomie concerne surtout les âges élevés : 41,8 % des 85 ans ou plus sont en perte d’autonomie, contre 13,5 % des personnes de 75 à 84 ans et 4,4 % des personnes de 60 à 74 ans. De même, la perte d’autonomie sévère augmente avec l’âge et concerne 18,2 % des 85 ans ou plus, 4,2 % des personnes de 75 à 84 ans et 0,7 % des personnes de 60 à 74 ans.

56 % des seniors, 66 % des seniors en perte d’autonomie et 71 % des seniors en perte d’autonomie sévère sont des femmes. Cette surreprésentation s’explique surtout par leur longévité : les femmes sont plus nombreuses à atteindre les âges où les risques de perte d’autonomie sont accrus. Ainsi, en 2021, l’espérance de vie en France à 60 ans est de 22,8 ans pour les hommes et 27,3 ans pour les femmes. De plus, la perte d’autonomie est plus fréquente chez les femmes que les hommes à âge donné.

 

700 000 seniors supplémentaires d’ici les années 2050

Si les tendances démographiques récentes se poursuivent et si l’état de santé continue de s’améliorer, le nombre de seniors en perte d’autonomie atteindra son maximum en 2052, avec 2,8 millions de personnes. En 2070, ils seraient encore 2,7 millions, soit 11,3 % des seniors. 4,0 % des personnes de 60 ans ou plus seraient en perte d’autonomie sévère à cette date.

 

Selon cette trajectoire, la France compterait 700 000 seniors en perte d’autonomie de plus au début des années 2050 qu’en 2021, soit une évolution annuelle moyenne de +1,0 %, et une évolution globale de +36 %. La perte d’autonomie sévère augmenterait plus rapidement. Il y aurait 300 000 seniors supplémentaires en perte d’autonomie sévère entre 2021 et le début des années 2050, traduisant une évolution annuelle moyenne de +1,2 % et une évolution globale de +45 %.

Les effectifs de seniors en perte d’autonomie s’accroîtraient davantage chez les femmes que chez les hommes (+38 % contre +33 %). Ainsi, au début des années 2050, 67 % d’entre eux seraient des femmes (+1 point par rapport à 2021). En revanche, la croissance du nombre de femmes en perte d’autonomie sévère serait sensiblement la même que celle du nombre d’hommes (+44 % contre +45 %). En effet, les gains d’espérance de vie des hommes seraient plus élevés, et leurs effectifs augmenteraient comparativement plus aux grands âges.

 

Une augmentation des effectifs de seniors en perte d’autonomie due au vieillissement, atténuée par un meilleur état de santé

Le vieillissement de la population entre 2021 et 2052 se traduit à la fois par une hausse du nombre de seniors (5 millions de personnes supplémentaires, soit +27 %) et par une augmentation de leur âge moyen, qui passerait de 72,4 à 75,1 ans. Ces deux effets poussent fortement à la hausse le nombre de seniors en perte d’autonomie, mais ils sont compensés en partie par l’amélioration de l’état de santé à âge donné.

Ainsi, l’augmentation de +0,7 million de seniors en perte d’autonomie entre 2021 et 2052 résulte de l’équilibre entre trois tendances. À elle seule, l’augmentation de la population des seniors dans son ensemble représenterait 0,55 million de seniors en perte d’autonomie supplémentaires. En outre, la population des 60 ans ou plus continuera de vieillir, entraînant une hausse de 0,75 million de personnes âgées en perte d’autonomie. Cependant, dans le même temps, les progrès en matière de santé et d’autonomie à âge donné permettraient d’éviter environ 0,60 million de situations de perte d’autonomie.

 

Une trajectoire de la perte d’autonomie liée au vieillissement des générations du baby-boom

L’évolution des effectifs de seniors en perte d’autonomie jusqu’au début des années 2050 se ferait en 2 temps. Entre 2021 et 2031, l’augmentation concernerait surtout la tranche des 75‑84 ans : le nombre de personnes âgées de 75 à 84 ans augmenterait de 49 % et celles en perte d’autonomie de 42 %. En effet, la première génération du baby-boom – née après la 2e Guerre mondiale – a atteint l’âge de 75 ans à partir de 2021. De 2031 à 2052, la croissance du nombre de seniors en perte d’autonomie se poursuivrait, mais ralentirait (+0,8 % par an, contre 1,4 % sur la période 2021-2031). Elle affecterait surtout les personnes de 85 ans ou plus. En effet, les premières générations du baby‑boom atteindront les 85 ans à partir des années 2030 et le nombre de personnes de 85 ans ou plus augmenterait de 77 % entre 2031 et 2052. Sur cette période, le nombre de seniors en perte d’autonomie sévère augmenterait plus vite que l’ensemble des seniors en perte d’autonomie (+1,1 % par an).

 

À partir de 2052, le nombre de seniors en perte d’autonomie se stabiliserait, entamant une légère baisse à l’horizon des années 2070 (-0,2 % par an), car l’effet de l’amélioration de l’état de santé des seniors à âge donné l’emporterait sur l’augmentation de la population des seniors et son vieillissement.

En 2021, les territoires ruraux sont plus touchés par la perte d’autonomie

La part de seniors en perte d’autonomie est plus élevée en 2021 dans les départements ruraux. Ainsi, elle se situe entre 13,5 % et 14,3 % en Ardèche, en Haute‑Loire, dans la Creuse, le Cantal et la Lozère. Cela s’explique en partie par la structure de la population : dans ces départements, les seniors sont plus âgés qu’au niveau national : entre 36 % et 38 % des seniors y ont 75 ans ou plus, contre 35 % au niveau national.

 

Néanmoins, ce sont certains départements du sud qui ont la population la plus âgée, sans pour autant présenter des taux de perte d’autonomie aussi élevés. Par exemple, dans les Alpes‑Maritimes, 11,5 % des seniors sont en perte d’autonomie alors que 41 % des seniors ont 75 ans ou plus.

Les disparités de catégories socioprofessionnelles, et donc d’exposition aux risques et à la pauvreté pourraient également expliquer la plus ou moins grande prévalence de la perte d’autonomie selon les départements. Ainsi, les départements du Nord, du Pas‑de‑Calais et de la Somme, où la population dispose de revenus plus modestes, avec une surreprésentation d’anciens ouvriers et employés, ont un taux de perte d’autonomie qui dépasse 12,5 %. À l’inverse, les départements d’Île-de-France et de la Haute‑Savoie sont parmi les départements les moins marqués par la perte d’autonomie des seniors.

Dans les DOM, les seniors sont plus jeunes qu’en France métropolitaine. Malgré cela, le taux de perte d’autonomie est identique à la moyenne nationale en Guadeloupe et un peu supérieur en Martinique. Cela est dû à une moindre autonomie à âge et sexe donnés dans l’ensemble des DOM. Par exemple, 11,1 % des seniors sont en perte d’autonomie en 2021 à La Réunion. Cependant, si ce département avait la même structure par âge que la France, le taux de perte d’autonomie y serait plus élevé que le taux national (13,6 %). De plus, les DOM se distinguent par des caractéristiques sociodémographiques et une offre de services singulières. Ces territoires cumulent vulnérabilités sociales et sanitaires, avec une pauvreté des seniors marquée.

 

Une hausse du nombre de seniors en perte d’autonomie plus soutenue sur le littoral atlantique et dans les DOM

Entre 2021 et 2052, la hausse du nombre de personnes en perte d’autonomie serait plus forte sur le littoral atlantique, en Corse, en Île-de-France sauf Paris, dans l’est de la région Auvergne‑Rhône‑Alpes et en Alsace, ainsi que dans les DOM, et plus faible dans les départements du nord-est et du centre. Cela s’expliquerait par une augmentation du nombre de seniors, proche des 50 % dans les départements les plus urbanisés de l’ouest (Gironde, Ille‑et‑Vilaine, Loire‑Atlantique), plus élevée dans l’Ain (+57 %) et en Haute‑Savoie (+60 %) et très forte dans les DOM (Mayotte +375 %, Guyane +149 %, évolutions à relativiser au vu du faible nombre de seniors en 2021, respectivement 13 000 et 29 000).

Le pic de seniors en perte d’autonomie ne serait pas atteint la même année selon les territoires. Dans 55 départements, ce serait avant l’année 2050, notamment dans une zone allant de l’est de l’Hexagone vers le Massif Central, où la part de personnes âgées dans la population est déjà élevée aujourd’hui. Par exemple, les départements de la Nièvre, du Cher, de la Marne, de l'Allier ou encore des Ardennes attendraient leur maximum au début des années 2040. À l’inverse, 7 départements atteindraient leur pic de seniors en perte d’autonomie dans les années 2060 et 13 départements, dont Mayotte, la Guyane, la Haute‑Corse et le Val‑d’Oise, à partir de 2070.

 

Les migrations contribueraient, de façon contrastée selon les départements, à accentuer ou atténuer cette évolution. En effet, si les migrations suivaient les tendances observées, des seniors quitteraient l’Île‑de‑France, le nord ainsi que les métropoles pour s’installer à l’ouest et au sud de l’Hexagone. Les mouvements migratoires entre 2021 et le début des années 2050 contribueraient donc à la hausse du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie dans la moitié sud de l’Hexagone et en Bretagne et limiteraient cette hausse dans les départements du nord et de l’Île‑de‑France, et dans ceux contenant une grande métropole.

 

À politique de maintien à domicile inchangée, un besoin de 56 % de places supplémentaires en établissement

En 2021, 30 % des seniors en perte d’autonomie vivent en établissement, soit 600 000 personnes (dont 62 % en perte d’autonomie sévère, soit 380 000 p.), auxquelles s’ajoutent 40 000 seniors considérés comme autonomes.

Cette proportion de personnes âgées en perte d’autonomie accueillies en établissement est hétérogène selon les territoires : elle est plus faible dans les DOM (15 % ou moins), ainsi que dans le nord de la France et sur le littoral sud (moins de 25 %). Elle est au contraire plus élevée à l’intérieur des terres. Ceci reflète la diversité géographique de l’offre de services pour l’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie, certains territoires développant une prise en charge à domicile plutôt qu’en établissement.

 

Pour un taux d’accueil identique à âge et autonomie donnés, il faudrait accueillir 1,0 M de seniors en établissement au début des années 2050, dont 0,9 M en perte d’autonomie et 0,1 M autonomes. Cela représenterait 56 % de places supplémentaires en établissement par rapport à 2021. Alternativement, pour limiter ces ouvertures de places, il faudrait développer les solutions de maintien à domicile. Le défi du besoin de main‑d’œuvre dans le secteur des services à la personne à l’horizon 2050 est immense. En effet, le vieillissement des ménages utilisateurs conduirait à un besoin croissant de ces services. Or le seul maintien du nombre de salariés dans ce secteur suppose de recruter 800 000 salariés à l’horizon de la projection.

 

Encadré – Différentes hypothèses d'évolution de l'autonomie

Les projections s’appuient sur des scénarios démographiques et sur des hypothèses d’évolution de l’état de santé. Dans l’hypothèse centrale, l’espérance de vie sans perte d’autonomie à 60 ans progresserait autant que l’espérance de vie, passant de 20,4 ans pour les hommes et 22,9 ans pour les femmes en 2021, à 26,5 ans pour les deux sexes en 2070. Cette hypothèse centrale signifie qu’à âge donné, l’espérance de vie des seniors s’améliore tendanciellement.

  • Lecture : Si l’espérance de vie sans perte d’autonomie à 60 ans progresse autant que l’espérance de vie, le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie sera de 2,69 M en 2070. Si l’espérance de vie sans perte d’autonomie à 60 ans progresse plus vite que l’espérance de vie, il sera de 2,36 M en 2070.

 

Dans une hypothèse pessimiste d’évolution de l’autonomie où l’espérance de vie sans perte d’autonomie n’atteindrait que 25,9 ans en 2070 pour les personnes de 60 ans, la hausse de la population de seniors en perte d’autonomie se poursuivrait sur toute la période d’étude et dépasserait 3,1 M de personnes. La population de seniors en perte d’autonomie sévère augmenterait alors également jusqu’en 2070, pour s’établir à plus d’1 M de personnes.

Inversement, dans une hypothèse plus optimiste, l’espérance de vie sans perte d’autonomie augmente davantage que l’espérance de vie à 60 ans. Cette hypothèse est vraisemblable car c’est ce que l’on observe entre 2015 et 2022. Si l’on suppose que cela peut se prolonger durablement, l’espérance de vie sans perte d’autonomie à 60 ans atteindrait 26,9 ans en 2070. Dans ce cas, un maximum de 2,6 M de seniors en perte d’autonomie serait atteint dès le milieu des années 2040, avant une baisse jusqu’à 2,4 M à l’horizon 2070. La perte d’autonomie sévère concernerait 0,8 M de seniors au milieu des années 2040 avant de reculer jusqu’en 2070 (0,6 M à cet horizon).

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