Il nous a paru important de livrer à votre lecture un extrait de l’introduction du long rapport détaillé (consultable sur le site de l’Assemblée Nationale) sur le projet de loi présenté par le gouvernement pour réformer les Universités. Quelles que soient nos sensibilités, l’enjeu est de taille (entre autres) pour notre société et mérite notre attention.
Introduction (extrait)
Le projet de loi relatif aux libertés et responsabilités des universités est peut-être, comme le Premier ministre l’a souligné le 23 mai 2007, la réforme la plus importante de cette législature.
L’ambition de ce texte est en effet immense. Elle vise à donner aux universités françaises les moyens de remplir pleinement leur double mission : d’une part, être des lieux de transmission des savoirs qui permettront aux jeunes Français de réussir leur vie d’homme et de femme, de citoyen et de membre actif de la communauté économique nationale ; d’autre part, être des leviers de développement du savoir-faire technologique et scientifique de notre pays.
L’université se situe au cœur de notre pacte républicain. Elle est, avec l’enseignement scolaire, le premier vecteur de l’égalité des chances et, par conséquent, de la promotion sociale. D’une manière générale, il ne peut y avoir de société forte et solidaire sans une université forte, qui donne à chacun les moyens de réussir son projet de vie. À l’inverse, une université qui crée de l’exclusion, au lieu de garantir l’insertion de ses étudiants dans la vie active devient, tôt ou tard, le lieu de cristallisation des frustrations et des tensions éprouvées par un corps social hanté par le spectre du « déclassement ».
Mais, au-delà de sa contribution à l’égalité des chances, l’université joue un autre rôle, tout aussi fondamental : elle est, dans une économie mondialisée, un multiplicateur de croissance et de puissance. La mondialisation se caractérise par une nouvelle division internationale du travail où les seuls gagnants, face aux pays émergents et à leurs bas salaires, seront les pays qui auront investi massivement dans les nouvelles technologies, c’est-à-dire les pays qui formeront, grâce à un système universitaire performant, des chercheurs et des travailleurs hautement qualifiés en nombre suffisant. Ainsi la France se doit d’atteindre rapidement le taux de 50 % d’une classe d’âge diplômé de l’enseignement supérieur si elle veut garder son rang et poursuivre son développement.
Or l’université française ne répond que très imparfaitement à cette double exigence d’égalité des chances et de maîtrise de la mondialisation : le taux d’échec au premier cycle, l’insertion chaotique des jeunes diplômés dans la vie professionnelle, l’existence d’un système d’enseignement supérieur à trois vitesses, avec les grandes écoles, les universités et l’enseignement supérieur court, le rang préoccupant occupé par nos établissements d’enseignement supérieur dans les classements internationaux, etc., témoignent de la situation préoccupante de nos universités.
De fait, l’université française connaît une crise de grande ampleur, qui s’explique principalement par deux facteurs.
En premier lieu, si l’université française a su faire face à la massification de l’enseignement supérieur, ce qui, en soi, constitue une réussite remarquable, elle l’a fait avec des moyens limités. Car, contrairement à une idée reçue, les universités françaises font figure de « parent pauvre » dans la dépense nationale, notamment au regard de la part occupée par les colosses situés aux États-Unis.
En second lieu, et c’est l’objet de la réforme proposée par le présent projet de loi, bien qu’elle jouisse, aux termes de l’article L. 711-1 du code de l’éducation, de « l’autonomie pédagogique et scientifique, administrative et financière », l’université française n’est pas, comme on le verra plus loin, une université de plein exercice, pouvant définir un projet d’établissement cohérent et attractif, qui répond aux attentes des étudiants et donne un nouvel élan à « l’excellence française » dans les différents domaines de la recherche. ....
(voir suite du rapport sur le site de l'Assemblée Nationale)