La mondialisation ne préserve plus de l’inflation
Article de Mme Claire Guélaud lu sur le site du Monde
Le regain d'inflation constaté depuis l'été en France est confirmé. Les prix de détail ont augmenté de 0,4 % en décembre 2007 et de 2,6 % par rapport à décembre 2006. Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui a rendu ces données publiques mardi 15 janvier, une telle hausse n'avait pas été atteinte depuis mai 2004.
Avec une inflation en glissement annuel à 2,6 %, la France fait bien moins que les deux années précédentes (+ 1,5 %), mais elle reste un des pays de la zone euro où les prix augmentent le moins, aux côtés de la Finlande, de la Slovaquie, de la Suède et de l'Italie.
Le mauvais chiffre de décembre (+ 0,4 %) résulte en grande partie, selon l'Insee, de la hausse des prix de l'alimentation hors produits frais (+ 0,9 % en décembre, + 3 % sur un an). Les produits laitiers ont de nouveau renchéri (+ 4 % en un mois, + 7 % sur un an), ainsi que les œufs (+ 3,6 % ; + 11,3 % sur un an). De fortes hausses des prix sont aussi enregistrées sur les viandes, notamment les volailles, et l'impact du renchérissement des matières premières est visible sur le prix du café et sur celui des produits à base de chocolat.
L'indice des prix de l'énergie, qui avait accéléré à 4,1 % en novembre, a progressé moins vite en décembre (+ 0,5 %). En rythme annuel, les prix de l'énergie ont augmenté de 10,6 % : de 17,1 % pour les produits pétroliers, de 28,4 % pour les combustibles liquides et de 15,5 % pour les carburants. Le troisième poste de l'indice des prix à la consommation qui augmente sensiblement est celui des services : + 2,4 % en un an.
Autre élément important, à côté du renchérissement des prix de l'énergie et des matières premières, les prix des produits manufacturés, en hausse de 0,4 % sur un an, ont cessé de baisser. Les économistes y voient généralement la fin des effets déflationnistes de la mondialisation. "Jusqu'à présent, la mondialisation exerçait un effet largement positif sur l'inflation française en tirant les prix importés à la baisse. La contrepartie était une demande accrue de la part des émergents en matières premières, ce qui contribuait à alimenter la hausse des cours. Désormais, la balance s'inverse : les matières premières poursuivent leur course en avant effrénée et les prix des biens importés diminuent moins qu'avant. En d'autres termes, on ne pourra plus compter quasiment exclusivement sur la modération de l'inflation pour alimenter le pouvoir d'achat des ménages", analyse Alexandre Law (Xerfi).
UNE BOSSE D'INFLATION EN 2008 Compte tenu de ces tendances lourdes, les conjoncturistes estiment en général qu'il y a peu de chances de voir l'inflation retomber cette année en dessous de 2 %. Pour Mathilde Lemoine, directrice des études économiques de HSBC France, "la hausse générale des prix devrait accélérer à 2,5 % et rester à ce niveau jusqu'à la fin du premier semestre de 2008, avant de retomber à 2 % au second semestre".