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réforme des médias (06 07 2008)

La remise en ordre des médias par le pouvoir inquiète les professionnels

 

Article de Mmes Laurence Girard et Pascale Santi lu le 5 juillet 2008 sur le site du Monde (cliquer ici pour accéder à l’article original)

 

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2008/07/05/la-remise-en-ordre-des-medias-par-le-pouvoir-inquiete-les-professionnels_1066826_3236.html#xtor=EPR-32280123&ens_id=628863

 

 

 

L'inquiétude monte chez les professionnels des médias. Depuis quelques mois, les remises en cause de la réglementation qui encadre les métiers du secteur se multiplient. Celle-ci est pourtant garante de leur indépendance vis-à-vis des pressions politiques ou économiques. "Il y a une volonté de mainmise de Nicolas Sarkozy sur les médias. Nous devons réagir en tant que citoyen. Il y a urgence !", s'est alarmé, vendredi 4 juillet, Nicolas Traube, producteur, membre de la Commission Copé, au cours d'un rassemblement, vendredi 4 juillet, réunissant, à Paris, syndicats de réalisateurs, de producteurs, d'auteurs et sociétés de journalistes.

 

Premier sujet d'inquiétude, la réforme de l'audiovisuel public. Dès l'annonce, par le président de la République, le 8 janvier, sans concertation avec les ministres et les directions concernés, du projet de suppression de la publicité sur les chaînes publiques et de réorganisation de France Télévisions, le ton était donné.

 

Bien que la commission Copé, regroupant, à parité, professionnels et parlementaires, ait été installée par le chef de l'Etat, ses conclusions, remises le 25 juin, n'ont pas pesé lourd face à la volonté présidentielle. Le jour même, M. Sarkozy, qui n'hésite pas à donner directement son avis sur les émissions qu'il aimerait voir à la télévision, fixait lui-même le calendrier de la réforme, le plan de financement, très aléatoire, du service public et annonçait son intention de nommer lui-même le président de France Télévisions.

 

"M. Sarkozy confond télévision publique avec télévision d'Etat. Il sera peut-être, demain, rédacteur en chef", commente Arnaud Hamelin, producteur, président du Syndicat des agences de presse télévisées (Satev). Cette volonté d'interférer dans les nominations dépasse le cadre des chaînes du service public. Son influence a été citée dans les récents changements qui ont eu lieu dans les télévisions, les radios ou les journaux détenus par les "amis" du président, que sont Martin Bouygues, Arnaud Lagardère, Bernard Arnault, ou Vincent Bolloré.

 

"Il y a une régression démocratique", juge François Malye, secrétaire général du Forum des sociétés de journalistes (FSDJ). "On assiste à une reprise en main par des grands acteurs qui veulent mettre de l'ordre dans les médias", ajoute-t-il. Celle-ci concerne aussi la presse, alors que se profilent, à l'automne, les états généraux, annoncés le 27 mai par M. Sarkozy, et que de nombreux groupes de presse sont confrontés à des difficultés économiques.

 

MENACES

 

Les attaques répétées de l'UMP et du chef de l'Etat contre l'AFP, la loi sur la protection des sources, les atteintes sur les droits d'auteur sont autant d'autres menaces qui risquent de fragiliser la profession de journaliste.

 

Le texte de loi sur la protection des sources a été adopté le 15 mai en première lecture à l'Assemblée nationale. Rachida Dati, ministre de la justice, a jugé que le secret des sources des journalistes "ne pouvait être absolu", jugeant qu'il "pouvait être levé dans certaines conditions très encadrées". La profession, ainsi que des parlementaires avaient sévèrement critiqué ces restrictions. Au Parlement, Aurélie Filippetti (PS) avait jugé ce texte "inapplicable et répressif". Le projet de loi sera discuté au Sénat à l'automne.

 

Plus récemment, un amendement au projet de loi de modernisation de l'économie a été déposé à la dernière minute par les sénateurs Louis de Broissia (Côte-d'Or), Jacques Valade (Gironde) et Catherine Dumas (Paris), tous trois UMP, afin d'"instaurer un dispositif légal reconnaissant la cession automatique à l'éditeur de droits exclusifs sur les contributions journalistiques pour tous les supports que l'entreprise édite" (Le Monde du 5 juillet). Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et le FSDJ ont protesté, jeudi 3 juillet, contre cet amendement qui conduirait, selon eux, à "anéantir" la notion de droit d'auteur dans le but de réduire les coûts.

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