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le viager (2) (24 09 2008)

Le viager, béquille de la retraite (2)

 

Article de M. Benoît Hopkin 8 septembre sur le site du Monde

 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/09/08/le-viager-bequille-de-la-retraite_1092729_3224_1.html

 

 

 

L'angoisse de l'avenir est également une des motivations des acheteurs. "Le viager est un complément de retraite pour les deux parties, constate Bruno Legasse, associé à son fils. L'achat est le fait de gens aisés, qui ont entre 30 et 50 ans. Ils sont au sommet de leur carrière et capitalisent en prévision de jours moins bons." " Neuf fois sur dix, l'acheteur pense aussi à sa retraite", confirme Hubert Thomassian.

 

Des expatriés, des gens de la finance se sont fait une spécialité de ce type de produit. "Il est arrivé que nous mettions en ligne une nouvelle offre le soir et que nous ayons le lendemain matin un courriel de Djakarta ou d'ailleurs nous disant de réserver l'appartement. Un paiement par Fedex suivait", assure Bruno Legasse.

 

 

 

Ces gros clients multiplient les achats pour lisser le risque statistique. Car le viager reste un pari sur la mort. Le calcul du bouquet et de la rente intègre l'âge du vendeur et son espérance de vie. Les fluctuations du marché immobilier et l'augmentation de l'âge moyen des Français (77,5 ans pour les hommes et 84,4 ans pour les femmes) modifient sans cesse les barèmes. Souvent, les négociations achoppent. Le vendeur a le sentiment de brader son bien, le bouquet excédant rarement le tiers de sa valeur. L'acheteur redoute de tomber sur un vieux chêne qui l'enterrera.

 

L'explosion du nombre des centenaires est devenue le cauchemar de l'acheteur de viager. L'anecdote est célèbre : Jeanne Calment, longtemps, très longtemps doyenne des Français, avait vendu sa maison en viager à un notaire, en 1965, quand elle avait 90 ans. Elle est morte trente-deux ans plus tard, bien après l'acquéreur. "L'âge moyen du vendeur ne cesse d'augmenter, constate Nicolas Legasse. Aujourd'hui, nous n'acceptons pas les gens avant 70 ans."

 

Michel Artaz milite pour que les pouvoirs publics s'intéressent un peu plus au viager. Moyennant des aménagements, cette formule pourrait devenir une béquille sociale, constate également un rapport du Conseil économique et social paru en mars 2008, "face au défi que la démographie, le vieillissement et la dépendance posent". Le Conseil constate que le viager doit surtout "améliorer son image". La formule a mauvaise réputation, et qu'importe que le général de Gaulle ait acheté ainsi sa propriété de Colombey-les-Deux-Eglises. "C'est une opération liée à la vie humaine, donc délicate à manier", constate Michel Artaz. Difficile d'ailleurs de rencontrer des vendeurs qui ne requièrent pas l'anonymat, et plus encore des acheteurs. Le viager reste inavouable.

 

Jacques Belaich ne comprend pas cet interdit. "Je n'ai pas l'impression de spéculer sur la mort de quelqu'un, assure cet acheteur régulier. Chez le notaire, se retrouvent deux personnes qui ont un intérêt commun. Cela se termine par un acte en bonne et due forme, signé par les deux parties. Il n'y a rien d'émotionnel là-dedans. Ensuite, le destin de chacun est le destin de chacun." Depuis une bonne dizaine d'années, cet investisseur a acheté près d'une trentaine d'appartements, pour les revendre ensuite. "C'est un produit financier comme un autre", assure Jacques Belaich.

 

Bruno Legasse réfute également l'immoralité du procédé. Il martèle même le contraire : "Quand des gens vendent en viager, ils vivent plus longtemps."

 

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