Le dossier pharmaceutique : comment ça marche ?

Article de Mme Isabelle Verbaere, lu le 24 septembre 2008 sur le site du Pèlerin Info (cliquer ici pour accéder au texte original)

http://www.pelerin.info/article/index.jsp?docId=2350464&rubId=9198

Un million de Français disposent aujourd'hui d'un dossier pharmaceutique. Ce fichier informatique semble une réussite. Présentation de ce nouveau service

2) Quel est l’intérêt d’ouvrir un dossier pharmaceutique ?  

Essentiellement d'éviter les surdosages et les interactions entre médicaments, qui provoquent chaque année 1 280 000 hospitalisations. Un exemple : en vacances, une personne déclare une sinusite. Le médecin consulté sur place prescrit un anti-inflammatoire, du Nifluril. Il ignore que la patiente prend déjà une molécule de cette famille, de l'Indocid, pour soulager son arthrose. Or l'association de ces deux anti-inflammatoires expose au risque d'hémorragie digestive. Le patient qui dispose d'un dossier pharmaceutique est protégé de ce type d'erreur. En effet, lorsqu'il achète un médicament, l'ordinateur de l'officine analyse automatiquement l'ensemble des traitements qui lui ont été dispensés depuis quatre mois et signale les erreurs. C'est ainsi que le pharmacien peut repérer les associations dangereuses de produits, les indiquer au patient et le conseiller.

3) A qui s’adresse le dossier pharmaceutique ?

A tous les bénéficiaires de l'Assurance maladie, y compris les enfants mineurs, sans aucune obligation. La procédure est simple : il suffit de demander à votre pharmacien. Celui-ci vous présente la démarche et si vous êtes partant, peut vous créer un dossier en quelques minutes avec votre carte vitale. Cela n'est toutefois possible que dans les pharmacies incluses dans le dispositif, soit 14 % des officines. Elles sont situées principalement dans le Doubs, la Meurthe-et-Moselle, le Pas-de-Calais, le Rhône, la Seine-Maritime, la Nièvre, les Yvelines et les Hauts-de-Seine. A la mi-novembre, la Commission nationale informatique et liberté donnera son avis sur la généralisation de ce dispositif à l'ensemble du pays. Bien entendu, les personnes qui refuseront l'ouverture d'un DP ne seront pas sanctionnées. Leur refus n'aura aucune conséquence sur leur niveau de remboursement ou leur accès au tiers payant.

4) Qui peut avoir accès aux informations contenues dans mon DP ?  

Dans une officine reliée au système, il n'y a que le pharmacien (ou préparateur en pharmacie) et vous qui avez accès à votre DP. Deux clés complémentaires sont en effet nécessaires pour ouvrir le dossier : la carte professionnelle du pharmacien, d'une part, et votre propre carte vitale d'autre part. Vous pouvez tout à fait refuser l'accès à votre DP. Vous pouvez aussi vous opposer à ce que tel ou tel médicament y soit enregistré ou même le clôturer, à tout moment, dans n'importe quelle officine. Les autres professionnels de santé qui sont susceptibles d'utiliser votre carte vitale - et notamment votre médecin traitant - n'ont pas accès à votre dossier pharmaceutique. Toutefois, vous pouvez leur en présenter une copie papier, obtenue immédiatement dans n'importe quelle pharmacie associée au dispositif. Par ailleurs, aucune administration ou société privée ne peut consulter les données de votre DP, pas plus la Caisse nationale d'assurance maladie que les laboratoires pharmaceutiques.

5) Quel est le rapport du DP avec le dossier médical personnalisé ?  

Le dossier pharmaceutique devrait à terme alimenter le volet médicament du futur dossier médical personnalisé ou DMP. Ce dernier contiendra toutes les informations nécessaires à la coordination des professionnels de santé : antécédents médicaux et chirurgicaux du patient, allergies, historique des consultations, résultats d'examens biologiques... L'objectif du DMP est d'améliorer la prise en charge des malades mais aussi de réaliser des économies. Il devrait par exemple réduire le nombre d'examens inutiles, dont le coût est estimé à 1,5 milliard d'euros par an. Le patient pourra accéder à ces informations par Internet. Toutefois, ce dispositif est loin d'être abouti. Dix modèles de DMP sont en cours d'expérimentation dans quatorze régions, afin d'identifier les dispositifs techniques les plus performants. Le DMP devrait être généralisé en 2012.