Article de Mme Marie Bellan lu le 25 novembre 2008 sur le site des Echos (cliquer ucu pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/info/france/4801034.htm?xtor=EPR-1004
Si le montant des dons aux associations dépend forcément des revenus, ce ne sont pas les mieux lotis qui sont les plus généreux.
Au contraire. Selon les chiffres du 13e baromètre annuel sur la générosité des Français publié par le groupe de travail Recherches et Solidarités (1), dont « Les Echos » ont eu connaissance, la proportion du nombre de foyers déclarant un don augmente, certes, avec les revenus.
Mais le don moyen faiblit en proportion du revenu moyen, dès lors que ce dernier augmente. Ainsi, pour un foyer aux revenus compris entre 15.000 et 19.000 euros net annuels, le don moyen représente 0,75 % de son revenu, pour se situer au-dessous de 0,6 % chez les foyers déclarant entre 39.000 et 78.000 euros. De même, l'évolution du don moyen déclaré, s'il s'est tassé entre 2005 et 2006 pour toutes les tranches de revenus, a baissé nettement plus pour la tranche déclarant plus de 78.000 euros (- 21 %) que pour les tranches plus modestes (- 1 % pour la tranche déclarant entre 0 et 15.000 euros, - 13 % entre 15.001 et 31.000 euros). Une tendance qui se confirme si l'on compare les foyers imposables et non imposables : le montant total des dons des premiers a baissé de 4 % entre 2005 et 2006, quand celui des seconds progressait.
Pour Jacques Malet, président de Recherche et Solidarités, ces chiffres montrent que la baisse du pouvoir d'achat invoquée par certains spécialistes pour expliquer le tassement de la récolte des dons depuis 2005 (2,7 milliards d'euros ont été récoltés en 2005 selon les estimations, 2,8 milliards en 2006, 3 milliards en 2007) ne tient pas. Puisque les foyers les moins sensibles à une baisse de pouvoir d'achat sont pourtant les premiers à revoir leurs dons à la baisse.
Manque d'informations
Seraient-ils déçus par le « retour sur investissement » de leurs dons ? C'est également une des hypothèses de Recherche et Solidarités. « Plus le montant de votre don est élevé, plus vous voulez connaître le projet dans lequel vous avez investi. Or, aujourd'hui, les relations associations-donateurs en France ne sont pas calibrées pour ce type de donateurs importants », analyse Jacques Malet. Plus que la crainte du gaspillage, c'est le manque d'informations sur les missions menées qui rebutent certains donateurs aux moyens importants. Et qui génèrent du coup une importante déperdition pour les associations.
Reste à savoir quelles seront les réactions des donateurs face à la crise ? Les perspectives pour 2008 ne sont pas alarmistes mais devraient confirmer le tassement des deux dernières années : les deux tiers des donateurs n'envisagent pas de modifier leur attitude de générosité en cette fin d'année, ni le type de cause qu'ils soutiennent. « L'espoir est encore permis pour les associations d'aller convaincre le dernier tiers d'indécis », conclut, optimiste, Jacques Malet.
(1) L'observation porte sur plus de 6 millions de foyers fiscaux, et un montant déclaré de 1,6 milliard d'euros.