Article de M. Vincent Collen lu le 18 novembre 2008 sur le site des Echos (cliquer ici pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/info/france/4798286.htm?xtor=EPR-1004
La crise boursière pénalise le fonds de réserve pour les retraites, elle touche aussi les régimes de retraite complémentaire : Arrco (salariés du privé) et Agirc (cadres). Les deux régimes fonctionnent sur le principe de la répartition : les cotisations reçues paient les prestations versées. Mais ils ont des réserves et ces réserves sont investies en actions et en obligations. Elles devraient afficher cette année des résultats financiers négatifs. La perte sera d'une centaine de millions d'euros pour l'Agirc, comme l'a indiqué « La Tribune » hier. Mais, surtout, selon nos informations, elle sera d'environ 1,1 milliard d'euros pour l'Arrco. « Ces prévisions tiennent compte de l'effondrement des marchés financiers depuis le début de l'année », explique-t-on à l'Arrco-Agirc.
C'est la première fois que l'Arrco prévoit une perte pour ses activités financières. Le régime a publié, ces dernières années, de confortables bénéfices, grâce à la bonne tenue de la Bourse. Même en 2002, autre année noire pour les placements en actions, l'organisme de retraite complémentaire des salariés du privé avait réussi à sortir un résultat légèrement positif. En conséquence, le bénéfice de l'Arrco devrait être réduit à 200 ou 300 millions d'euros en 2008, à comparer aux... 3,5 milliards dégagés l'an dernier (l'Agirc se dirigeant vers une perte de 100 millions). La gestion des réserves se veut pourtant relativement prudente : les deux organismes n'investissent qu'entre 25 % et 30 % de leurs fonds en actions. Mais la chute de la Bourse a été si violente que l'impact a été important malgré tout.
57 milliards de réserves
Pour spectaculaire qu'elle soit, cette plongée dans le rouge est pour partie virtuelle. Elle est la conséquence des moins-values latentes que l'Agirc et l'Arrco doivent provisionner dans leurs comptes pour tenir compte du recul de la valeur de leurs lignes investies en actions. « Si la Bourse remonte en 2009, nous ferons des reprises de provisions, ce qui viendra gonfler le bénéfice l'an prochain », explique la même source. Surtout, ni l'Arrco ni l'Agirc n'ont besoin de toucher à leurs réserves pour le moment, car les deux régimes, pris ensemble, restent excédentaires. Les cotisations qu'ils perçoivent, auxquelles s'ajoute la contribution de l'Etat pour la prise en charge des mesures en faveur des carrières longues, sont supérieures aux allocations qu'ils versent aux retraités.
Les réserves sont, justement, le fruit de ces excédents accumulés. Elles devraient atteindre environ 57 milliards d'euros en fin d'année, contre près de 60 milliards fin 2007. Cela représente environ une année de prestations versées aux retraités. Mais les régimes ne devraient pas rester excédentaires bien longtemps. Pour l'Agirc, le déficit devrait apparaître dès les prochaines années, tandis que l'Arrco ne resterait dans le vert que jusqu'en 2012 ou 2013. Cette perspective sera l'un des sujets de la négociation des partenaires sociaux, qui se réunissent à partir de janvier pour décider de l'avenir des deux régimes.