Article signé J-M G, publié le 12 février 2009 sur le site des Echos (cliquer ici pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/info/energie/300329278.htm?xtor=EPR-1000
Selon l'Agence internationale de l'énergie, les groupes pétroliers stockent 40 à 50 millions de barils de pétrole sur des tankers. Objectif : permettre aux investisseurs de tirer profit des variations de prix sur le marché à terme des matières premières.
Comment gagner de l'argent avec un pétrole dont les prix sont au plus bas ? En le stockant pour le compte des investisseurs des marchés à terme ! C'est le constat fait par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui, dans son rapport mensuel sur le pétrole paru aujourd'hui, écrit que début février, 40 à 50 millions de barils de brut étaient "stockés à court terme" sur les navires pétroliers (tankers), surtout dans le Golfe du Mexique et la mer du Nord.
Depuis le mois de novembre 2008, au moins, plusieurs groupes pétroliers, dont Royal Dutch Shell et BP, stockent ainsi du brut sur des navires spécialisés. Leur but : profiter de la structure "contango" du marché pétrolier, terme en vogue sur les marchés à terme (ou, "future").
En optant pour ces contrats "à effet de levier", les acheteurs jouent sur les écarts de prix (les "spreads") entre les livraisons à terme et livraisons au comptant sur le marché des matières premières, notamment le pétrole. Avec le contango (le prix spot est inférieur au prix futur), les investisseurs sont gagnants quand l'écart de prix entre deux échéances du contrat de brut à terme _ janvier et février, par exemple _ est négatif . Ils en profitent alors pour faire stocker le pétrole et le revendre avec un profit quasi garanti. L'option inverse, dite "backwardisation" concerne la spéculation gagnante à la hausse entre ces deux échéances.
25 millions de barils stockés dans le Golfe du Mexique
Evoquant le pétrole, Giovanni Serio, responsable européen de la recherche sur les ressources naturelles chez Goldman Sachs, décrit une crise profonde et globale mais relativement circonscrite dans le temps, ce qui alimente, au mois pour le premier semestre 2009, un scénario de "contango prodond". Ce phénomène expliquerait en partie la hausse massive des stocks américains dont les réserves ont fait, la semaine dernière, un bond pour atteindre 7,2 millions de barils. Un chiffre spectaculaire et largement supérieur aux anticipations.
L'AIE estime que plus de 25 millions de barils sont stockés sur la côte américaine du golfe du Mexique et 15 autres millions en mer Nord. Mais de plus petites quantités font l'objet du même traitement en Méditerranée et en Afrique de l'Ouest.
L'agence cite l'exemple BP qui a vendu hier mardi au trader Vitol group, la cargaison de Forties (un pétrole brut de la mer du Nord) stockée depuis le mois de décembre dernier à Orkney Islands (Ecosse) sur un supertanker, le Vienna Eagle. Ce dernier était ancré à Scapa Flow, dans les îles Orcades, depuis le 14 décembre après voir chargé son Forties à Hound Point (Ecosse), selon les données de suivi du navire.
Même chose du côté de Shell qui a vendu le mois dernier, toujours à Vitol, 1,8 million de barils de brut de la mer du Nord stockés sur des tankers.