(ndlr du blog : rien n'empêche les promeneurs de se procurer une pince à tiques (en pharmacie) pour enlever précocément les tiques éventuelles)
Extraits d’un article de Mme Sylvie Rinaudo, docteur ingénieur, publié le 26 aout 2010 sur le site du Monde (cliquer ici pour accéder au site du Monde)
L’été et les vacances nous confrontent massivement aux attaquants minuscules que sont les insectes et les arachnides piqueurs. Parmi les arachnides, les tiques, qui prospèrent aux dépens des animaux à sang chaud, dont fait partie l’homme.
Les tiques attendent sur un brin d’herbe qu’un jarret ou un mollet passe à proximité pour s’y agripper, et repèrent leurs proies à la chaleur dégagée, et à l’odeur…./…
Lors de leur repas sanguin, elles sont susceptibles de transmettre des maladies à leur hôte, dont la plus connue sous nos climats est la maladie (borréliose) de Lyme.
Qu’arrive-t-il aux personnes contaminées ? Si elles développent un érythème autour de la piqûre, et consultent un médecin, elles seront vraisemblablement diagnostiquées porteuses de la maladie de Lyme, et bénéficieront d'un traitement antibiotique. Cependant, on sait statistiquement qu’environ la moitié des personnes infectées par cette maladie ne développent pas ce signe d’alerte pathognomique.
La maladie peut alors persister et se disséminer dans l’organisme. Elle affectionne particulièrement les articulations et le système nerveux, mais l’ensemble du corps est potentiellement parasitable. Si la notion de piqûre de tique est présente, le médecin peut avoir recours à un sérodiagnostic, qui mettra en évidence un éventuel contact avec l’agent infectieux de la maladie de Lyme.
les sérodiagnostics de borréliose sont loin d’avoir la fiabilité de ceux que l’on utilise, par exemple, pour détecter le VIH…./… Idéalement, les médecins compensent ce défaut de fiabilité des sérodiagnostics en posant un diagnostic clinique, à partir de l’ensemble des symptômes que présente le patient…./… Nouveau dilemme : la maladie de Lyme mime de nombreuses autres pathologies, et beaucoup de praticiens n’en ont jamais rencontré de manière directe et certaine…./… ils peuvent donc rater en toute bonne foi un vrai malade de Lyme, d’autant plus facilement qu’il présentera une sérologie douteuse.Or, plus cette maladie est dépistée tardivement, plus elle est difficile à soigner. C’est ici que deux courants médicaux s’affrontent, car aux dilemmes précédents s’ajoute une controverse médicale. La très connue Infectious Diseases Society of America (IDSA), qui a une prépondérance indéniable dans les publications médicales internationales en matière d'infectiologie, soutient que quelques semaines de traitements antibiotiques suffisent à débarrasser toutes les personnes contaminées de leur maladie de Lyme. Si, selon l’IDSA, le patient n’est pas guéri à l‘issue de ce court traitement, c’est qu’il souffre d’autre chose, ou d’un « syndrome post-Lyme », entité vague et inguérissable.
Une autre société médicale américaine, l’International Lyme and Associated Diseases Society (ILADS) préconise des traitements plus longs pour les cas plus anciens, et la prise en compte des autres pathologies susceptibles d’avoir été contractées au cours de la piqûre de tique, et nie la notion de syndrome post-Lyme, qui selon elle ne serait que la conséquence d’une borréliose insuffisamment traitée.
L’IDSA proteste que les antibiotiques au long cours soient des traitements qui peuvent entraîner des effets secondaires, l’ILADS argumente que les dégâts causés par cette maladie, lorsqu’elle est mal ou insuffisamment traitée, sont sans rapport, en termes de gravité et d'invalidité, avec les effets secondaires des antibiotiques…./…
La France s’honorerait en prenant en compte les deux systèmes de directives médicales existantes, ce qui permettrait de soigner les quelques centaines (milliers ?) de malades de Lyme français laissés pour compte par le seul système de directives actuellement appliqué. Au final, ce serait probablement moins cher pour l’assurance maladie, et incomparablement moins coûteux sur le plan humain…./…