Prévention : L’implication des médecins généralistes
L’Inpes vient de publier le Baromètre santé médecins généralistes 2009, un ouvrage présenté à l’occasion du cinquième Congrès de la médecine générale, qui s’est tenu du 23 au 25 juin 2011, à Nice. Retour sur les principaux enseignements de l’enquête.
Outre le diagnostic, la prise en charge thérapeutique et l’organisation des soins, la pratique quotidienne des généralistes intègre une mission de prévention. Depuis 1992, les Baromètres santé médecins généralistes de l’Inpes décrivent les perceptions et les comportements des praticiens dans ce domaine. Cette sixième édition propose une analyse des données issues de l’enquête menée en 2008 et 2009 auprès de 2 083 professionnels. Elle se penche par ailleurs sur leur évolution récente en s’appuyant sur les chiffres du Baromètre 2003.
Une mission à part entière
Dans un premier temps, l’ouvrage souligne l’engagement des généralistes en matière de prévention. Ainsi, 95,7 % d’entre eux estiment qu’elle fait partie de leur mission. Ils reconnaissent également le rôle des professionnels paramédicaux (81,6 %), des médecins spécialistes ou hospitaliers (66,4 %), des médias (61,0 %) ou encore des professionnels de l’enseignement et du secteur social (59,8 %).
Parmi les thématiques de prévention les plus faciles à aborder avec les patients, les praticiens citent le risque cardiovasculaire et le dépistage des cancers, suivis par l’activité physique, le tabagisme et la nutrition. En revanche, la consommation d’alcool, la vie affective et sexuelle ou l’usage de drogues leur semblent plus délicats à évoquer.
Des difficultés face aux infections virales chroniques
Concernant le dépistage de certaines infections virales comme les hépatites et le sida, des progrès restent à réaliser. En France, environ 500 000 adultes seraient infectés de façon chronique par une hépatite B ou C et près de la moitié d’entre eux ignoreraient leur statut sérologique (chiffres 2004). Le Baromètre 2009 montre que le dépistage de l’hépatite C est fréquemment proposé aux usagers de drogues par voie intraveineuse et aux personnes transfusées avant 1992, mais moins souvent à celles qui ont subi un acte chirurgical invasif, sont tatouées ou ont un piercing. C’est le cas également pour certaines populations à risque – en situation de précarité ou originaires d’un pays à forte endémie – d’approche plus difficile.
Pour sa part, la prescription du test VIH par les généralistes se maintient depuis 2003. En 2009, 93,9 % d’entre eux déclaraient avoir prescrit au moins un dépistage dans le mois précédant l’enquête, un chiffre proche de celui enregistré en 2003 (93,4 %). De plus, le dépistage du sida intervient plus souvent à la demande du patient (6 fois sur 10) que du praticien (1 fois sur 3).
Les généralistes : de bons relais de la vaccination
La grande majorité des médecins interrogés sont favorables à la vaccination, avec 76,9 % de « très favorables ». Cependant, ces taux varient en fonction des vaccins. Ainsi, la vaccination ROR recueille 82,1 % d’avis « très favorables ». Pour l’hépatite B, 94,0 % des praticiens se déclarent « très » ou « plutôt favorables » à la vaccination des adultes à risque et 68 % à celle des nourrissons (contre 58,8 % en 2003). Le vaccin anti-pneumococcique (introduit dans le calendrier vaccinal en 2003) et celui contre les infections à papillomavirus humain (introduit en 2007) recueillent respectivement 62,7 % et 58,6 % d’opinions « très favorables ». En revanche, seuls 42,1 % des médecins d’Ile-de-France et 36,9 % de ceux exerçant dans les autres régions se disent « très favorables » au BCG. De même, moins de la moitié des praticiens (43,4 %) sont en faveur de la vaccination contre les rotavirus et moins d’un tiers (29,5 %) au vaccin contre la varicelle.
Les addictions en question
En 2009, près des deux tiers des généralistes ont reçu au moins un usager dépendant aux opiacés et 59 % au moins un consommateur de cannabis. En revanche, seul un médecin sur cinq déclare avoir vu, au cours de l’année, au moins un patient pour un produit stimulant tel que la cocaïne, l’ecstasy ou les amphétamines.
Par ailleurs, près des deux tiers des praticiens déclarent avoir abordé la question du tabagisme au moins une fois avec chaque patient. Pour l’alcool et, plus particulièrement, le cannabis, le repérage est moins systématique : environ 70 % déclarent ne l’évoquer qu’avec des personnes « jugées » à risque.
Enfin, le recours à des outils d’aide au repérage de la dépendance a nettement progressé : 34 % des généralistes utilisent des questionnaires d'aide au repérage de la consommation de tabac en consultation, contre 6 % en 2003. En revanche, seuls 13 % ont recours aux questionnaires standardisés sur l’usage d’alcool.