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Investissement et Croissance : Allemagne et France (2/3)

Nous proposons sur trois jours des extraits (Sommaire, Introduction, Conclusion) du rapport demandé par MM. Sigmar Gabriel et Emmanuel Macron, ministres de l’économie allemand et français aux économistes Henrik Enderlein et Jean Pisani-Ferry et présenté le 27 novembre 2014 (cliquer ici pour accéder au texte complet du rapport)

http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/rapport_vf_final_17h.pdf

Rapport - Réformes, investissement et croissance : un agenda pour la France, l'Allemagne et l'Europe

 

…/… suite de l’Introduction

 

Des solutions étroites ne peuvent pas être la réponse à un vaste problème. Des réformes structurelles, seules, renforceraient le potentiel de croissance, mais feraient bien peu pour soutenir la croissance à court terme ; elles risqueraient même d’accentuer les tendances déflationnistes. Un soutien de la demande, seul, risquerait d'être perçu comme une tentative bientôt avortée ou inversée ; il ne suffirait pas à convaincre les investisseurs de parier sur l’avenir de l'Europe. Les visions à long terme appelant à plus d’Europe ne règlent aucun des défis immédiats et des problèmes nationaux ; de plus, elles pourraient paraître si éloignées des déboires actuels qu’elles risqueraient, au mieux, d'être vues comme non pertinentes par les citoyens.

 

L'action est donc nécessaire sur ces trois fronts à la fois. La question est de savoir comment.

Si l'Europe était un seul pays avec un seul gouvernement crédible, la réponse serait simple : elle appliquerait une stratégie à deux niveaux, combinant d’ambitieuses réformes pro-croissance avec un soutien budgétaire sous la forme d’investissements publics temporaires ou de réductions d'impôt immédiates gagées sur de futures réductions des dépenses publiques.

 

 

La banque centrale indiquerait quant à elle clairement que sous réserve de réformes concrètes et d’un engagement crédible en termes de consolidation budgétaire future, elle se tiendrait prête à servir de «dernière ligne de défense pour le financement du gouvernement» (pour citer le récent discours du président de la BCE Mario Draghi lors de la conférence de Jackson Hole). Mais nous ne sommes pas dans cette situation. Les réformes dépendent de décisions nationales. Il n’existe pas «d’orientation budgétaire» au niveau de l'union monétaire. Au contraire, la politique budgétaire globale est la somme de toutes les politiques budgétaires nationales.

 

La plupart des gouvernements en Europe souffrent d'une faible crédibilité. La confiance a été endommagée par les engagements non tenus et par les désaccords sur la gestion de la crise de l'euro. Le cadre budgétaire européen devrait en principe être suffisamment fort pour rendre contraignants les engagements de consolidation, mais sa crédibilité reste fragile. Demander une relance monétaire d’envergure est économiquement justifié, mais la BCE ne peut pas s’engager à soutenir des gouvernements nationaux pris individuellement.

Dans un tel contexte, certains proposent un policy-mix « partagé ». L'argument est le suivant : l’Allemagne stimulerait la demande tandis que d'autres pays, dont la France, se réformeraient.

Le problème de cette approche est qu’un endettement supérieur à ce qui est justifié d’un point de vue national ne peut pas être échangé contre des réformes dans d'autres pays.

 

Une autre solution serait de mettre en place une capacité budgétaire au niveau de la zone euro, en termes simples, un budget, associé à la capacité d'emprunter. Même si elle est probablement la solution plus simple et souhaitable à long terme, elle n’est pas vraiment une réponse adaptée à la situation actuelle. Le principal obstacle est le manque de ressources propres. Un dispositif commun d'emprunt n'a pas de sens sans un mécanisme de financement associé.

Dans ce contexte, l'investissement s’est imposé comme une réponse faisant l’unanimité. Il est vrai qu’il présente de nombreux avantages, car il contribue à la fois à renforcer l'offre et à stimuler la demande. Depuis 2007, la faiblesse de l'investissement en Europe a amputé significativement la production potentielle et la demande globale. Une reprise de l’investissement renforcerait la compétitivité, la croissance et les créations d’emplois.

 

Même si le sous-investissement est un vrai problème, le résoudre ne se limite pas à un volet financier. Nous ne pensons pas que le principal obstacle à l'investissement soit le manque de mécanismes de financement. Pour investir, les entreprises doivent anticiper un environnement favorable, avoir de bonnes perspectives de demande, une rentabilité suffisante et une prévisibilité réglementaire. Si ces conditions ne sont pas réunies, des financements moins chers et plus sûrs se substitueront simplement à d’autres plus coûteux et plus incertains.

 

Ce que nous proposons dans le présent rapport est une façon pragmatique sortir de cette impasse. Nous proposons :

 

1. Des réformes en France et en Allemagne. Les réformes ne sont pas les mêmes car les deux pays ne sont pas confrontés aux mêmes défis. En France, les incertitudes à court terme réduisent la confiance à long terme, mais les perspectives à plus long terme semblent meilleures.

En Allemagne, les incertitudes à long terme réduisent la confiance aujourd’hui, mais la situation à court terme semble relativement bonne. En France, nous craignons un manque d'audace pour des réformes décisives. En Allemagne, nous craignons un risque de contentement excessif.

 

2. Des packs de réformes. Nos propositions de réformes ciblent les domaines prioritaires dans chaque pays. Nous proposons de grouper les actions servant le même objectif en «packs» et de nous concentrer sur un petit nombre de tels « packs de réformes ». En France, ils concernent la transition vers un nouveau modèle de croissance, basé sur un système combinant plus de flexibilité avec de la sécurité pour les employés («flexisécurité») et une réforme du système juridique, une base plus large pour la compétitivité et la construction d'un Etat moins 5 lourd et plus efficace. En Allemagne, ils concernent les défis démographiques, notamment en préparant la société allemande à une immigration supérieure et en augmentant la participation des femmes sur le marché du travail, la transition vers un modèle de croissance plus inclusif, fondée sur l'amélioration de la demande et un meilleur équilibre entre épargne et investissement. Ces réformes ne visent pas à plaire au voisin respectif, mais à créer de meilleures conditions pour l’emploi, la croissance à long terme et le bien-être dans chaque pays ainsi qu’en Europe.

…/…

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