http://www.senat.fr/questions/base/2018/qSEQ180102915.html
Question écrite n° 02915 de M. Jean-Pierre Decool (sénateur du Nord)
Jean-Pierre Decool attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé à propos des effets sur la santé de la non activité physique. L'observatoire national de l'activité physique et de la sédentarité révèle qu'une sédentarité de 3 heures par jour est déjà responsable de 3,8 % des décès. Ces chiffres sont confirmés par d'autres études et témoignages selon lesquels, la sédentarité est reconnue à partir de 7 heures en position assise dans la journée et que pour en compenser les effets, il faudrait de 1H30 à 2 heures d'activités pas jour. La situation assise est donc synonyme d'accélérateur d'augmentation de la mortalité.
Or, d'autres études révèlent l'aggravation du phénomène de sédentarisation auprès des adolescents. Selon l'organisation mondiale de la santé, seul un tiers des adolescents de 11 à 17 ans pratique une heure par jour d'activité physique. Le phénomène est identique pour les adultes de plus de 65 ans vers lesquels il est conseillé de passer une heure par jour d'activités physiques.
Il lui demande si face, à l'aggravation de ce phénomène qui deviendrait selon certains scientifiques, un facteur de risque collectif dépassant le tabagisme, il ne serait pas opportun de sensibiliser la population par une campagne publique.
Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée dans le JO Sénat du 19/04/2018 p. 1963
Les repères nutritionnels du programme national nutrition santé (PNNS) sur le volet de l'activité physique ont été publiés en février 2016 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES). Le rapport et l'avis démontrent les effets favorables de l'activité physique et de la réduction de la sédentarité en matière de prévention d'un grand nombre de pathologies chroniques.
Les repères ont permis à l'Agence nationale de santé publique – Santé Publique France (ANSP-SpF) de rénover l'espace « bouger plus » du site mangerbouger.fr ainsi que la rubrique pour les professionnels de santé. La campagne web de promotion de l'espace « bouger plus » a été faite le 26 septembre 2017. L'ANSP-SpF a enregistré plus de 250 000 visites sur cet espace et 24 000 personnes ont évalué leur niveau d'activité physique avec le Global Physical Activity Questionnaire (GPAQ). Cette campagne web a accompagné la publication des résultats du chapitre sur l'activité physique et la sédentarité du volet nutrition de l'étude « Esteban » de l'ANSP-SpF.
Cette étude de santé sur l'environnement, la bio surveillance, l'activité physique et la nutrition, publiée le 26 septembre 2017, met en lumière des niveaux d'activité physique encore faibles et une sédentarité élevée chez les adultes et les enfants résidant en France métropolitaine en 2015, ainsi qu'une dégradation quasi-générale de ces indicateurs au cours des 10 dernières années. Ces résultats de l'étude « Esteban » rejoignent ceux de la troisième étude individuelle nationale des consommations alimentaires (dite INCA3) menée par l'ANSES et publiée le 12 juillet 2017.
Elle donne quelques repères clés sur la situation de la sédentarité en France. Le niveau d'activité physique des Français est préoccupant. Environ un tiers de la population a un comportement associant l'inactivité physique et la sédentarité. En sept ans, depuis l'étude INCA2, le temps quotidien passé devant un écran, hors temps de travail, a augmenté de 20 minutes en moyenne chez les enfants et d'une heure et vingt minutes chez les adultes. Le pourcentage d'individus présentant un comportement sédentaire est alarmant puisque la moitié des adolescents de 11 à 14 ans, deux tiers des adolescents de 15 à 17 ans et plus de 80 % des adultes de 18 à 79 ans sont concernés.
La sédentarité est reconnue comme un facteur de mortalité et favorise le surpoids et l'obésité. Agir sur des comportements plus favorables à la santé signifie agir sur l'alimentation, lutter contre la sédentarité et faciliter les activités physiques et sportives. L'avis et le rapport de l'ANSES de 2016 sur la révision des repères relatifs à l'activité physique et à la sédentarité soulignent en effet que c'est la concomitance de l'augmentation de l'activité physique et la réduction des temps cumulés et continus de sédentarité qui produira les effets les plus marqués sur la santé. Il apparaît donc nécessaire, dans une perspective de santé publique, d'intervenir conjointement pour augmenter le niveau d'activité physique de la population et lutter contre les comportements sédentaires. L'axe 2 du PNNS 3 (2011-2015) concernait le développement de l'activité physique et sportive et la limitation de la sédentarité. Le PNNS 4 en cours d'élaboration, comprendra aussi un axe visant à augmenter l'activité physique et diminuer la sédentarité. Celui-ci sera élaboré avant le mois de septembre 2018.
La stratégie nationale de santé 2018-2022 renforce la prévention et, à ce titre, met en place une politique de promotion de la santé, incluant la prévention, dans tous les milieux et tout au long de la vie. La promotion d'une activité physique régulière et la lutte contre les comportements sédentaires dans la vie quotidienne (domicile, travail, école…) trouvent naturellement leur place dans ce cadre. Cette stratégie nationale de santé est déclinée dans le Programme national de santé publique (PNSP) publié fin mars 2018