Nous vous proposons aujourd’hui des extraits (hors méthode, discussion, analyse, prévalences, facteurs, ...) d’une étude publiée le 11 juin 2024 dans le B.E.H. n° 12 du ministère chargé de la santé (cliquer ici pour accéder au site du ministère chargé de la santé)
https://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2024/12/2024_12_1.html
Prévalences nationales/régionales de l’activité physique et de la sédentarité des adultes en France : résultats du Baromètre de Santé publique France 2021
Etude de Charlotte Verdot (charlotte.verdot@santepubliquefrance.fr), Benoît Salanave, Hélène Escalon et Valérie Deschamps - Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH n°12) publié le 11 juin 2024
Résumé
Introduction –
Le manque d’activité physique (AP) et la sédentarité sont deux facteurs de risque de nombreuses maladies non transmissibles. Le suivi régulier de ces comportements au sein de la population générale est nécessaire pour évaluer leur impact sanitaire et adapter les politiques de prévention aux besoins de la population.
Méthode –
Cet article présente les niveaux d’AP et de sédentarité de la population adulte en France en 2021, à partir des résultats du Baromètre de Santé publique France 2021 (France hexagonale et départements et régions d’outre-mer), ainsi que les facteurs sociodémographiques qui y sont associés. Le dimensionnement de ces enquêtes permet pour la première fois d’estimer ces prévalences au niveau régional.
Résultats –
En 2021, 73% des hommes et 59% des femmes atteignaient les recommandations en matière d’AP. La prévalence d’atteinte des recommandations complémentaires de renforcement musculaire était de 31% chez les hommes et 20% chez les femmes. Plus d’un adulte sur cinq déclarait passer plus de sept heures par jour en position assise et la prévalence d’un temps écran de loisirs supérieur à trois heures quotidiennes atteignait 39%. Seule la recommandation de rupture de sédentarité semblait bien observée. L’atteinte des recommandations d’AP était associée au sexe, à l’âge, au niveau de diplôme et à la taille de l’agglomération, de même que la situation professionnelle pour les hommes et la structure du ménage pour les femmes. La sédentarité était associée à l’âge, au niveau de diplôme, à la taille de l’agglomération, à la structure du ménage et à la situation professionnelle. L’atteinte des recommandations d’AP variait de plus de 15 points selon les régions. La Bretagne et l’Occitanie se distinguaient par une prévalence significativement supérieure à la prévalence nationale contrairement à l’Île-de-France et au Nord-Est de l’Hexagone qui présentaient des prévalences significativement inférieures à la prévalence nationale.
Conclusion –
Ces données permettent de dresser un état des lieux des niveaux d’AP et de sédentarité des adultes en France en 2021 et ciblent les populations et territoires à prioriser en matière de prévention.
Introduction
L’activité physique (AP) est un facteur de protection de nombreuses maladies non transmissibles comme les maladies cardiovasculaires, métaboliques ou certains cancers. Elle est recommandée pour maintenir ou améliorer la santé physique et mentale à tous les âges de la vie et elle est même reconnue comme une thérapeutique non médicamenteuse à part entière pour de nombreuses pathologies. En parallèle, la sédentarité est un facteur de risque distinct, influant sur les mêmes pathologies et la mortalité toutes causes. L’AP et la sédentarité ne se compensent pas directement. Il faut une certaine « dose » d’AP (en termes de durée et d’intensité) pour compenser les effets délétères d’une sédentarité élevée. Il est donc nécessaire, pour maintenir ou améliorer sa santé, de limiter sa sédentarité autant que possible, et d’augmenter conjointement son niveau d’AP.
Si ces constats sont partagés, les chiffres ne sont pas rassurants pour autant. D’une part le manque d’AP reste prégnant dans les pays développés, et d’autre part la sédentarité ne cesse de gagner du terrain. En France, les données de l’Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Esteban) faisaient état en 2014-2016 d’un niveau d’AP insuffisant (en-dessous des recommandations) pour trois hommes sur 10 et une femme sur deux et d’un niveau de sédentarité élevé (plus de sept heures d’activités sédentaires par jour) pour plus de 40% des adultes de 18-75 ans. L’évolution de ces comportements depuis l’Étude nationale nutrition santé 2006-2007 (ENNS) n’était pas favorable puisqu’une diminution de l’AP des femmes et une augmentation de la sédentarité pour l’ensemble de la population étaient observées au cours des 10 années écoulées.
Au regard de cette situation, il est important de développer des actions et stratégies visant à augmenter l’AP et diminuer la sédentarité de la population, mais il est également indispensable de pouvoir mesurer régulièrement ces indicateurs, afin d’en suivre l’évolution et d’adapter les politiques de santé publique au plus près des besoins. Si les grandes enquêtes de santé (ENNS, Esteban et prochainement l’enquête Alimentation, biosurveillance, santé, nutrition, environnement – Albane) permettent d’évaluer et de décrire en détail ces comportements au sein de la population, leur réalisation tous les 10 ans, du fait de la complexité de leur dispositif, ne permet pas un suivi fin des évolutions ou des tendances de ces indicateurs au cours du temps. L’inclusion de questions relatives aux comportements d’AP et de sédentarité dans le Baromètre de Santé publique France (BS) 2021 a permis d’obtenir des données représentatives, à mi-chemin des grandes enquêtes épidémiologiques en France hexagonale et dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), et donne lieu pour la première fois à l’analyse de ces données à un niveau infranational, compte tenu de la taille de l’échantillon. Cet article présente les prévalences des niveaux d’AP et de sédentarité de la population adulte en France en 2021, les facteurs sociodémographiques qui y sont associés et l’estimation de ces prévalences par région.
Indicateurs d’activité physique et de sédentarité
Le module « Activité physique et sédentarité » du BS 2021 était constitué de cinq questions mesurant l’AP des individus (AP modérée et intense au cours des sept derniers jours et activités de renforcement musculaire) et de trois questions portant sur la sédentarité (temps passé assis et temps d’écran quotidiens ainsi que la fréquence de rupture de sédentarité). Des indicateurs spécifiques ont été construits afin de rendre compte des niveaux globaux d’AP et de sédentarité de la population.
Concernant l’AP, l’indicateur étudié est la prévalence d’individus considérés comme physiquement actifs, c’est-à-dire atteignant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière d’AP pour la santé. Cela revient, pour les adultes, à « pratiquer au moins 150 à 300 minutes d’activité physique aérobie d’intensité modérée ou au moins 75 à 150 minutes d’activité physique aérobie d’intensité soutenue ou une combinaison équivalente d’activité physique d’intensité modérée ou soutenue par semaine ». Un second indicateur correspond à la prévalence d’atteinte de la recommandation complémentaire relative aux activités de renforcement musculaire (RM), préconisant, pour les adultes, la pratique de telles activités au moins deux fois par semaine.
Concernant la sédentarité, celle-ci est appréhendée par le temps quotidien passé assis et le temps passé devant les écrans. En l’absence de recommandation chiffrée (il est juste recommandé de « limiter le temps de sédentarité ») nous nous sommes basés sur des seuils généralement utilisés dans la littérature pour définir un niveau de sédentarité élevé 13,14 : passer plus de sept heures par jour en position assise ou passer plus de trois heures par jour devant un écran en dehors de toute activité professionnelle. Enfin, un dernier indicateur rend compte de la fréquence de rupture de sédentarité. En cas de position assise prolongée, la recommandation française datant de 2019 est de se lever pour marcher un peu au moins toutes les deux heures.
Résultats : Niveaux d’activité physique et de sédentarité
En 2021, en France hexagonale, 72,9% des hommes et 59,3% des femmes (p<0,001) âgés de 18 à 85 ans atteignaient les recommandations de l’OMS en matière d’AP pour la santé. La prévalence d’atteinte des recommandations complémentaires de RM s’élevait à 31,1% chez les hommes et 20,2% chez les femmes (p<0,001). Les différences observées selon le sexe en matière d’AP ne se retrouvaient pas dans les comportements sédentaires. Plus d’un adulte sur cinq déclarait passer plus de sept heures par jour en position assise et la prévalence d’un temps d’écran de loisirs supérieur à trois heures quotidiennes atteignait 39%. Seule la recommandation de rupture de sédentarité semblait être bien observée avec plus de 9 adultes sur 10 déclarant se lever au moins toutes les deux heures en cas de position assise prolongée. Au total, 8,6% des hommes et 9,9% des femmes (p<0,01) cumulaient les deux facteurs de risque, à savoir une AP insuffisante et une sédentarité élevée.
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Conclusion
Cette étude permet de dresser une cartographie des prévalences d’AP et de sédentarité en France en 2021. La puissance de cette étude nationale représentative permet d’estimer pour la première fois ces prévalences à un niveau infranational, DROM inclus. Cette étude dresse un état des lieux de la situation française et met en exergue les principaux facteurs liés à ces comportements de santé. Ce sont autant de pistes sur lesquelles il est possible d’agir pour espérer inverser la tendance, afin de lutter efficacement contre l’inactivité physique et la sédentarité.
La proclamation de la promotion de l’activité physique et sportive comme Grande Cause nationale en 2024, année des Jeux olympiques et paralympiques en France, devrait contribuer à impulser de nombreuses initiatives pour développer l’AP du plus grand nombre. Tout l’enjeu sera d’inclure l’ensemble des territoires et de la population et de faire perdurer cet élan dans le temps.