https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2872558/fr/-sedentarite-attention-danger-pour-la-sante.html
Le manque d’activité physique (AP) est responsable de plus de 3 millions de décès chaque année dans le monde. La France n’est pas épargnée : plus de 30 % des adultes n’atteignent pas les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé en matière d’AP. Pour enrayer ce problème majeur de santé publique, le Pr François Carré*, cardiologue et médecin du sport à l’hôpital Pontchaillou de Rennes (35) et ambassadeur de la Fédération française de cardiologie pour l’activité physique, rappelle l’importance de la consultation médicale spécifique d’activité physique pour la santé.
Est-on vraiment conscient des conséquences de la sédentarité sur la santé ?
Clairement non, la population générale n’est pas consciente des enjeux actuels liés à la sédentarité. Nous sommes dans la même situation qu’il y a 40 ans face au tabac lorsque la norme était de fumer. Aujourd’hui l’activité physique (AP) n’est pas perçue comme une nécessité, alors qu’il est dangereux pour la santé de rester trop longtemps assis, ce qui correspond à la sédentarité, et de ne pas assez bouger, c’est une réelle perte de chance. La sédentarité est un facteur de risque favorisant la survenue de toutes les maladies chroniques non transmissibles. On devrait d’ailleurs mesurer la capacité physique, comme on dose le cholestérol car c’est le reflet de notre capital santé et le véritable indicateur d’espérance de vie.
Entre 1971 et 2011, la capacité physique des collégiens a baissé de 25 % : donc si on ne change rien l’espérance de vie de nos enfants risque d’être plus faible que la nôtre.
De plus, le manque d’activité physique entraine de nombreux troubles : jambes lourdes, constipation, problèmes de sommeil… Pour toutes ces raisons, il est essentiel de motiver nos patients à bouger davantage.
Quels sont les leviers de motivation à mettre en avant auprès d'un patient pendant la consultation médicale spécifique d'activité physique ?
D’abord il faut interroger le patient sur son mode de vie et lui signifier à quel point il est sédentaire ou inactif. Puis lui expliquer que l’on ne va pas lui proposer de faire du sport mais de l’activité physique. Pour un patient qui ne pratique pas, il faut commencer petit à petit, lui prescrire 10 mn de marche à une allure modérée trois fois par jour par exemple. Tout le monde peut intégrer cette routine dans son quotidien : privilégier les escaliers à l’ascenseur pour monter un, voire deux étages, se garer un peu plus loin lorsqu’on part faire des courses, se promener durant la pause déjeuner…
Il faut aussi diminuer le temps journalier passé assis en s’astreignant à rompre les périodes assises prolongées, c’est-à-dire supérieures à 2 heures, en se levant et en bougeant pendant 2 à 3 minutes.
Par exemple, une de mes patientes conduit un taxi, c’est un travail très sédentaire et elle ne se rendait pas compte des méfaits de la sédentarité liée à son métier. Aujourd’hui, elle profite des pauses entre deux courses pour sortir de sa voiture et faire une courte marche. Elle n’est plus sédentaire !
Il est essentiel d’indiquer au patient qu’il va ressentir des bienfaits très vite, dès 3 ou 4 semaines d’activité physique modérée et régulière. C’est d’autant plus vrai lorsque le patient souffre d’une pathologie, en cas d’hypercholestérolémie ou d’hypertension artérielle par exemple.
Quel sont les freins les plus fréquemment rencontrés lors de la prescription d'une activité physique et comment les lever ?