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balance commerciale (point au 14 02 2008)

Des solutions pour notre balance commerciale

Note de M. Pierre Jacquet, lue sur le site de La Tribune, le 14 février 2008

Face au déficit commercial record de notre pays, il ne sert à rien de se lamenter. Pour Pierre Jacquet, directeur de l'Agence française de développement (AFD), il nous faut plutôt réfléchir à la capacité de notre offre productive à mieux prendre encore position sur les marchés en croissance.

Publiés le 7 février, les chiffres du commerce extérieur de la France pour le mois de décembre permettent de dresser un premier bilan de l'ensemble de l'année 2007. La situation du commerce extérieur de marchandises (biens de consommation, industrie automobile, biens d'équipement, biens intermédiaires, agroalimentaire, énergie et divers, hors matériel militaire) s'est détériorée de façon accélérée tout au long de 2007, faisant apparaître un déficit total (franco de port) de 39 milliards d'euros sur l'année, 11 milliards de plus qu'en 2006.  

 Comme à l'habitude, la tentation est de stigmatiser les déficits : être "dans le rouge" suggère des dysfonctionnements. En outre, l'Allemagne fait "beaucoup mieux" avec un excédent de 200 milliards. Avant de rejoindre le cortège des lamentations, il est important de replacer ce chiffre dans le contexte du financement de la balance des paiements. Le commerce des marchandises n'en est que l'un des postes. Les revenus d'investissement et, dans une moindre mesure, les échanges de services fournissent un excédent qui contribue au financement du déficit commercial. …. S'il y a un problème commercial, il ne vient pas du déficit en tant que tel. Les exportations de marchandises ont ralenti davantage que les importations: leur taux de croissance est passé de 9% en 2006 à 3% en 2007, alors que celui des importations passait de 9,9% à 5,4%. Les conditions de croissance et de prix relatifs entre la France et ses principaux partenaires commerciaux fournissent des explications de premier rang. Les exportations de marchandises de la France vont surtout vers l'Europe (72%, dont 50% vers la zone euro), vers l'Amérique (9,4%) et vers l'Asie (9,3%). Or, tant la croissance européenne que celle des Etats-Unis ont ralenti entre 2006 et 2007 et la croissance de nos partenaires est l'un des déterminants importants de la demande pour nos exportations. A cet effet volume s'ajoute un effet prix relatifs, puisque l'euro s'est apprécié en moyenne de plus de 8% entre 2006 et 2007 en termes effectifs réels (c'est-à-dire en termes de prix relatifs entre la France et une moyenne pondérée de ses principaux partenaires commerciaux), et de 20% entre janvier 2006 et décembre 2007. Tant sur les volumes que sur les prix, la seule évolution de notre commerce extérieur en 2007 ne paraît pas particulièrement pathologique. En revanche, notre commerce de marchandises et notre balance des paiements courants sont déséquilibrés alors même que notre croissance manque de dynamisme. Or, toute accélération de la croissance impliquera une demande additionnelle d'importations. De ce point de vue, notre déficit est "structurel" plutôt que conjoncturel. En soi, ce n'est pas nécessairement un problème et notre position extérieure semble suffisamment solide pour en permettre le financement. Le Japon, par ailleurs, a un fort excédent structurel, et ce n'est pas pour autant que la situation économique y est plus favorable. Le véritable problème n'est pas que nos exportations sont inférieures à nos importations, mais que notre offre de produits industriels pourrait et devrait être mieux adaptée à la demande française et mondiale. Ce message, que relaient nos statistiques de commerce extérieur, mais qui fait écho à l'analyse plus fondamentale de la croissance potentielle en France et renvoie à tout ce qui contribue à la compétitivité hors prix (innovation, recherche, qualité, service après-vente, etc.), demeure plus pertinent que jamais…. Le risque est grand, cependant, qu'un autre message soit perçu, et que ces chiffres du commerce extérieur français amènent notre pays à s'apitoyer sur son sort dans la mondialisation et en tirer la leçon que le commerce international et la mondialisation posent davantage de problèmes à la France qu'ils ne lui apportent de bénéfices. Ce serait une erreur majeure. Ce n'est pas dans le repli ou le protectionnisme que les problèmes évoqués ci-dessus trouveront une solution, mais dans la capacité de notre offre productive à mieux prendre encore position sur les marchés en croissance.

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