Loterie fiscale
Editorial de M. Pascal Aubert lu sur le site de La Tribune le 27 février 2008
Bien malin celui qui parvient à s'y retrouver dans les méandres de la doctrine fiscale de Nicolas Sarkozy. L'homme qui s'est fait élire - en partie - sur la promesse de baisser de quatre points le taux des prélèvements obligatoires passe une moitié de son temps à annoncer des suppressions d'impôts ou de taxes et l'autre moitié à inventer de nouvelles franchises ou cotisations.
Ainsi, depuis son arrivée à l'Élysée, les Français se voient, selon la catégorie à laquelle ils appartiennent, périodiquement contraints de jouer de la calculette pour tenter de déterminer s'ils sont gagnants, perdants, ou les deux à la fois.
Dans la première catégorie, se côtoient les héritiers pratiquement dispensés de droits de succession, les PME qui voient prendre forme leur rêve d'en finir avec l'imposition forfaitaire annuelle, les très hauts revenus et les rentiers assujettis à l'ISF (impôt sur la fortune) récompensés par l'instauration du " bouclier fiscal ", les salariés admis à faire des heures supplémentaires ou encore les étudiants salariés exemptés d'impôt sur le revenu.
Dans le camp opposé, celui des perdants, voisinent pêle-mêle les assurés sociaux soumis depuis le début de l'année à une nouvelle franchise, les possesseurs de grosses cylindrées automobiles heureux redevables désormais d'une éco-vignette et, depuis hier, les salariés qui ont appris de la bouche du président de la République que leur prime annuelle d'intéressement sera bientôt soumise à cotisations.
Dans le lot, il y a probablement quelques veinards qui cumulent plusieurs cadeaux fiscaux mais aussi très certainement des perdants-perdants condamnés à payer plus sans rien espérer en retour. À cette loterie fiscale, un cadre à la santé fragile, possédant un 4×4 et employé par un grand groupe prospère aura tiré le plus mauvais numéro... Il lui restera pour ne pas perdre espoir la promesse de baisse des prélèvements réitérée hier par le Premier ministre et à laquelle il est toujours permis de croire.