Comment faire baisser le cours des produits agricoles ?
Article de M. Edward Hadas lu le 29 février 2008 sur le site du Monde
La nourriture est un besoin humain universel. Mais quand les prix des produits alimentaires s'envolent - comme ils l'ont fait récemment -, l'ajustement est bien plus difficile pour les pays pauvres que pour les riches. Les dirigeants politiques voudraient des marchés plus calmes. Parmi d'autres choses, ils devraient dire au revoir et pour toujours à l'argent facile.
Dans les pays riches, les consommateurs pourraient avoir à se serrer la ceinture, mais seulement de façon imagée. La faim n'est pas un grand risque. Le principal danger résultant d'une hausse de 70 % du blé et du soja au cours des six derniers mois est le taux d'inflation. Même ce risque est limité, car les dépenses alimentaires représentent moins de 10 % des budgets des ménages et les matières premières une petite proportion de cela.
AUGMENTER LA PRODUCTION
Dans les pays pauvres, des troubles politiques liés à la famine sont une possibilité bien réelle. Plus de la moitié de la population vit dans les villes et la nourriture, très largement non industrielle, compte pour plus d'un quart des dépenses des ménages. Les gouvernements ont déjà introduit des restrictions aux exportations de nourriture et ont augmenté les aides pour les produits de première nécessité. Mais de telles politiques d'urgence sont loin d'être idéales.
Il serait bien mieux d'empêcher les prix de flamber. Comment faire ?
La première étape consiste à augmenter la production. Cela est déjà en train de se faire, car les prix élevés encouragent les agriculteurs et les gouvernements à développer les cultures plutôt qu'à les restreindre.
L'étape suivante consiste à mettre fin aux subventions absurdes pour les biocarburants à base de maïs, qui réduisent à peine les émissions de dioxyde de carbone et retirent une part significative de nourriture du marché. Il n'y a aucune raison de s'en prendre à la demande.
Mais une meilleure politique financière peut au final réduire la souffrance des pauvres quand la nourriture manque. Plus le consommateur dispose d'argent ou de facilité pour emprunter, plus les prix doivent monter avant que les acheteurs potentiels décident qu'ils ne peuvent plus se permettre d'acheter un produit. Ce qui permet alors enfin aux prix de baisser.
Le plus grand nombre paye un prix élevé pour cette politique d'argent facile.