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agrocarburants : perspectives (27 04 2008)

Les agrocarburants de deuxième génération ne seront pas prêts avant une décennie

 

Article de Mme Laurence Caramel lu le 22 avril 2008 sur le site du Monde

 

http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/04/22/les-agrocarburants-de-deuxieme-generation-ne-seront-pas-prets-avant-une-decennie_1036911_3244.html#ens_id=628865

 

Les agrocarburants n'ont plus la cote. Lundi 21 avril, le président péruvien, Alan Garcia, les a accusés d'être à l'origine de la crise alimentaire actuelle. La ministre allemande de la coopération et du développement a appelé à suspendre la production de carburants à base de céréales jusqu'à la fin de cette crise. Et ils ont essuyé un feu nourri de critiques lors d'une réunion du Forum international de l'énergie, à Rome.

 

Les industriels du secteur se sont d'ores et déjà attelés à mettre au point la seconde génération d'agrocarburants, fondée sur la biomasse (l'ensemble des matières organiques) et, promettent-ils, beaucoup plus vertueuse que la première. Le propos relève pour l'instant du pari. Si, partout dans le monde, des chercheurs planchent pour trouver la ressource et la technologie idéales, il faudra attendre une dizaine d'années avant de passer à la production en quantité industrielle de ce carburant du futur.

 

 

 

 

"Il reste encore beaucoup de questions à résoudre", insiste Dominique Dron, responsable de la nouvelle chaire de l'Ecole des mines consacrée aux nouvelles stratégies énergétiques. L'avenir des agrocarburants de deuxième génération dépend des réponses apportées à plusieurs de ces questions.

 

Le recours à la biomasse évite-t-il la concurrence avec les cultures à vocation alimentaire ? C'est un des principaux arguments pour développer la seconde génération : utiliser la totalité de la plante - et non plus seulement la graine ou le tubercule - permet de valoriser la partie non comestible des cultures. L'absence de concurrence est encore plus évidente lorsque la biomasse provient du bois ou de ses résidus.

 

Plusieurs bémols doivent cependant être apportés. Le premier concerne la nécessaire préservation des sols. "Les stocks d'humus, qui jouent un grand rôle dans la fertilité des sols, dépendent des apports de résidus de cultures", explique Cathy Neill, de l'Ecole normale supérieure. Agir sur la quantité d'humus n'est donc pas sans conséquences. D'autant, ajoute la chercheuse, qu'"on estime que l'humus a une capacité de stockage du carbone trois fois supérieure à celle des plantes terrestres". Deuxième limite : l'utilisation du bois ne doit pas conduire à la déforestation... sous peine d'accentuer le changement climatique.

 

Le rendement énergétique des agrocarburants de deuxième génération sera-t-il satisfaisant ? "Pour l'instant, les rendements restent très bas", constate Claude Roy, coordinateur interministériel pour la valorisation de la biomasse. Le processus de conversion des molécules cellulosiques qui composent la biomasse requiert des technologies complexes, qui devront encore beaucoup progresser pour offrir un vrai gain énergétique. La sophistication et le coût de ces technologies préoccupent la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), qui craint que les pays du Sud ne puissent se les approprier.

 

L'impact sur l'environnement sera-t-il moindre, comparé à la première génération ? La réponse à cette question dépend beaucoup de l'équation technologique précédente. Même si les promoteurs des agrocarburants de seconde génération soulignent, par exemple, qu'on n'utilise ni engrais ni pesticides pour faire pousser des arbres.

 

Il ne faut pas attendre du saut dans la seconde génération qu'il bouleverse la place des agrocarburants dans le classement des solutions alternatives aux énergies fossiles. Thomas Guillé, chercheur au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), a calculé que sur les 4 milliards de tonnes de résidus agricoles produits annuellement dans le monde, et compte tenu des différents usages, 300 millions de tonnes seulement pourraient être converties en énergie.

 

Un chiffre à comparer, même s'il ne tient pas compte de la filière bois, à la production mondiale d'énergie primaire actuelle, qui atteint 11 milliards de tonnes équivalent pétrole.

 

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