Article signé CF paru le 13 mars 2009 sur le site des Echos (cliquer ici pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/info/energie/4841981-les-ventes-de-carburant-s-effondrent-malgre-la-chute-des-prix.htm?xtor=EPR-1001
La consommation de carburant affiche une baisse de 7,6 % sur un an à fin février. La diminution des prix à la pompe n'incite pas les automobilistes à utiliser plus leur voiture. Le trafic des camions recule.
La baisse devient spectaculaire. Selon les chiffres publiés hier par l'Ufip (Union française des industries pétrolières), la consommation de carburants a chuté de 7,6 % en février par rapport au même mois de l'an dernier. Pour le gazole, carburant le plus consommé dans l'Hexagone, le recul atteint 6,2 %, mais c'est le « super sans plomb 95 » qui est le plus pénalisé, avec une chute de 12,4 % ! « La tendance à la baisse de la demande a l'air de s'accentuer », souligne le président de l'Ufip, Jean-Louis Schilansky.
Le recul avait été de 2,8 % l'an dernier et de 4,6 % sur les sept derniers mois. L'accélération est d'autant plus notable que les prix des carburants sont, eux, revenus à des niveaux très bas - à 94 centimes d'euros en moyenne la semaine dernière le litre de gazole, contre 1,45 euro le 30 mai 2008. L'Ufip voit dans ces chiffres l'impact de la récession économique et « des changements d'habitudes des consommateurs ».
De fait, la faiblesse actuelle de l'activité pénalise le transport routier, et donc sa consommation de carburant, malgré un prix plus attractif. Selon une enquête récente de la Fédération nationale du transport routier (FNTR), en fin d'année dernière, une entreprise du secteur sur cinq envisageait de moins aller à la pompe pour faire face à la morosité de ses carnets de commandes.
L'Association française des sociétés d'autoroutes constate également que les camions se font de plus en plus rares (« Les Echos » du 29 janvier) : à réseau stable, le trafic autoroutier des poids lourds a reculé de manière inédite de 2,4 % en 2008 (1,2 % pour les voitures), et l'association anticipe une aggravation en 2009.
Fiscalité pétrolière en berne
Mais, pour l'Ufip, le changement de comportement des particuliers serait le facteur le plus déterminant. Une enquête réalisée par l'Ifop pour le compte de l'Union au cours des deux premières semaines de janvier étaye cette analyse. Effectuée auprès de 726 utilisateurs d'un véhicule privé, elle montre qu'en cas de baisse du prix des carburants, « seuls 18 % des possesseurs de voiture auraient l'intention d'utiliser davantage leur véhicule ». De même, la moitié des possesseurs de véhicules prévoit « d'être encore plus attentifs qu'en 2008 à leur budget carburant ». Et si 40 % envisagent de changer le lieu d'achat de leur carburant pour payer moins cher, à peine 24 % pensent à la possibilité d'acheter un véhicule plus économe.
Si elle se poursuit, la baisse des prix des carburants couplée à la chute des volumes vendus devrait faire plonger les recettes de la fiscalité pétrolière, puisque la TVA (effet prix) reculerait en même temps que la TIPP (effet volume). Cet effet ciseau a d'ailleurs commencé à être observé au quatrième trimestre 2008. Une mauvaise nouvelle de plus pour Bercy.