La France dans 15 ans : Perspectives économiques (1er volet)
http://www.cae.gouv.fr/spip.php?breve1
http://www.cae.gouv.fr/IMG/pdf/CAE_France_15ans_RESUME.pdf
RESUME
1er volet :
Quels sont les défis et les opportunités pour l’économie française à long terme ?
Les difficultés de la prospective :
Spécificités françaises et scénarios prospectifs
2e volet :
Les principales conclusions
Quels sont les défis et les opportunités pour l’économie française à long terme ?
Les économistes du Conseil d’analyse économique en débattent depuis une dizaine d’années dans plus de 80 rapports. Le Premier ministre et le secrétaire d’Etat chargé de la Prospective, de l’Evaluation des politiques publiques et du Développement de l’économie numérique ont engagé un exercice de prospective sous le nom de « France 2025 ». Dans ce cadre, ils ont demandé au Conseil d’analyse économique de réfléchir en amont sur les risques et tendances pour l’économie française à quinze ans.
Cet ouvrage synthétise les échanges entre les économistes du CAE, discute d’hypothèses plausibles et cherche à dresser quelques scénarios sur les évolutions possibles du monde, de l’Europe et de la France. Les discussions ont abordé cinq thématiques: la mondialisation, l'Europe, les nouveaux gisements de croissance, la place des institutions et la modernisation du contrat social. Trois scénarios ont alors été imaginés: le fil de l'eau, le repli sur soi et l’acceptation du changement.
Cette publication a été rédigée par la cellule permanente du Conseil d’analyse économique à partir de contributions venant des membres du CAE qui ont répondu à un questionnaire. Elle est aussi basée sur les échanges ayant eu lieu lors d’une réunion plénière du CAE. Enfin, une trentaine de rapports du CAE (consultables sur : www.cae.gouv.fr) ont aussi été mobilisés. L’ensemble ne prétend toutefois pas à l’exhaustivité.
Ce travail a été présenté à Monsieur Eric Besson, secrétaire d’Etat chargé de la Prospective, de l’Evaluation des politiques publiques et du Développement de l’économie numérique le 30 juillet 2008.
Les difficultés de la prospective :L’art de la prospective est particulièrement difficile. La capacité à se projeter à quinze ans est évidemment très différente selon les variables considérées. De ce point de vue, tous les économistes sont forcément marqués par les chiffres les plus récents, ayant beaucoup de mal, pour un certain nombre de variables, à séparer la tendance et les mouvements cycliques. Même pour la démographie, il est difficile de le faire sans être trop impressionné par l’actualité récente.
Tout au long de l’exercice de réflexion qui nourrit cet ouvrage, la crise financière s’est durcie. Bien que présente dans ce document, la place qu’elle occupe peut paraître modeste pour un lecteur de 2009. En effet, la crise actuelle ne doit pas s’imposer à notre vision de l’économie dans quinze ans. Son impact sera certainement ample dès 2008 et les quelques années suivantes, mais bien d’autres évènements viendront ensuite l’éclipser. C’est pourquoi, ce travail cherche plutôt à évaluer des risques qui peuvent affaiblir nos économies à moyen-long terme et discuter les réponses structurelles qui en revanche, peuvent les renforcer.
La prospective mêle des aspects de prévision, des recommandations concrètes et des affirmations de principe. Elle est donc inévitablement équivoque. Cet exercice implique de mêler à la fois la prospective et un point de vue normatif. À quinze ans, les politiques publiques n’étant pas stables, il est inévitable et souhaitable d’introduire une part de volontarisme.
Il est probable que la France aura à affronter une multiplication de risques majeurs. Autrefois, dans les exercices traditionnels du Plan, il était possible de partir de risques et d’opportunités dans une gamme bien délimitée. À l’horizon de quinze ans, on pourrait très bien assister à des phénomènes totalement inattendus et jamais observés jusqu’à présent. Qu’il s’agisse du pétrole, des approvisionnements physiques, de la crise financière, de la grippe aviaire, du terrorisme ou du fonctionnement des réseaux d’information, il paraît important de comprendre que le pays pourrait se trouver confronté à des situations critiques, que l’on peut difficilement anticiper.
Un retour en arrière sur une prévision effectuée en 1990 peut se révéler fort intéressant. À cette époque, s’agissant des technologies, on ne prévoyait certainement pas la bulle Internet, ni sa montée ni sa descente. Sur le plan géostratégique, on ne devait sans doute pas s’attendre non plus à une arrivée aussi forte de la Chine sur le marché mondial. Personne n’aurait pu penser qu’elle afficherait près de 12 % de croissance annuelle pendant quinze ans de suite ! Enfin, en matière de risques géopolitiques, il était difficile d’anticiper la montée de l’islamisme radical et le terrorisme.
Spécificités françaises et scénarios prospectifs
La France dispose d’un modèle de croissance qui lui est propre. Toutefois, elle est plus que par le passé une nation en forte connexion avec le monde : plus d’un tiers de sa création de richesse est destiné à l’exportation ! Elle participe à la construction d’un ensemble européen et doit à ce titre définir et négocier avec ses voisins de plus en plus de règles communes. Ces éléments peuvent être considérés comme des contraintes excessives ou comme des opportunités pour l’avenir. N’ayant pas nécessairement pris conscience des implications de cette interdépendance avec ce monde en constante évolution et de la place forte mais toujours à consolider qu’elle y occupe, les Français ne savent plus s’il vaut mieux résister en espérant convaincre les autres d’adopter leur modèle ou accepter de le réformer pour éviter d’être marginalisés. Le modèle français date de la fin de la dernière guerre mondiale. Son originalité a permis d’assurer une excellente croissance durant les Trente Glorieuses et jusqu’au début des années soixante-dix, mais depuis, il peine à évoluer pour s’ajuster aux modifications de l’environnement de la France. En particulier, la taille de l’État et le poids du secteur public qui l’illustre ne constituent plus aujourd’hui des atouts, notamment s’ils détournent des ressources de l’investissement productif ou s’ils alourdissent la vie économique et la production de richesses (procédures, réglementation excessive…).
Construire des scénarios obéit souvent à des règles simples consistant à partir d’un scénario central reconduisant les tendances historiques et à proposer deux scénarios alternatifs explorant des hypothèses nettement contrastées.
Lors de discussions entre membres du CAE, trois scénarios ont été suggérés :
• le fil de l'eau : scénario tendanciel avec ses risques de marginalisation, d’appauvrissement, de tensions sociales ;
• le repli sur soi : une réaction anti-globalisation, anti-inégalités, anti-réformes : identité nationale réaffirmée ;
• l’acceptation du changement : un changement générationnel, un désir profond de faire jouer les lignes, un nouvel esprit plus entrepreneurial.
Le vieillissement de la population constitue un paramètre incontournable de l’évolution des quinze, voire des trente ans à venir. Cette tendance influe sur la plupart des autres évolutions de l’économie. C’est pourquoi, il est abordé de façon transversale lorsqu’on s’intéresse à l’économie productive, aux finances publiques, aux comportements économiques spécifiques, aux résistances au changement…