Quand l’économie de l’énergie sous-tend les propositions pour Copenhague : l’Inde, la Russie, l’OPEP, le Canada et le Brésil (sommet de Copenhague en décembre 2009)
http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/BubarapportTirole.pdf
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http://www.strategie.gouv.fr/article.php3?id_article=1048
Introduction
À six mois de la Conférence de Copenhague, les positions de certains pays sur la définition d’un nouvel accord pour le post-2012 ne sont pas totalement clarifiées. Si les propositions chinoise, américaine ou encore européenne sont largement relayées et analysées, en raison de la responsabilité passée mais surtout future de ces pays à l’égard du changement climatique, d’autres acteurs méritent d’être mentionnés, comme intervenants majeurs dans la négociation et reflets de problématiques communes : l’Inde, les pays de l’OPEP, la Russie, le Canada et le Brésil.
Le succès des négociations à venir repose en partie sur la bonne compréhension des positions de chacun, préalable à la définition de politiques communes et volontaristes pour lutter contre le changement climatique. L’analyse des positions de ces quelques pays, pour la plupart membres du G20, permet de mettre en exergue trois problématiques majeures. Les économies émergentes cherchent à préserver leur sécurité énergétique tout en maintenant leur trajectoire de développement. Les pays exportateurs d’hydrocarbures sont partagés entre la crainte de voir leur économie affaiblie par une volatilité accrue des cours du pétrole, voire par une baisse de la demande, induite par les futurs accords et la nécessité de lutter contre le changement climatique.
Le Canada et la Russie, tous deux membres de l’Annexe I et du G8, font face aux pressions des pays industrialisés pour endosser des objectifs de réduction ambitieux dans un accord contraignant. Le Canada est d’autant plus incité à rentrer dans un futur accord qu’il est loin de respecter ses objectifs inscrits dans le Protocole de Kyoto et qu’il exploite de plus en plus ses sables bitumineux. Si la forêt a joué un rôle incitatif dans les négociations climatiques au début des années 2000, elle pourrait être davantage intégrée, comme le demande le Brésil, dans l’accord post-2012.
Conclusion
La nécessité de mettre en oeuvre des actions fortes pour lutter contre le changement climatique semble avoir été assimilée par tous, mais chacun tente de concilier son économie et sa sécurité énergétique avec les impératifs climatiques, en mettant sur la table des propositions souvent contradictoires.
Comment répondre aux besoins croissants de sa population, tout en évitant d’utiliser en grande quantité le charbon, source d’énergie bien trop polluante pour répondre aux normes environnementales futures ? Comment conserver ses rentes liées à l’exportation de ses ressources d’hydrocarbures, aujourd’hui valorisées mais peut-être condamnées à l’avenir ? Ou encore comment réduire le phénomène de déforestation, étroitement lié avec un développement social et économique ? Ces problématiques multiples augurent d’âpres discussions lors des futures négociations pour le post-2012. Un engagement de l’ensemble des pays est un pari gagnant pour la planète, mais ne se réalisera que dans la mesure où la communauté internationale fera montre d’une réelle volonté de comprendre les enjeux de chacun.
Le succès des négociations de fin d’année à Copenhague sera grandement déterminé par la capacité de forums économiques tels le G8, mais davantage encore le G20 ou le MEF (Forum des économies majeures sur l’énergie et le climat) à formuler des positions communes et volontaristes afin de lutter ensemble contre le changement climatique.