Nous publions sur 4 jours une note de MM Cédric Audenis, Jean-François Ouvrard, Jean-François Eudeline et Adrien Zakhartchouk publiée le 20 décembre 2012 sur le site de l’INSEE (cliquer ci-dessous pour accéder au site de l’INSEE)
http://www.insee.fr/fr/themes/theme.asp?theme=17&sous_theme=3&page=vueensemble.htm
Résumé
Toujours pas d’élan
· Au troisième trimestre 2012, l’activité a faiblement progressé dans les économies avancées
· Atonie des économies avancées au quatrième trimestre 2012
· Début 2013, les États-Unis éviteraient le pire et l’activité mondiale gagnerait en dynamisme
· La zone euro : vers des jours meilleurs
· Contrecoup en France au quatrième trimestre 2012
· Poursuite de la dégradation du marché du travail
· Le pouvoir d’achat se replierait en 2012
· Atonie de la consommation des ménages
· Le commerce extérieur résiste
· Aléas : investissement des entreprises, finances publiques américaines, rebond du commerce mondial
…/…Atonie des économies avancées au quatrième trimestre 2012
Le climat des affaires est dégradé en Europe et au Japon
En novembre 2012, le climat des affaires se situe toujours nettement en dessous du seuil d’expansion au Japon et dans la zone euro. Dans ces deux économies, l’activité continuerait donc de se replier au quatrième trimestre : -0,2 % au Japon et -0,3 % dans la zone euro.
L’économie américaine freine fin 2012
Aux États-Unis, le climat des affaires s’est replié en novembre, mais il demeure au niveau du seuil d’expansion. L’économie américaine ne resterait donc pas sur le rythme soutenu du 3e trimestre (+0,3 % au 4e trimestre 2012 après +0,7 %) mais elle continuerait d’être soutenue par ses moteurs internes, notamment la consommation privée et l’investissement dans la construction. L’ouragan Sandy qui a frappé la côte Est du pays fin octobre amputerait légèrement l’activité aux États-Unis.
Stagnation du commerce mondial
L’activité des économies avancées calerait au quatrième trimestre 2012 (0,0 %) et le commerce mondial ne croîtrait pas (0,0 %). Les commandes à l’exportation retracées par les enquêtes auprès des directeurs d’achat (PMI) restent en effet dégradées, même si les économies émergentes donnent des signes d’accélération. En Chine, notamment, le rythme de progression de la production industrielle se redresse depuis quelques mois.
Début 2013, les États-Unis éviteraient le pire et l’activité mondiale gagnerait en dynamisme
La reprise se confirmerait début 2013 dans les économies émergentes
L’activité dans les économies émergentes s’affermirait début 2013. En Chine, l’assouplissement monétaire mis en œuvre depuis plusieurs mois et les programmes de financement d’infrastructures publiques favoriseraient un regain de dynamisme. Dans le sillage de la Chine, les autres économies asiatiques accéléreraient à leur tour. Les importations des économies émergentes gagneraient ainsi en vigueur et progresseraient de 1,2 % par trimestre au premier semestre 2013.
Un accord budgétaire aux États-Unis ?
En l’état actuel de la législation américaine, des hausses d’impôts et des baisses de dépenses doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2013, pour un montant d’environ 4,7 points de PIB. Pour les ménages, le choc serait de l’ordre de 4,6 points de leur revenu disponible. Toutefois, notre scénario s’appuie sur l’hypothèse que les autorités américaines parviendraient à un compromis qui permettrait de limiter les hausses d’impôts à environ 1 point du revenu des ménages. Elles décideraient également de ne pas mettre en application intégralement les coupes budgétaires automatiques dans les dépenses.
L’activité américaine résisterait
En outre, les ménages et les entreprises américains montreraient une forte capacité de résistance à ce choc fiscal. Les hausses d’impôts concerneraient avant tout les ménages les plus aisés, qui en amortiraient les conséquences en réduisant leur taux d’épargne. Les entreprises, dont les marges sont très élevées, compenseraient en partie les hausses de cotisations salariales. Elles profiteraient également de conditions de crédit toujours favorables pour augmenter leurs dépenses d’investissement. Enfin, le ralentissement de l’inflation soutiendrait le pouvoir d’achat des ménages et la production rebondirait nettement dans les régions touchées au trimestre précédent par l’ouragan Sandy. L’activité aux États-Unis croîtrait donc au premier trimestre 2013 à un rythme modéré (+0,4 %) puis elle retrouverait un rythme de croissance un peu supérieur au deuxième trimestre 2013 (+0,5 %).
Rebond du Japon
Au Japon, le repli de l’activité ne se prolongerait pas début 2013 et l’économie nippone progresserait à nouveau (+0,3 % par trimestre). Les exportations profiteraient de l’accélération du commerce mondial et la demande privée retrouverait un peu de dynamisme, notamment l’investissement. Le Royaume-Uni, passés les à-coups du second semestre 2012, s’installerait dans un rythme de croissance faible. La demande intérieure britannique resterait freinée par la poursuite de l’effort de consolidation budgétaire et les exportations pâtiraient de la faiblesse de l’activité dans le reste de l’Europe.
La zone euro : vers des jours meilleurs
Les tensions financières ont reculé
Avec l’annonce par la Banque Centrale Européenne (BCE) du lancement de son programme de rachats d’obligations souveraines, les tensions sur les dettes souveraines européennes se sont nettement apaisées depuis l’été 2012. Le financement des agents privés reste néanmoins difficile : la baisse de l’incertitude sur le marché des dettes souveraines européennes ne s’est pas transmise au marché du crédit bancaire et les conditions d’octroi de crédit se sont globalement resserrées au troisième trimestre dans la zone euro. Les taux accordés aux entreprises non financières en Espagne et en Italie ont, en revanche, amorcé une baisse depuis l’été. À l’horizon de la prévision, l’apaisement durable des tensions sur les dettes souveraines, que l’accord intergouvernemental du 4 décembre 2012 sur la dette de la Grèce devrait conforter, se traduirait par une amélioration des conditions de financement dans la zone euro.
La consolidation budgétaire dans la zone euro s’atténue légèrement en 2013
En réponse aux tensions sur les marchés des dettes souveraines, et conformément à leurs engagements, la plupart des États européens mettent en œuvre des mesures importantes de réduction des déficits publics. La consolidation budgétaire se poursuivrait en 2013 mais elle aurait une intensité globalement moindre que l’année précédente pour l’ensemble de la zone euro. En Italie, les hausses globales d’impôts, y compris les taxes indirectes (TVA), se modéreraient nettement en 2013. En revanche, en Espagne, l’effort de consolidation se poursuivrait au même rythme qu’en 2012 et il s’accentuerait en France.
L’activité reculerait fin 2012...
L’activité se replierait de nouveau dans la zone euro au quatrième trimestre (-0,3 %). Selon les données d’activité disponibles jusqu’en octobre, la production manufacturière s’affaisserait : le PIB se contracterait ainsi dans les quatre plus grandes économies de la zone euro.
... puis se stabiliserait début 2013
L’activité se stabiliserait début 2013 (0,0 % au premier trimestre 2013 puis +0,1 % au deuxième trimestre 2013). D’une part, l’économie européenne profiterait de l’accélération de la demande qui lui est adressée par ses partenaires et la contribution comptable du commerce extérieur à la croissance resterait positive à l’horizon de la prévision. D’autre part, des mécanismes internes favoriseraient également la stabilisation de l’activité. Le repli du pouvoir d’achat des ménages s’atténuerait début 2013 grâce à la modération de l’inflation et de l’effort de consolidation budgétaire et la consommation des ménages se stabiliserait début 2013. En outre, après s’être très fortement ajusté depuis 2011, l’investissement des entreprises se stabiliserait. Cette stabilisation serait favorisée par l’amélioration progressive des conditions d’accès au crédit et par le redressement des perspectives d’activité.
Des trajectoires toujours divergentes
Les trajectoires des différents pays de la zone euro resteraient néanmoins divergentes. En Allemagne, les moteurs internes seraient plus puissants que dans les autres pays, notamment la consommation des ménages et l’investissement dans la construction. Après avoir reculé au quatrième trimestre 2012, l’activité allemande rebondirait ainsi début 2013. En Italie, l’activité se replierait encore fin 2012 et début 2013, mais elle se stabiliserait au deuxième trimestre 2013. En Espagne, en revanche, le rythme de contraction de l’activité ne baisserait pas. …/…